Chapitre 19 - Des nouvelles des démons

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Dans son espace personnel dans la dimension démoniaque, Olaphas devait bien avouer qu'il s'ennuyait, comme toujours alors, qu'avec les pouvoirs qu'il possédait, il aurait pu invoquer nombre de choses.
Cela faisait partie des avantages à obtenir le corps d'une humaine, en plus de l'immortalité.
Cette longévité éternelle était une finalité pour tout démon, cette espèce qui se flétrissait très vite, victime de dégénérescences qui s'accumulaient jusqu'à causer la mort après seulement quelques années d'existence, chose que tous les représentants de cette race condamnée par tous souhaitaient éviter, mais Olaphas, lui, s'ennuyait.
Il avait obtenu son immortalité il y avait trois années terrestres avec sa sorcière au terme d'un contrat et depuis, il s'ennuyait terriblement.
Lorsque, enfant, cette fille avait appelé une des forces cachées dans l'obscurité pour gagner les pouvoirs donnés par la sorcellerie, il avait bondit sur cette occasion offerte avant qu'un autre ne le prenne de vitesse, ne comptant et ne songeant qu'à une unique chose : servir cette humaine jusqu'à ce que les rôles soient inversés et que ce soit à elle de le servir, lui conférant l'immortalité et de plus grands pouvoirs encore, mais quelque chose qu'il n'avait jamais imaginé ni prévu s'était produit.
Il s'était attaché à cette sorcière qui lui demandait des services, qu'il avait d'ailleurs toujours remplis avec un zèle qui n'avait jamais été nécessaire, et puis elle avait choisi de tout cesser, de seulement redevenir une citoyenne ordinaire des Caëlinnes. Elle lui avait tout de même accordé cette longévité tant recherchée par les démons avant de tout arrêter, souvenir si cher à Olaphas et qu'il conservait jalousement dans son esprit, sauf que, aujourd'hui, les choses avaient changé.
Même si sa tendre sorcière l'avait abandonné pour filer avec un inquisiteur, personnage détestable, elle n'avait pas pu résister et avait cédé, elle avait utilisé la sorcellerie de nouveau.
Olaphas avait su que ça arriverait tôt ou tard et il était ravi que ce soit tôt au lieu de tard. Même si il était immortel, ce n'était pas le cas de sa douce Yhrice. La première fois remontait à quelques semaines en temps humain, il n'y avait d'abord pas cru, pensant que ses désirs le trompaient et lui faisaient voir ce qu'il espérait mais, ensuite, l'activité magique s'était reproduite et l'évidence était apparue à Olaphas.
Pensant que les choses allaient reprendre comme avant, il avait cherché à communiquer avec elle mais ses réactions avaient été étranges. Elle lui avait semblé effrayée, ce qu'il ne comprenait pas, puisqu'il avait toujours fait ce qu'elle demandait et que c'était elle qui l'avait appelé en usant de nouveau de la magie.
Par la suite, elle n'avait plus répondu à ses tentatives. Il ne comprenait pas ce comportement. En fait si. Il devinait qu'elle souhaitait conserver la distance qu'elle avait instauré entre elle et la sorcellerie, entre elle et lui, mais lui ne voulait pas et refusait de comprendre.
Cependant, il ne voyait pas comment il pouvait exposer ses revendications et le reste si elle l'empêchait de s'exprimer.
Peut-être avait-il une solution et, là, elle serait forcée de l'écouter, qu'elle le veuille ou non. Pour cela, il allait devoir demander un service à un démon de ses connaissances, qui se spécialisait dans la vente et l'échange d'humains qu'il capturait à travers des passages dimensionnels tissés par ses soins. Il fallait dire qu'avec les exigences de sa sorcière, son influence sur le monde des humains ne cessait d'augmenter.
Quittant ce qui, pour les humains, s'associerait à une habitation, il s'engouffra dans les galeries rocheuses qui, avec les différentes salles, parfois grandes de plusieurs kilomètres carrés, qu'elles reliaient, formaient la dimension démoniaque.
Dans ce lieu, étrange pour des âmes humaines, point de ciel, d'astre ou quoi que ce soit qui composait la terre réservée aux hommes, seulement la roche noire légèrement luminescente qui formaient les parois et la voute qui disparaissait sous un épais voile d'obscurité.
Olaphas se déplaça rapidement, se servant de ses pouvoirs pour ne pas perdre du temps dans les secteurs qui ne l'intéressaient pas. Il ne prit pas la peine de s'annoncer avant d'entrer dans la pièce personnelle de Xélphias.
Comme à chaque fois qu'il visitait son ami, si il pouvait le nommer ainsi, il promena son regard bicolore, l'œil gauche étant violet à la pupille noire et le droit noir à la pupille violette, se posa sur les murs nus de l'antre de ce cher Xélphias.
Il vivait vraiment du minimum, voir même de l'inexistant. L'endroit était totalement et parfaitement vide, pas même un lit ou une chaise. Juste un endroit vide avec deux personnes. Xélphias, qui arborait aujourd'hui un visage au teint hâlé et à la tignasse blonde cendrée, et un humain, le dernier de sa dernière capture de toute évidence.
L'homme, plutôt jeune, peut-être une vingtaine d'années, peut-être même moins, Olaphas l'ignorait, se tassait contre la paroi, se recroquevillant, terrorisé.
Après avoir vu ses camarades se faire emporter les uns après les autres vers il ne savait quel destin, après avoir culpabilisé d'avoir été soulagé d'être épargné pour quelques temps encore, après avoir prié Dinéa et toutes les divinités du panthéon caëlien, le tour de Vinam était venu et il était terrifié. Plus d'échappatoire possible à présent.
Il songea à Chiraine, au mauvais pressentiment et à l'appréhension qu'elle avait ressenti avant son départ. Si seulement il l'avait prise un peu plus sérieux, il serait toujours auprès d'elle et non sur le point sur se faire emmener par un être qu'il n'osait qualifier.
Alors que la main de cette créature damnée allait se refermer sur son bras, une voix s'éleva depuis l'entrée, une voix légèrement railleuse :

Le Cri du Spectre - Tome  2 : Naufrage [Terminé]Where stories live. Discover now