Papa

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FRENCH

Nous avons expliqué en long et en large l'histoire de Sarah à Peters, j'ai tout de même du me foutre à poil pour lui prouver qu'adopter Charly n'était pas une décision prise à la légère, enfin à poil, façon de parler. Sarah et moi n'avons pas reparlé de ce qu'il s'est passé dans la cuisine avant qu'Ava ne nous interrompt sans le savoir et j'avoue ne pas savoir s'il faut que je remette le couvert histoire de tâter le terrain ou pas.  Je viens d'apposer ma signature, mon regard se perd dans celui de Sarah, elle semble me sondé, chercher au fond de mes prunelles la trace d'un infime doute, elle ne trouvera rien. Ma décision est prise, et je ferai de mon mieux pour celle qui d'ici quelques instants deviendra légalement ma fille. Charly est là, assise entre nous, bien entendu nous avons souhaité qu'elle soit présente car elle est la principale concernée, le sourire ne la quitte pas, elle est d'ailleurs si concentrée que j'ai dû vérifier à plusieurs reprises qu'elle respirait encore. J'observe Sarah, le stylo s'approche de la feuille et lorsqu'elle finit par le déposer et me regarde à nouveau, j'ai l'impression de renaître. J'ai toujours été solitaire, Sarah ne le sait pas encore mais son histoire est semblable à la mienne seulement dans un pays différent, ils ont fait l'erreur de m'envoyer faire mes études aux États-Unis et je n'en suis jamais reparti. Je n'étais pas du genre à faire des projets, à avoir des envies d'avenir, devenir père ne m'était pas destiné, avoir une femme non plus, j'étais pas contre, bien-sûr du moins pour la femme, parce que les enfants je n'en voulais pas. Je n'ai pas eu d'exemple, quel avenir pourrai-je offrir à un gosse ? J'avais tout pour être heureux, j'avais ma bécane, cette famille hors du commun qu'est le club, mes frères, leurs tarées de femmes, je pouvais crever sereinement. Et pourtant, à cet instant, alors même que je regarde tour à tour Sarah et Charly, mes yeux se remplissent de larmes, je ne les laisse pas coulées mais elles sont là. Je suis père. Elles donnent un second souffle à ma vie, celui dont je n'avais pas conscience d'avoir besoin. Elles m'offrent une chance d'offrir ce que je n'ai jamais eu. C'est alors que je prends conscience du geste de Sarah, Charly est la prunelle de ses yeux, sa chair, en signant ce papier, elle me fait entrer dans sa vie. Pour toujours. Et toujours aujourd'hui, ne me fait pas peur, je n'ai plus peur de devoir penser à demain, après-demain, aux mois et aux années qui viendront bien trop vite à mon goût puisqu'à travers eux, c'est ma fille que je verrai grandir. Ma vie n'était pas vide de sens avant elle, elles ont seulement débarqué et ont poussé les murs de mon cœur pour s'y installer.

- Ça y est c'est mon papa Monsieur le zuje ? Dit Charly.

- On dit juge, ma reine.

- Monsieur le jjjjuuge, Naël c'est mon papa ?

Mon cœur fond face à ce petit bout de princesse aux boucles d'or. Je peut d'ores et déjà prédire qu'elle me bouffera, je ne saurai jamais lui dire non.

- Naël est bien ton papa, Mademoiselle.

- Je suis pas Mamoiselle, moi c'est Charly, princesse Charly, c'est mon papa qui l'a dit. Hein Naël, je peux t'appeler papa ? Et hein c'est vrai que t'as dit que je suis une princesse. Dit lui ai jjjjuuge. T'as vue je l'ai bien dit !

- J'adorerais que tu m'appelles papa, princesse. C'est toi qui décide. Lui dis-je les larmes aux yeux.

- Pourquoi tu pleures papa ?

- Je pleure pas princesse.

- Si tu pleures, tes yeux, ils ressemble à des lacs tout plein d'eau c'est maman qui dit ça et elle dit que des fois et ben on sens trop de choses dans notre cœur et que pour soulager et ben il faut laisser déborder le lac et après ça va mieux.

- Moi je crois que si tu me fais un câlin magique j'irai encore bien mieux, tu sais qu'on peut pleurer sans être triste ? Là, mes yeux ressemblent à des lacs parce que je suis heureux d'être ton papa.

- Moi aussi suis heureuse ! S'écrit-elle en me sautant dans les bras. Je jette un coup d'oeil à Sarah qui elle, ne retient pas ses larmes. Je lui tend une main qu'elle saisit et qu'elle sert fort. Aujourd'hui est le premier jour de ma nouvelle vie, celle qui sans le savoir m'était destinée.

- Qu'est-ce que tu dirais si on allait fêter ça en famille, princesse ?

- Oui !!! Papa je peux mettre mon déguisement ?

- Bien-sûr que tu peux, tu seras la fierté de tout tes tontons.

- Et ma couronne ?

- Ça fera de toi notre princesse mécanicienne.

Je me souviens du jour où je lui l'ai acheté, elle était venu me voir avec Rina mais j'étais encore en bleu en train de bricoler une bécane, elle m'a dit qu'elle voulait aussi apprendre à réparer des motos, le lendemain, je me pointait au petit dej avec un mini bleu qu'elle à refuser de quitter. Elle était si fière, si belle. Ma fille.

Hell's Snakes MC #4 : French & Sarah Où les histoires vivent. Découvrez maintenant