Chapitre 21 Yanis

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Philadelphie.

Ma sœur est enfermée une nouvelle fois dans sa chambre, je n'arrive à rien avec elle. Elle ne vient même plus m'aider au bureau, je suis débordé de paperasses. Je la retrouve parfois au bord du lac, assise sur un banc, jouant de la guitare, fredonnant des paroles, car oui, j'ai fini par lui donner la guitare. Je pense que c'est ce qu'aurait voulu Cyndi. Je suis sûr qu'elle l'a laissé pour Cloé.

Cela fait un mois maintenant qu'elle est partie, ma sœur a essayé plusieurs fois de joindre ses parents pour avoir des nouvelles mais ces derniers n'ont jamais voulu lui en donner. Je ne suis pas surpris, j'ai vu l'ascendant qu'ils avaient sur elle. A vouloir lui dicter ce qu'elle devait faire, ce qu'il était bon ou pas pour elle. Si j'avais été son petit ami à l'époque, je les aurais raccompagnés au portail par la peau du cul. Mais à ce moment-là, nous ne nous parlions pas. Elle m'évitait comme la peste, jusqu'à ce jour, où j'ai enfin pu la goûter, l'apprécier, l'admirer. Elle est belle, son âme est belle, comment ne pas s'agenouiller devant un ange comme elle. Il fallait que je la laisse partir, au grand dam de ma sœur, elle avait assez souffert entre nos murs, elle va pouvoir refaire sa vie loin de nous, se reconstruire.

Le dernier appel que ma sœur a passé fut pour elle, le plus douloureux. Cyndi ne voulait plus entendre parler d'elle aux dires de ses parents. Tu parles, je ne l'imagine pas un instant prononcer ces mots, pas elle, pas cette fille aux cheveux blonds, aux yeux d'océan, au sourire de lumière. Non, jamais elle n'aurait fait cela à ma sœur, je les ai vus toutes les deux, on aurait dit deux jumelles. Elles étaient comme les oiseaux que l'on appelle les inséparables, c'est pourquoi, je comprends que ma sœur se meure sans elle mais que puis-je faire ? Elle ne peut pas être égoïste et l'obliger à revenir, si elle n'en a pas envie.

J'en suis là dans mes réflexions, assis en face de ma cheminée, à regarder les flammes lécher le bois, lorsque Cloé débarque comme une folle dans le salon, ouvrant les portes vitrées tellement vite, qu'elles viennent cogner contre le mur, les vitres vibrent mais ne se brisent pas, à mon grand soulagement.

— Cloé ! fais gaffe, tu ...

— ... elle est à l'hôpital ! crie t'elle, les yeux brouillés par les larmes.

— Quoi ? Qui est à l'hôpital ?

— Cyndi ! Elle est à l'hôpital, elle a voulu se suicider !

Je me lève d'un bond.

— Comment ça ? Explique toi, je ne comprends rien, comment sais-tu cela ?

— Ses parents... ce sont ses parents qui... qui m'ont appelé... ils m'ont dit que Cyndi s'était ouvert les veines... qu'ils avaient failli la perdre !

— Mais bon sang pourquoi ?

— Je ne sais pas ! Ils m'ont simplement dit qu'ils m'avaient menti, que Cyndi était partie alors qu'elle souffrait depuis de ne plus être là, parmi nous ! Ils m'ont dit qu'ils s'étaient disputés plusieurs fois, dont une lorsqu'ils m'ont annoncé qu'elle ne voulait plus me parler, ils... ils ont dit... qu'ils m'avaient menti... que Cyndi n'avait jamais rien dit... ni rien demandé...ils m'ont...

— Cloé, calme toi s'il te plait, tu m'embrouilles.

— Il faut qu'on aille la voir !

— On ne peut pas faire ça, elle a sa vie maintenant.

— Mais tu n'as rien écouté ou quoi ! Elle se meurt de nous avoir loin d'elle. Ils ont voulu rappeler son ex, pensant les remettre ensemble mais la dispute a dégénéré, son père l'a giflé alors elle s'est enfermée dans sa chambre pour se tailler les veines. Ils ont fini par appeler un serrurier lorsqu'ils ont entendu la lampe de chevet se briser sur le carrelage. Elle est tombée du lit, l'entrainant avec elle, sinon ils l'auraient découverte trop tard ! Son cœur s'était arrêté, tu m'entends ! Elle a failli mourir !

— Qui te dit qu'elle parlait de nous ?

— Parce que sa mère m'a répété mot à mot ce que Cyndi lui avait dit, sans voulant d'être la cause de sa tentative de suicide, ses mots disaient cela « ma vie était auprès de ceux que j'ai quitté, ceux que j'aime et que j'aimerais jusqu'à la fin de ma vie. je préfère m'envoyer en l'air avec un motard plutôt qu'un tocard qui saute sur tout ce qui bouge ».

— Ça je dois dire que ce sont ses paroles.

— Parce que tu t'es vraiment envoyé en l'air avec elle !

— Est-ce vraiment le sujet ? Je croyais que tu voulais qu'on aille la récupérer ?

— La récupérer ? Tu es d'accord pour aller la chercher et pour la ramener ici ?

— Si c'est ce qu'elle souhaite alors oui, j'aimerai la ramener ici.

— T'es amoureux, c'est ça ?

— Non ! Qu'est ce qui te fait dire des âneries pareilles !

— Peut être le fait que les brebis se plaignent auprès des mecs, de ne plus pouvoir avoir tes faveurs ?

— Tu parles ! C'est eux qui ont du mal à accepter qu'elle ne soit plus là ! Ils bavaient tous comme des porcs derrière les arbres en l'écoutant chanter !

— Tu changes de sujet, tu réponds complètement à côté de la plaque.

— Quoi ? Non !

— Tu n'as pas trempé ton biscuit dans une tasse depuis combien de temps ?

— C'est quoi ce langage, si les parents ...

— ... bla... bla... bla ... bla... combien de temps le frangin ?

— Tu me saoules !

— Combien ? insiste t'elle.

— Un mois ! ça te va ? ça fait un mois que je ne bande plus, tu veux d'autres précisions peut-être ?

Elle explose de rire et moi, j'explose aussi. Elle rit en pleurant en même temps, se jetant dans mes bras.

— On va la chercher hein ? On va la ramener avec nous, n'est-ce pas ?

— C'est clair ! Je ne vais pas laisser un ange dans les bras d'un tocard !

— Je t'aime mon frère.

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