LES YAKUZAS [ TOME 1 & 2 ]

INTERLUDE - YUME

"Quand un homme est blessé, il découvre la haine.
Quand il blesse quelqu'un, il découvre la culpabilité.

Jiraya Senseï - Naruto Shippuden "

♫ Good Neighbours - Home

KURO

Dans ce lit confortable, je me surprends à observer ma femme dormir. Dans mes bras, elle semble sereine, à sa place. Néanmoins, j'ai conscience que tout ça n'est qu'un rêve. Alors je la réveille dans ce tissu de mensonges que mon sommeil esquisse pour me torturer, parce qu'elle me manque terriblement.

— Tsuma... Tu prends toute la place, la taquiner-je en glissant mes doigts sur ses côtes.

Elle pousse un bruit proche d'un grognement animal, déclenchant un vrai rire sincère de ma part.

Même dans une fiction, tu restes ma plus belle réalité.

Ma femme, celle que j'épouserai pour de vrai si elle m'offre le privilège d'accepter.

— Ai-je épousé un phacochère ? Repris-je pour l'embêter.

Elle grogne à nouveau, alanguie dans mes bras, blottie contre mon corps. Si mon esprit a bien compris que tout ça n'est qu'une illusion, mon coeur, cet idiot, ne l'entent pas de cette oreille.

Il bat plus vite, si fort que c'en est presque douloureux.

— Laisse-moi dormir, souffle-t-elle en me faisant sourire.

Je voudrais te chérir pour de vrai.

— Il est déjà treize heures, Tsuma.

Je n'en ai aucune idée, tout comme je ne comprends pas comment je peux rêver que je suis en train de rêver. Peut-être que je ne suis jamais sorti de mon coma, et que je vis une boucle infernale où je la rejoins dans un monde chimérique.

— Et alors ? Il est bien six heures du matin quelque part.

De nouveau, mon rire résonne dans le silence. Son sourire se dessine doucement, elle entrouvre difficilement les yeux pour tomber dans le vert des miens.

Non, c'est moi qui tombe.

Inlassablement, même en luttant de toutes mes forces, le constat est le même.

Nikita est la femme que j'aimerai mériter d'avoir à mes côtés.

— Je ne peux pas t'embrasser si tu n'es pas réveillée, chuchoté-je en frôlant ses lèvres.

Cette fois, je gagne.

Elle s'éveille complètement, confortable dans mes bras, son odeur flottant autour de moi de façon si réelle que je me perd un peu.

Mes lèvres caressent les siennes pour me rappeler de leur texture, douce et soyeuse. Un paradis vivant, celui dans lequel j'aimerais habiter éternellement.

Tsuma, ai-je une chance, même infime de réparer mes erreurs ? Peux-tu pardonner le monstre que j'ai été, né dans cette même cave ou ton frère t'a torturé par le passé ?

Mon regard dans le sien, j'ai l'impression de la perdre. Elle semble triste, déboussolée, complètement brisée.

Je veux l'imaginer heureuse, mais je sais qu'elle ne l'est pas. Je la voulais libre, loin de mon monde, vivant cette existence banale que ma femme a toujours convoitée.