Chapitre 15

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Noémie

Ça fait trois jours que Greg est mort.

Nous aurions dû être réapprovisionné hier.

Ça fait deux jours que nous n'avons pas mangé.

Nous somme tous réunis dans le salon.

Avant-hier soir nous avons décidé de tous dormir ensemble.

Nous avons apporté des matelas, des coussins et des couvertures des chambres et nous avons tout réorganisé dans le salon.

En vérité, si nous nous sommes réunis, c'est que nous avions peur.

Peur des cauchemars, peur de rester seul... peur de Max.

Maintenant nous sommes tous des loques humaines.

Nous avons horriblement faim et nous sommes terriblement tristes et déprimés.

Pendant ces deux derniers jours, on est resté couché sur nos matelas à ne rien faire, à essayer d'oublier notre faim et ruminant nos pensées noires.

Nous savons que nous allons mourir.

Le seul truc, c'est qu'on ne sait pas comment.

Est-ce qu'on va mourir de faim ou se fera-t-on tuer d'une flèche en plein coeur avant ?

Avec le peu de force qu'il me reste, je m'approche d'Aaron.

En me voyant bouger vers lui, il m'adresse un faible sourire et me demande d'une petite voix :

- Ça va ?

- Je crois que je n'arriverai pas à tenir, c'est horrible, j'ai tellement mal au ventre ! C'est comme si on me dévorait de l'intérieur...

Il me regarde d'un air compatissant.

- Tiens bon, il faut juste être patients.

Je sais bien qu'il ne le pense pas.

Depuis que nous sommes ensemble dans le salon, dès qu'il y en a un qui craque, les autres essayent de lui remonter le moral alors qu'ils ne croient même pas eux-mêmes à ce qu'ils disent.

D'ailleurs, celui qui craquait, c'était souvent moi.

Alors que Tanya, par exemple, est toujours restée forte.

Je ne comprends pas comment elle peut faire.

Quand Jenny avait des crises de larmes à cause de la mort de Greg, c'était elle qui venait la consoler.

Quand Teddy se roulait en boule et ne bougeait plus pendant des heures, c'était elle qui allait le sortir de sa transe.

Quand Aaron et moi, nous nous plaignions, c'était elle qui venait nous remonter le moral.

Elle est toujours là pour nous mais elle ne semble pas avoir besoin d'aide.

On pourrait penser que rien ne la touche.

Pourtant, hier soir, alors que nous essayions de dormir, je l'ai vue verser quelques larmes.

C'était très furtif, mais je l'ai vue.

Peut être qu'elle n'est pas aussi insensible qu'elle le laisse paraître.

Je retourne sur mon matelas et m'endors.

Aaron

Je me réveille serré contre Noémie.

C'est étrange parce que nous nous sommes endormis chacun sur notre matelas.

EnfermésWhere stories live. Discover now