Chapitre 2

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Une légère brise m'arrache doucement des bras enjôleurs de Morphée. Mes paupières ont du mal à s'ouvrir, et mes yeux, du mal à s'adapter à l'obscure clarté de la pièce dans laquelle je me trouve.

Lorsque je parviens à voir convenablement, ce n'est plus un banal plafond, peint de peinture blanche simple, que je regarde, mais la pièce dans son entièreté.

Sans bouger d'une once ma tête, je peux voir une table, située en bas du lit dans lequel mon corps est assis. Quel étrange choix de placement pour une table !

Un cadre photo tourné dans un sens où je peux seulement voir l'arrière est posé sur le meuble. Cet objet est accompagné d'un vase en verre, où y est contenu un bouquet de fleurs blanches. Des orchidées.

Un sourire s'empare de mon visage, sans que je sache pourquoi. Je ne vais quand même pas me mettre à sourire pour des fleurs !

En observant un peu plus en détail la pièce, je remarque qu'aucune touche personnelle n'y est apportée. Cela me désole un peu, surtout qu'il s'agit de la chambre où je suis gardée.

Sans le savoir, je commence à bouger les doigts de ma main droite. Comprenant ainsi que les crampes ont disparu, je m'émerveille devant cette chose, pourtant si simple. Des fourmis prennent place dans mes articulations, mais le fait de ressentir m'empêche de le prendre à la négative, si bien que le sourire de tout à l'heure revient à la va vite.

Je commence à bouger chaque articulations de mon corps. Une soudaine envie me prend de me toucher le visage, telle une idée saugrenue.

Mes doigts palpent avec légèreté ma peau, jusqu'à ce qu'une effroyable vérité s'empare de moi : mon visage est couvert de cicatrices. Ces zébrures qui courent sur le corps, laissant derrière une traînée de poudre rouge sang. Ces marques qui laissent une trace indélébile sur la peau, comme pour indiquer que l'endroit leur appartient. Ces choses qui me gâchent à coup sûr le visage.

Je commence à paniquer, puis mes yeux laissent échapper des perles d'eau sur les côtés, signe que je ne vais pas tarder à éclater en sanglots. Ma gorge se serre et mon corps se raidit. L'émotion commence à me saisir.

Ce qu'il m'est arrivé restera à jamais gravé en moi, physiquement bien que mentalement, du moment que je ne récupère la mémoire.

Avant que je ne pleure pour de bon, quelqu'un s'empare du calme de la pièce. Mon cœur bondit à la vue du visiteur. Pourquoi ce sentiment ? Je n'ai absolument aucune idée de l'identité de la personne.

Un jeune homme, du même âge que ma visiteuse de la veille, s'avance. Teint mat, cheveux bruns coupés courts...

Nos regards se croisent.

Le sien est brun, presque doré. Ses sourcils blonds, presque imperceptibles. Je peux apercevoir sur son arcade gauche un petit pansement, sûrement là pour arrêter un léger saignement.

Il s'approche, un sourire aux lèvres, quand il réalise que je suis éveillée et que je le regarde.

Il m'enlace. Je me laisse faire, cela n'est pas difficile. Je peux sentir l' odeur d'un je ne sais quoi, me faisant un bien fou. J'ai l'impression de l'avoir déjà sentie plusieurs fois, dans cette vie d'avant.

Il interrompt notre étreinte et s'assoit sur le lit, à côté de moi.

Il commence à parler et je fonds en larmes. Brûlure dans ma gorge, mes yeux, tout en moi. Les larmes coulent sur mon visage, telles des voitures tentant de remporter une course.

Je m'apprête à approcher mes mains de mon visage, afin de retirer comme je peux l'humidité, dégoulinant de mes yeux.

Il s'approche pour les essuyer à ma place, me tend un mouchoir. Je me mouche bruyamment. Du moins, je le suppose, car je n'entends toujours rien...

Un sourire esquissé, il se pince les lèvres puis cache son hilarité derrière sa main. Je fronce les sourcils, perplexe. Il me fait signe d'ouvrir le papier dans lequel je viens de me moucher.

Je découvre avec horreur de l'encre sous les couches de morve provenant de mon nez. Mes joues s'enflamment, mais que j'assume pleinement. Même si cela me gêne d'avoir subi au moment une situation honteuse, je sais au plus profond de mon être que je peux lui faire confiance.

Le garçon s'empare de l'ardoise du médecin, sans que je ne sache d'où il la sort, puis commence à écrire. J'attends pendant quelques secondes, en me demandant ce qu'il pourrait bien m'écrire.

"Désolé, j'avais oublié ce... détail"

A la fin de la lecture de ses mots, je lui lance un petit sourire compatissant. J'espère que cela fera l'affaire, pour lui faire comprendre que ce n'est pas grave.

Il me semble comprendre. Sur l'ardoise, il dessine un petit cœur, accompagné d'un petit mot :

"Je sais, je suis nul en dessin"

J'éclate de rire devant le plastique de l'ardoise. C'est si attentionné et mignon !

Il me regarde, en gloussant, puis s'empare à nouveau du feutre.

"Tu ne sais pas à quel point tu m'as manqué"

✧ ✧ ✧

Je me réveille, en souriant encore.

Peu de temps après que le garçon m'ait parlé via l'ardoise, un membre de l'hôpital est entré dans la chambre, puis a discuté quelques secondes avec lui. Je suppose qu'on lui a indiqué qu'il devait partir.

Cette visite m'avait vraiment fait chaud au cœur. Je me suis promis de ne jamais l'oublier.

Un médecin, reconnaissable à la blouse blanche, était entré dans ma chambre, puis m'avait pris la tension. On m'avait ensuite placé une sorte de masque, puis je m'étais endormie, sûrement à l'aide d'un gaz soporifique.

Mais alors, que m'avait-on fait ?

On ne m'aurait quand même pas endormie pour aucune raison, juste comme ça !

Avant que je ne commence à paniquer, une musique s'empare de moi.

Une musique datant d'un temps lointain, un temps où tout se résumait aux rires et aux sourires.


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