Numéro quatre

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Allongée sur un lit, d'un blanc immaculé, Caroline était habillée en robe blanche, elle aussi, immaculée.

Elle savait qu'elle était morte, mais une question demeurait dans son esprit, mais si je suis morte, enfin réellement, pourquoi suis-je en vie ? Elle vérifia rapidement si elle possédait un trou dans son crâne : mais, rien. Comme si une nouvelle vie commençait.

Et c'est ce qui se passait réellement, elle pouvait commencer une nouvelle vie —dans un nouveau corps. On lui proposa bien entendu de pouvoir vivre dans un second monde, celui des morts. Mais elle refusa sans la moindre hésitation, elle n'avait qu'en tête la vengeance et seulement la vengeance. Et pendant dix ans, elle apprit à connaître Inès, sans se montrer, elle l'étudiait ; elle et sa famille, leurs habitudes, leurs peurs et leurs disputes. Inès avait littéralement changé Caroline, d'ailleurs cette dernière s'était prise d'affection pour Inès. Elle qui avait rêvé de fonder une famille, d'avoir plusieurs bambins et de leur donner tout l'amour qu'elle n'avait pas pu avoir.

Lorsqu'elle comprit que les parents d'Inès avaient prévu de la tuer dans la nuit, elle ne put s'empêcher d'intervenir. Tout ça, elle ne l'avait jamais dit à cette pauvre gosse. Ça l'aurait détruit de savoir que ses parents n'avaient jamais voulu d'elle et qu'ils touchaient du fric chaque mois parce qu'elle vivait sous leur toit. Caroline était attachée à cette gosse, le même destin tragique, des parents absents. Elle n'aurait pas dû la défendre, mais elle l'aimait. Ça la tuait de se dire qu'elle aimait, elle qui pensait que tout sentiment l'avait quitté. Elle voulait faire d'Inès une battante, quelqu'un comme elle, mais en bien mieux. Son but premier n'était plus la vengeance, mais l'amour-propre, celui à l'état pur. Et elle comptait bien étriper tous ceux qui s'avisaient de faire du mal à Inès.

— Joyeux anniversaire, chérie, lui lança Caroline.

Un énorme gâteau de chez Brownie Brown, le meilleur d'après elles. D'ailleurs, elles étaient passées à deux doigts de la crise de foie après avoir mangé une quinzaine de pâtisseries.

— Souffle, fais un vœu, et surtout, ne me le dis pas, crétine ! dit Caroline en blaguant.

Et Inès pensa très fort "— je souhaite ne jamais être séparée de Caroline."

Inès et CarolineWhere stories live. Discover now