Chapitre 7. Du baume au coeur.

1K 191 10
                                    

CHAPITRE 7.

DU BAUME AU CŒUR.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le bébé se met à pleurer une première fois vers une heure du matin. Je suis pas couché. Je suis inquiet pour Armel, même si je me dis que ça va le faire. Une porte s'ouvre, j'entends Julie qui s'affaire, et sa fille cesse ses pleurs. Je finis par m'endormir, après m'être répété des dizaines de fois que je suis fort, qu'Armel est fort. À cinq heures, le bébé réclame à nouveau, et le silence revient aussi rapidement que la fois d'avant. Bon, Lou n'a pas l'air compliquée, et sa mère a l'air de gérer. Comme quoi, tout est possible.

Je me lève tôt. Enfin, neuf heures, pour moi, c'est tôt, un dimanche. Il faut dire que j'attends des nouvelles. Je sais qu'Isabelle va m'appeler. Ou même Armel, qui sait. Je descends, Julie est dans la salle, qui est devenue une annexe de la chambre de Lou. Ma belle-mère a l'air fatigué, mais elle est aussi calme que son bébé, qui prend son biberon.

— Bonjour, Lucas, elle fait.

Ouah, la maternité change les femmes, c'est vrai. Ça réveille pas seulement des instincts essentiels envers le bébé, ça permet de voir différemment les choses, et même un beau-fils qu'on a toujours plus ou moins méprisé.

— Salut, je réponds, sur la défensive.

— Ton père m'a parlé, elle avoue.

Ah. En un sens, c'était logique. Ce qui l'est moins, c'est qu'elle réagit bien, et qu'elle me parle. Voilà, Armel m'a changé, la maternité a changé Julie.

— J'espère que ça ira, pour ton ami, elle ajoute. Si tu veux me parler, je t'enverrai pas sur les roses, Lucas.

— Ouais, d'accord, je dis, en sachant que ce sera difficile, au bout de deux ans de rapports houleux, quand même.

Cela dit, depuis que j'ai rencontré Armel, je me dis que bien des choses sont possibles, décidément. Alors on verra bien.

— Tu veux voir Lou, Lucas ?

Je m'approche, je m'agenouille. Lou est moins fripée, désormais, elle a même une figure paisible, concentrée, un petit nez, une petite bouche. Je mets la main sur ses cheveux, tout fins, et je la caresse. C'est tout chaud. Un drôle de truc, tout de même, que de se dire que la vie est belle, juste en touchant un nourrisson. Julie sourit, repose le biberon. Je continue de regarder. Après le rot du bébé, (très classe), Julie me sourit à nouveau.

— Tu veux la prendre, Lucas ?

J'en ai bien envie. Alors je me lève. Julie se met debout, et me donne sa fille. Elle est si petite. Je place ma main gauche pour soutenir la tête, et je place le bébé contre mon torse. Je me sens bien. Lou émet un petit bruit.

— Tu la tiens très bien, Lucas.

Je souris. J'aime bien, vraiment, ce que je suis en train de faire. Je voudrais que le bébé sente que je commence à l'aimer, que je suis, après tout, son grand frère.

— Lou a un grand frère qui saura toujours s'occuper d'elle, hein ? demande d'ailleurs Julie.

— Ouais. J'essaierai d'être toujours là pour elle.

Pour la pousser sur la balançoire. Pour écouter ce qu'elle aura à dire. Pour l'emmener au ciné. Pour la consoler quand elle aura un chagrin à propos d'un garçon.

— Merci, Lucas.

— C'est ma sœur, je rétorque.

— Oui, elle approuve. Dis-moi, il y a longtemps que tu sais ?

Forever LoveNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ