Hell's Snakes MC #4 : French & Sarah

En souvenir de nous

FRENCH

J'ai toujours aimé le regard que tu posais sur moi, mais aujourd'hui, j'ai plutôt l'impression d'être la dinde de Noël tant entendue qu'on présente à l'assemblée. Tu me scrute, je le sais, et tu sais que je sais, ton sourire en coin en dit long. Je te laisse faire même si je rêve de te sauter dessus et de retrouver ma femme, je te laisse s'habituer à nouveau à ma présence, je te laisse jouer à la petite détective qui tente de percer à jours tout mes plus secrets les plus inavouables. Si tu savais que le plus gros te concerne... Dès que les autres s'en vont, que la porte se referme, tu te mur dans le silence, un silence qui m'opresse et qui laisse à mon cerveau bien trop d'espace pour réfléchir, inlassablement. Des pensées qui tournent dans tout les sens sans avoir réellement de sens, je dirais même que mon cerveau danse la samba sur un son rock... Si seulement t'étais vraiment là, si seulement j'avais su ce jour-là te retenir, si seulement, rien de tout ça n'était jamais arrivé, l'amour aurait-il été toujours aussi fort ?

Ton Naël

SARAH

Quand il y a trois jours de ça, j'ai vu Charly entré dans cette pièce en tenant la main d'un homme que je ne connaissais pas, la terreur à pris possession de mon corps. Puis, mes yeux ont longé son bras, sa poitrine, jusqu'à arriver à son visage. Ses yeux étaient une porte ouverte sur son âme, j'y ai lu tellement d'émotions que j'en ai pris peur.  Depuis, et pour je ne sais quelle raison, il n'a pas quitté le fauteuil dans le coin de la pièce qui m'a l'air plus beau que confortable, j'ai mal pour lui et pour, je dois l'avouer, son joli derrière. Puis, il y a Charly et sa proximité avec cet homme, je les regarde faire, interagir et je n'y comprends rien. Mon père m'a expliqué que Kyle a fait son retour dans nos vies alors que je venais de rencontrer des membres d'un club de Bikers, si vous saviez comme j'ai ri, puis j'ai compris qu'il me disait la vérité. Ava, la femme du président est aussi mon médecin personnel, elle m'a questionné et m'a expliqué que j'ai une perdre de mémoire sur tout ce qui concerne ces derniers mois, dû à un accident dans lequel Dieu merci ma fille n'était pas. Ça fait trois jours que chaque membre ou presque passe un moment avec moi et je comprends pourquoi j'ai fait d'eux mes amis, tous à leurs manières sont exceptionnels. Tous sauf lui. Les autres m'ont dit qu'il s'appelle French, là aussi j'ai ri, qui porte un nom pareil ? Puis, ses yeux m'ont sondés à nouveau, que dis-je ? Ils m'ont happés, ensorcelés. Il passe des heures à mes côtés sans jamais me parler, il m'observe puis, souvent, je le vois prendre son bout de papier et le marquer de son encre. Ma curiosité me dévore, elle coule dans mes veines avec puissance. Je veux savoir qui il est, ce qu'il y grave, est-il tatoueur lui aussi ? Mais je crois qu'au final ce qui me perturbe le plus, c'est les battements de mon cœur quand il me regarde, si mon cerveau semble l'avoir occulté, mon palpitant lui, semble le reconnaître. Ce soir encore il laisse son stylo parcourir son support, ce soir encore, je meurs d'envie de le découvrir. Comme chaque soir depuis mon réveil, il va poser son papier dans la commode et comme chaque soir, il étalera ses jambes sur une chaise qu'il aura posée juste devant lui. Et comme chaque soir, le bras replier sur sa tête, c'est en posant son regard sur moi qu'il s'endormira quand il pensera que je me suis endormie en première alors que j'attends seulement le bruit de sa respiration pour trouver le sommeil.
J'ai demandé à Rina de veiller sur les nuits de Charly, ma petite reine à d'abord rouspéter, mais après lui avoir fait la promesse d'être toujours là à sont réveil, elle l'a suivi. C'est ainsi que depuis deux jours, je me retrouve seule dans cette pièce avec ce mystérieux inconnu qui semble avoir tissé d'invisibles mais puissant lien entre nous. Pour la première fois depuis si longtemps, je m'endors en me sentant sereine, en sécurité.

Je me réveille en pleine nuit, avec une sensation de déjà vu, d'avoir déjà ressenti ce que j'ai ressenti hier soir. Dans mon sommeil, certaines images me sont revenues, certain mots, c'est flou mais je sais quelles sont là, quelque part. Comme une gamine ayant peur de se faire prendre en flagrant délit, je tends le bras vers la commode entre nous, lentement, j'ouvre le tiroir. L'appréhension me gagne, mêlée à une certaine excitation, est-ce la peur de me faire prendre ou bien est-ce peut-être le fait que ce tas de feuilles pourrait recoller les morceaux de puzzle que je tente de rassembler, en vain ?
Ça semble être des lettres, je ne devrais pas, j'hésite, enfin un instant seulement. J'allais attaquer ma lecture quand je sens son regard et sa voix que je découvre alors, me colle les frissons, et comme une ado en mal d'amour, les papillons dans mon ventre prennent leur envol.

- On fait sa curieuse Minimoys ?

Une phrase, cinq mots, un surnom aussi banal que laid et tout me revient en tête, les souvenirs afflus, le film se forment dans ma tête, lui, moi, Charly, nous, le club, Kyle, Hope, l'accident. Tout.

- Naël ?