Chapitre 8

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Je n'ai pas trouvé ce que je cherchais.

Enfin, je ne l'ai pas à ma portée.

Les escaliers menant à l'étage sont maintenant mon seul espoir. Mais, un petit problème persiste : je suis en fauteuil roulant, et mes jambes se refusent toujours à me porter.

Je vais devoir attendre, ou demander à mes parents, à la place.

Une impression de malaise s'empare de moi quand j'y pense. Mes parents ne sont pas loquaces, et ils n'ont absolument pas cherché à savoir si je me portais bien.

Ravalant des possibles larmes souhaitant dévaler la pente de mes joues, je m'efforce de sourire. J'avais découvert il y a quelque temps que le faire rend instantanément plus heureux.

Tu ne vas pas répondre au message ?

Une question avec une voix d'enfant me rappelle ce que j'étais censée faire. Ce que j'ai totalement oublié de faire.

En panique, j'attrape mon téléphone, que j'ai toujours dans la poche arrière de mon jean.

Je relis le message, une nouvelle fois, pour penser à mon éventuelle réponse. Savoir ce qu'il m'est arrivé me démange, je sais déjà que je vais accepter la proposition !

"Bien le bonjour,

Je tiens à vous annoncer que vous vous êtes soit trompée dans le numéro, soit celui-ci n'est plus attribué.

Bref, passons.

Je fais mes études en criminologie depuis maintenant 2 ans. Après avoir lu votre message, je me suis penché sur votre "accident", comme vous le dites, et, en fouillant un peu sur le Net, je me suis rendu compte que de nombreux points pourtant nécessaires quand à la fermeture d'enquête sont manquants.

Sans vouloir vous déranger, j'aimerais vous proposer un rendez-vous, pour parler de ce qui vous est arrivé, dans un cadre purement professionnel, bien évidemment.

Bien sûr, si vous ne le souhaitez pas, je le comprendrais. Je continuerais les recherches de mon côté.

Bonne soirée."

Ce message me fait tout de même un peu peur. Pourquoi mon accident est si mystérieux ? Et pourquoi l'enquête n'est plus en cours, si tout n'a pas été élucidé ?

Piquée par la curiosité d'en savoir plus, je décide après quelques minutes de réflexion de donner une date de rendez-vous.

Mais, un problème persiste : comment allons-nous nous rencontrer si nous n'habitons pas dans la même ville ?

Ou pire encore, à l'autre bout du monde ?

Je me calme. Tant que je n'ai pas envoyé de réponse, rien n'est encore fait. Je verrais les problèmes qui m'incombent plus tard.

"Bonjour

Je tiens tout d'abord à m'excuser pour le dérangement occasionné.

Concernant ce "rendez-vous", mon côté curieux accepte avec joie. Bien sûr, nous pouvons discuter ensemble du lieu, ainsi que de la date. J'habite dans un village aux alentours de Valence. Bien sûr, je peux bien évidemment me déplacer, si la ville est trop éloignée pour vous.

Bonne journée à vous !"

Je relis rapidement mon message, pour vérifier qu'il n'y aucune faute. Je peux m'estimer heureuse : mon orthographe est restée intacte, même après mon séjour à l'hôpital !

Je croise tout de même les doigts pour que la personne vive dans les alentours, elle aussi. Mais si jamais c'est le contraire, je n'ai pas froid aux yeux : je veux savoir la vérité, ou au moins tout faire pour tenter de la trouver.

Je clique sur le bouton "envoi". J'attends de voir si le message est lu, mais aucune notification du genre ne me l'apprend.

Tant pis. Dans tous les cas, je sais que j'aurais une réponse.

✧ ✧ ✧

"Je souhaiterais me rendre chez ma grand-mère. Je prendrais le train, et je voulais, en plus de vous demander l'autorisation, de me prêter un peu d'argent pour me payer un billet. Je sais que je viens à peine de revenir et que je chamboule tout, mais je pense que c'est important que j'aille faire un tour dans la famille pour les rassurer. Grand-mère s'occupe de tout, elle vient me chercher immédiatement après que je sois arrivée à la gare."

C'est la 3ème lettre que j'écris. Et j'espère, la dernière.

Après avoir reçu un énième message de ma cousine, me demandant de rendre visite à tout le monde, j'ai pris ma décision.

Le problème étant que je n'ai aucun argent et j'aimerais m'y rendre au plus vite pour renouer les liens familiaux.

Après avoir réfléchi à une solution "parfaite", j'en suis arrivé à une conclusion : il faut que je demande à mes parents de me payer mon billet.

Mais, qu'est-ce que je vais faire s' ils refusent ?

✧ ✧ ✧

Je frissonne.

Le regard perçant de ma mère oblige mon corps à avoir ce mouvement désagréable. Une sensation de froid s'empare de moi. Un froid hivernal dont personne ne pourrait survivre.

Oh. Et au diable ce que les médecins m'ont dit de faire. Je ne compte pas rester muette pour le reste de ma vie.

Est-ce que... tu... pourrais jeter à oeil à... ça ? je lui lance, en désignant la feuille que je tiens entre les mains.

Je ne sais pas si je dois la tutoyer ou la vouvoyer. Cela me semblerait logique de choisir la première option mais j'ai l'impression que rien n'est logique dans le déroulement des choses récentes.

J'avance mon fauteuil, à contrecœur, vers ma mère.

Celle-ci n'arrête pas de me fixer intensément, sans que je ne puisse deviner la moindre de ses pensées. Son visage est des plus impassibles.

Quand je lui tends une seconde fois le papier, celle-ci lâche enfin mon regard. Elle contemple maintenant ma main, peinte par deux cicatrices semblant s'enrouler entre elles.

Elle m'arrache des mains le papier, puis semble le lire.

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