Ugly Contract

Chapitre 47 - Monsieur M

BELLAMY

— Tu vas obéir, Bellamy. Je veux que tu enfonces ce couteau dans son abdomen. Maintenant.

Mes mains tremblent, mon corps me fait mal et mes larmes me brûlent les yeux. Je suis fatigué et j'ai peur. Incapable de parler, d'émettre le moindre son tant la peur me consume, je secoue la tête, en essayant de contenir mes larmes.

L'homme devant moi est ligoté sur une chaise, ses mains dans son dos, ses chevilles attachées aux pieds de la chaise. Ses cheveux bruns collent sur son front, des gouttes de sueur perlent sur ses tempes et son regard est comme le mien, empli de terreur et de larmes.

Il sent mauvais. Je le sens d'ici. Son pantalon est souillé par l'urine et le sang. Il a mal...

— Je ne peux pas? Sangloté-je en fermant les yeux.

Je veux ma maman.

Je veux que mon père me protège et vienne me chercher.

Il est mort. Et j'ai encore l'impression d'avoir son sang sur mes mains.

Une poigne brutale s'écrase sur ma nuque, m'arrachant un cri de terreur mêlée à la douleur intense de sa poigne.

Mon couteau me glisse des mains, s'écrase sur le sol en un bruit fracassant qui résonne contre les murs de cette pièce humide. L'homme en face de moi, ferme les yeux au moment où je sens mon corps basculer.

Mon dos percute le sol glacial et dur, je crois que j'ai quelque chose de cassé quand un pied s'écrase sur mon thorax.

Je veux ma maman.

Je serre les dents, garde les paupières fermement closes, parce que je sais qu'il n'aime pas quand je le regarde.

Il porte un masque.

Il dit que je suis différent, que je peux voir à travers le masque des gens. Je ne sais pas ce que ça signifie, mais je ne dis rien pour ne pas le fâcher.

— Si tu n'obéis pas, tu souffriras. Tu l'as déjà fait plusieurs fois, fiston. Tu es doué pour ça.

Je secoue la tête en serrant tellement les dents qu'elles grincent.

Il se trompe.

Je ne suis pas doué pour tuer les gens.

— Je sais que tu aimes ça. Je le vois dans ton regard. Tu es le premier petit garçon de cinq ans qui est capable d'aimer le sang, la peur et la douleur. Comme moi.

Je retiens mes larmes et pose mes mains sur sa cheville.

Il appuie plus fort.

— Ton père le savait, il l'a vu comme moi dans tes yeux. Tu as l'âme de la mort, Bellamy. Son fils, son héritier. Et tu m'appartiens, tu vas devenir puissant et invincible si tu fais exactement ce que je te dis, fiston.

Je ne suis pas ton fiston.

Il me fait mal, m'empêche de respirer. Il me nargue en ricanant de ma faiblesse, de mon manque de force et de courage.

Et ça réveille en moi cette chose qu'il aime. Qu'il veut voir. La fumée de ma peur qui se transforme en colère.

Alors j'ouvre les yeux. Les siens, visibles dans les fentes de son masque totalement blanc, s'embrasent et la fierté qu'il exprime dans ce regard me donne envie de vomir.

Je suis en colère.

J'ai mal.

Et j'ai peur.