Amour indécis

Chapitre 7

Pas normale. Je suis décidément vraiment pas normale. Dites-moi quelles adolescentes de 17 ans se réveillent avant 6h30 ? Et dire qu'il y a à peine quelques semaines je me plaignais des nuits trop courtes maintenant je me pleins des nuits trop longues. Je les passe à penser, à réfléchir, à essayer de rendre des éventualités possibles. Voilà à quoi je passe mes nuits d'habitude. Mais celle-là était différente j'ai réfléchi, est-ce que je vais pardonner à ma mère ? Est-ce que je peux envisager de lui pardonner même ? Est-ce qu'elle mérite au fond que je lui pardonne ? Après tout on ne peut pas considérer notre conversation d'hier comme une réconciliation, je la considère plutôt comme un début de dialogue, une porte qui s'ouvre ou une fenêtre. Et puis comment ça va se passer tout à l'heure quand mon réveil va sonner et quand je descendrais préparer le petit déjeuner. Est-ce que je vais l'ignorer ou bien la prendre dans mes bras ? Mais plus le temps de réfléchir mon réveil sonne 6h30...

Je souffle un bon coup et fixe mon plafond avant de prendre mon réveil et de l'éteindre. Est-ce que cette journée va être bien ? Ou est-ce que Laurie va continuer ses idioties ? Je sors de mon lit toujours avec la même expression de lassitude. Ma tête me tape encore après l'incident de la vieille. 
Je me dirige vers la salle de bain en trainant des pieds absolument pas enthousiaste à l'idée de débuter ma deuxième journée de cours. Je ne prends même pas la peine de me regarder dans la glace, nul besoin de se répugner dès le matin. Je me contante de rincer mon visage à l'eau froide avant de retourner dans ma chambre pour choisir mes vêtements. J'opte pour un jeans noir élégant ainsi qu'un haut à bretelle blanc décolleté laissant apparaître le début de ma lingerie.  J'enfile à la hâte mes baskets et descends à toute vitesse en bas. Je remarque alors que quand mon corps est occupé, mon esprit ne pense plus. C'est une perspective à étudier... Tel est ma surprise quand je vois qu'il n'est que 7h00 quand je termine ma préparation. Je m'arrête hésitante avant de rentrer dans la cuisine appréhendant cette rencontre avec ma mère.

Mon corps se tend inconsciemment lorsque je pousse la porte battante, et bien évidemment celui ci est en harmonie avec ma respiration saccadée. Je vois apparaitre le chignon tiré de ma mère qui est entrain de cuisiner. Elle se retourne aussitôt quand elle m'entend pénétrer dans la pièce. Un sourire timide se dessine sur ses lèvres. 

- Bonjour, tu as bien dormi ? 

Je la fixe un instant surprise de sa question. Je n'ai pas l'habitude que l'on me demande comment je vais. 

-  J'ai eu une nuit agitée. Dis-je nerveusement. 

Elle semble elle aussi surprise de ma réponse et je remarque alors la lueur de culpabilité qui passe dans son regard. Se sent-elle coupable de ne pas s'être préoccupé plus tôt de mon état de santé ? 

- Il faudrait peut-être aller voir un médecin si ça ne s'arrange pas. Marmonne t-elle avant de me lâcher un énième sourire timide. Je tente de faire de même avant d'aller m'asseoir sur l'ilot central de la cuisine.  

- J'ai raté un épisode ? S'exclame Laurie en rentrant dans la cuisine, ses talons hauts me donnant déjà la migraine.

- Ta soeur et moi avons eu une discussion et nous allons tenter d'apaiser les tensions au sein de cette famille. Répond ma mère. Allez installe-toi, je t'ai préparé le petit-déjeuner. 

Laurie s'installe à côté de moi et me jette un regard glacial. Je tressaille avant d'attraper un bout de crêpe et de sortir de la cuisine. Tant pis pour les efforts de réconciliation, cette tension n'est pas pour moi. Je monte me laver les dents puis me dirige vers la voiture, je préfère l'attendre plutôt que de la voire se trémousser sous mon nez. 

Elle finit enfin par arriver, le trajet fût long et  désagréable. À peine se gare t-elle sur le parking que je m'extirpe de la voiture et m'empresse de me diriger vers la salle de physique chimie. Je m'installe sur une des paillasses conçu pour à la base pour accueillir trois élèves en priant pour que je sois la seule à disposer de celle-ci ce matin. Je balaye la classe du regard à la recherche de mes deux amis sans le moindre résultats. Sans doute sont-elles sorties trop tard hier soir ? Le soir de la rentrée c'est un rituel dans le coin. Une pointe de jalousie surgit en moi à l'idée qu'elles ne m'ai pas invité. Heureusement, Mike s'installe à ma table m'obligeant à arrêter de radoter. 

Il me salue poliment avant d'installer ses affaires. 

- Ça va ? 

Il me regarde avec un air énervé avant de me répondre qu'il pourrait aller mieux. 

- Tu veux m'expliquer pourquoi ? 

Malheureusement pour nous, la porte de la classe s'entrouvre laissant apparaitre le proviseur. Tant pis pour la discussion, il faudra attendre plus tard. 

Point de vue inconnu :

J'ai toujours détesté les rentrées de classe, les regards qui te dévisagent, les proviseurs qui te radotent les mêmes règles de vie. Honnêtement je pensais en avoir finit, et me revoilà à répéter le même schéma que les années précédentes. Je regrette de m'être autant laissé faire et de ne pas avoir insisté pour continuer à bosser. Les études ne sont pas faites pour moi et je le sais. Je suis à travers les couleurs le directeur de l'établissement, il tente de lancer une conversation par ci et une autre par là. Sans succès. Je n'ai pas envie de discuter avec lui. "Je compte sur vous pour adopter une tenue exemplaire, en vue de vos précédents", m'a t'il dit dans son bureau quelques minutes auparavant. J'ai bien crue que j'allais lui cracher à la figure. Il s'arrête devant une des portes avant de l'ouvrir. Je rentre alors dans une salle apparemment destiné aux matières scientifiques. 

- bonjour les enfants ! S'exclame t-il avec enthousiasme. 

Je me retiens de rire lorsque j'entends le mot "enfant" dans sa bouche. Comme si des adolescents de 17-18 ans étaient encore des bébés innocents. Deux-trois élèves répondent en coeur tandis que le reste de ma classe se contente de me fier. 

- Certes il est arrivé plus tardivement que son camarade Mike, mais je vous présente notre deuxième nouvel élève et je compte sur vous pour lui réserver un accueil chaleureux. 

Je regarde mon fameux camarade au fond de la classe avec un sourire, il passe sa main dans ses cheveux bruns et se retourne vers sa camarade de table. La majorité des autres filles me fixent avec insistance, mais celle-ci ne me jette même pas un coup d'oeil, trop occupée à ranger ses affaires. Elle me semble mignonne à première vue mais je n'arrive pas à entrevoir la totalité de son visage. Je regarde alors les autres personnes de la classe et remarque que beaucoup de personnes me regardent en effet, une blonde aux talons hauts me sourit d'ailleurs. Ça promet d'être intéressant. 

- Présentez vous donc Eric ! S'exclame le proviseur me sortant brusquement de ma petite analyse. 

Je me racle la gorge avant d'afficher mon plus beau sourire. 

- Bonjour je m'appelle Eric j'ai 18 ans,  je viens d'arriver dans cette ville et comme certains ont pu le remarquer par notre ressemblance, je suis le frère jumeau de Mike ...