★P r o l o g u e ★

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Un temps morose s'annonce. De là ou je me trouve, j'arrive à distinguer les nombreux nuages dans le ciel qui semblent me faire comprendre que l'été touche à sa fin.

Accoudée sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, accompagnée de mes vieux écouteurs filaires qui traînaient dans ma valise à peine défaite, ainsi qu'un jogging assez confortable, j'observe ce temps, nostalgique.

Cet été a sûrement été le plus beau de tous.

Avec Hailey et ses parents nous sommes partis en road trip dans tout le pays.

Ce qui est sur, c'est que c'était intense, et marquant. Pendant plus d'un mois nous ne nous arrêtions pas. Nous avons commencer par la Virginie, continuer au Kentucky, puis au Tennessee en passant aussi en Alabama, et, achever le voyage avec la Floride.


Les paysages étaient tout aussi sublimes les uns que les autres, j'ai vraiment été impressionnée.
D'ailleurs, j'en ai profité pour me découvrir une passion pour la photographie. En effet, lorsque nous étions dans une petite ville au Kentucky j'ai eu l'idée de m'acheter un appareil photo pas très cher, juste histoire de pouvoir capturer quelques photos souvenirs, sur lesquelles je rêvasserai à notre retour.

Honnêtement, je suis satisfaite de la majorité des photos des paysages magnifiques.

De toute façon, je n'ai pas forcément eu la chance de connaître le goût du voyage avant celui-ci, c'est vrai, avec ma mère c'est compliqué.

Enfin, quand elle était encore là.

Quand j'y pense, il y a encore deux ans, j'étais avec elle dans ce petit appartement de fortune au rez-de-chaussée d'un immeuble à l'entrée de la ville. Je me rappelle encore à quel point nous le haïssions, surtout en hiver quand nous étions obligés de dormir collés afin de ne pas mourir de froid.

Régulièrement, je lui tournais le dos, à cause de son odeur d'alcool qui me piquait le nez.

Aussi, bien évidemment, le chauffage n'était pas en option. Nous n'y avons jamais eu le droit si mes souvenirs sont bons. Ce n'est que depuis que je vis ici, que je découvre ce bonheur de pouvoir se réchauffer.

Le propriétaire qui nous logeait était un des pires salauds que je connaisse, il nous faisait payer une blinde pour une médiocrité. Ma mère et moi vivions dans un studio.

Dans la première se trouvait un lit double, sur lequel je dormais avec elle, ainsi qu'une petite commode. Juste à côté de la porte d'entrée, plus précisément sur la droite, tenait une petite cuisine ainsi qu'une table ronde au centre.

Dans la deuxième pièce, sur la gauche de la porte d'entrée, nous avions une petite douche, un lavabo et des toilettes, le tout bien serré. Pour tout dire, une seule personne pouvait tenir à l'intérieur de cette petite salle d'eau.

Durant mes 16 premières années, j'ai vécu ainsi, avec ma mère qui rentrait tard le soir complètement détruite par l'alcool. Quand la chance était avec moi je m'étais déjà endormie lorsqu'elle s'allongeait. Je n'avais pas à écouter ses pleurs et sa culpabilité à mon égard qui pouvait durer la moitié d'une nuit, jusqu'à ce qu'elle s'endorme, les yeux encore humides de sa peine.

Mes rapports avec elle était très difficile, on ne se parlait pas souvent, disons même qu'on s'esquiver le plus possible, histoire de ne pas la faire pleurer, ou provoquer quelconque gestes violent de sa part.

Ma mère était une femme tout à fait charmante avant que je naisse, d'après les anciens journaux, et elle.

Elle était une chanteuse absolument fantastique et très demandée lors de réceptions importantes, de soirées privées où se présentaient généralement des personnes importantes. C'était une chanteuse assez connue dans notre état à l'époque.

Hunt The TroubleWhere stories live. Discover now