Chapitre 24

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— Monsieur Kennedy, les nouvelles ne sont pas bonnes.

Harlem crispa sévèrement les doigts contre son verre, ses yeux s'emplissant soudain d'une frayeur alors qu'il fixait intensément Yvan Muller. Il vida outrageusement son verre d'une traite, puis se leva brusquement de son siège pour se diriger vers la fenêtre de son bureau. Cette vue, qu'il appréciait autrefois à la tombée de la nuit, ne lui apportait plus aucun réconfort.

Alors qu'il observait les lumières de la ville scintiller dans l'obscurité, Yvan Muller continua sur un ton inquiet :

— La situation empire chaque jour. Alicia Flores a été victime d'une agression très grave, et malgré son état critique, elle refuse de s'alimenter.

Harlem se tourna brusquement vers Yvan, un regard sombre dans les yeux, et s'exclama avec exaspération :

— Qu'est-ce qu'elle veut exactement ? Mettre fin à ses jours ?

— Monsieur Kennedy, il est peu probable qu'elle survive dans ces conditions, répondit Yvan d'une voix mesurée.

Il lui tendit des photos qu'il s'empressa de s'emparer. Lorsque son regard parcourait rapidement ces clichés, il serra la mâchoire.

— Vous avez une idée de l'auteur de cet acte ? demanda Harlem alors qu'une violente crainte commençait à l'envahir.

— Nous n'allons pas tarder à le découvrir.

Yvan sortit de la pièce et, une fois la porte fermée derrière lui, Harlem s'affala sur son siège, inclinant la tête en arrière et laissant échapper un soupir d'exaspération. Pourquoi n'arrivait-il pas à faire une croix sur elle ? Pourquoi après l'avoir livré à la police, elle continuait de hanter son esprit au point où il désirait ardemment savoir les moindres détails de ce qui se passe autour d'elle dans cette prison. Il n'avait jamais osé lui rendre visite de peur de revenir sur sa décision.

Yvan lui avait clairement décrit à quel point elle était devenue différente. Il n'avait jamais osé lui rendre visite de peur de revenir sur sa décision. La prison avait sévèrement impacté Alicia, tant sur le plan physique que mental. Elle paraissait plus mince, ses traits étaient tirés et sa peau semblait pâle et fatiguée. Ses yeux, autrefois vifs et pétillants, étaient maintenant ternes, marqués d'une lueur de désespoir.

La douleur l'envahissait. Son cœur se contractait, et l'idée qu'elle puisse succomber à la blessure grave infligée par un détenu lui était insupportable. Décidément, La haine qu'il ressentait pour elle n'était rien comparée à l'angoisse et à la culpabilité qui le dévoraient à présent. Il se leva de son fauteuil de cuir, laissant derrière lui une ambiance pesante dans son bureau.

Il avait pris l'habitude de rester tard, bien après le départ de ses employés, pour éviter de rentrer à la propriété. Chaque coin de cette demeure lui rappelait trop vivement Alicia, faisant remonter à la surface des souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Les murs semblaient imprégnés de son parfum. Pour échapper à ces souvenirs lancinants, il se plongeait corps et âme dans son travail qu'il avait reprit, s'enfermant souvent dans son bureau jusqu'à des heures indues. Parfois, il veillait même tard dans la nuit, espérant que la fatigue le submerge assez pour chasser les pensées obsédantes qui tournaient en boucle dans son esprit. En particulier ce baiser qu'ils avaient échangé dans la piscine et cette déclaration qu'elle lui avait faite le lendemain.

D'un pas pressant il se dirigea vers la salle de pause. Il avait besoin d'une tasse de café pour se stimuler. La cafetière était au centre de la pièce, éclairée par une lumière tamisée. Il saisit une tasse et versa lentement le café, s'imprégnant de son parfum. Cette dose de caféine lui permettrait de continuer à travailler tard dans la nuit. Alors qu'il se retournait pour retourner dans son bureau, il se figea sur place en découvrant la présence d'Ambre à l'entrée. Ses yeux s'élargirent légèrement de surprise.

Accusation Troublante Donde viven las historias. Descúbrelo ahora