Chapitre 27

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D'une délicate attention, Harlem posa sa main sur le dos d'Alicia et l'aida à monter à l'arrière de sa voiture. Il s'assura qu'elle soit bien installée et porta ensuite un regard insistant sur elle, qu'Alicia remarqua immédiatement.

— Quoi ? Qu'il y a-t-il ? demanda-t-elle d'une voix inquiète.

— Rien.

Cette réponse brève et sèche laissa Alicia perplexe. Elle l'observa refermer la portière et remonter ensuite les marches pour rejoindre Armando qui était resté près de l'entrée de l'hôpital, à les scruter attentivement. Elle se demandait ce qui se passait entre eux, car il était évident qu'ils ne s'entendaient pas. De là où elle se trouvait, elle pouvait percevoir le regard glacial qu'Harlem lançait à Armando. Ce dernier, quant à lui, semblait impassible, mais Alicia pouvait ressentir une véritable tension entre eux.

S'apprêtaient-ils à s'embrouiller ? se demanda-t-elle en sentant qu'Harlem élevait la voix. Est-ce qu'il lui reprochait d'insister autant pour qu'elle habite avec lui parce qu'il jugeait qu'elle serait plus en sécurité auprès de lui ? Lorsqu'il réapparaît, ouvrant brusquement la portière du côté chauffeur, elle perçut sur son visage une expression de contrariété mêlée à une pointe d'agacement.

Il prit place et agrippa férocement ses mains contre le volant. Était-il en colère à ce point ? Elle jeta une dernière fois un regard vers Armando avant qu'il ne démarre.

— Regrettes-tu déjà ton choix ?

Harlem venait de lui poser cette question avec un ton hostile qui la prit au dépourvu. Elle détourna ses yeux d'Armando pour croiser le regard irrité d'Harlem. Elle essayait de comprendre pourquoi dirigeait-il sa colère sur elle.

— Il est toujours là. Tu peux le suivre si tu en as envie, répliqua-t-il d'un ton cinglant, pointant du doigt Armando qui les observait de loin.

— Non. Je veux être avec toi.

Cette réponse adoucit curieusement les traits d'Harlem, qui semblait légèrement déconcerté par la réponse d'Alicia. Il relâcha légèrement la tension dans ses épaules et ses yeux exprimèrent une sorte de soulagement temporaire. Cependant, son expression demeurait marquée par une certaine méfiance, comme s'il ne parvenait pas à se défaire entièrement de son irritation.

Il démarra la voiture et se concentra sur la route. L'habitacle était enveloppé d'un silence oppressant qu'Alicia tenta plusieurs fois de briser. À peine ouvrait-elle la bouche pour placer un mot qu'elle la refermait aussitôt. Elle soupira, serrant étroitement le bas de sa robe. Puis, elle porta son attention sur le paysage défilant, repensant au message qu'Amara lui avait laissé et qu'Harlem avait jugé bon de supprimer de sa messagerie.

Les dernières phrases du message d'Amara tournoyaient inlassablement dans sa tête. Alicia avait toujours pensé que cet incident était derrière eux. Qu'Amara lui avait pardonné de l'avoir obligée à prendre sa place treize ans plus tôt… Harlem nourrissait un désir ardent d'envoyer Amara en prison et elle savait à quel point cela serait extrêmement dangereux pour elle. Elle le savait plus que tout au monde, car elle avait vécu le traumatisme d'Amara lorsqu'elle avait passé la moitié d'une année derrière les barreaux pour un délit qu'elle n'avait pas commis.

Leur mère et elle s'étaient rendu compte de la souffrance insupportable qu'Amara subissait enfermée entre ces quatre murs, la poussant presque à la folie. Amara souffrait d'un trouble anxieux sévère qu'elles n'avaient jamais soupçonné jusqu'au moment où elle avait passé les premiers mois dans une cellule. Elles avaient toutes les deux assisté à son autodestruction, et il avait fallu agir vite pour la sortir de là.

Malgré leur intervention, les séquelles de cette période traumatisante étaient restées ancrées en Amara. Alicia se souvenait des nuits où sa sœur se réveillait en sueur, hurlant à cause de cauchemars persistants. Même après sa libération, Amara ne semblait jamais retrouver entièrement sa stabilité émotionnelle.

Accusation Troublante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant