Jour 49.

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Cher journal,
jour 49.

Il a plu toute la journée, aujourd'hui. C'était bien la première fois que ça arrivait depuis que j'avais emménagé ici.

Alors que je suis allé chercher le courrier à ma mère (les cours reprenaient dans onze jours et j'allais revoir Gabriel aujourd'hui), un chaton miaulait devant mon mur, tout trempé.

« Qu'est-ce que fiches ici toi ? »

Je l'ai prit dans mes bras alors que son poil noir dégoulinait. J'ai râlé alors qu'il poussait de petits cris.

Je me suis dépêché de prendre les lettres qu'il y avait, et je me suis précipité dans la maison, le chaton sous le bras.

Quand ma mère l'a vu, je crois, sans exagérer, qu'elle en est tombée amoureuse. Elle n'arrêtait pas de le caresser et de le qualifier de « pauvre bête ».

J'ai dit à ma mère que se serait plus raisonnable de rapporter le chat à la mairie, qu'il appartenait peut-être à quelqu'un. Mais j'ai eu le droit, pour réponse, à un « jamais de la vie ». Bien, OK.

Gabriel ne devait passer qu'à seize heures aujourd'hui (je ne savais pas pourquoi) et ça me faisait littéralement chier. Ça faisait une semaine que je ne l'avais pas vu, et j'avais vraiment hâte de le revoir.

Alors que j'étais dans mon lit avec le chaton endormi sur mon ventre, et qu'il n'était que treize heures, je lui ai envoyé un message.

« J'ai un truc à te montrer. Passes dès que tu peux. »

J'étais pas très fier d'utiliser le chat comme excuse alors qu'à la base je le détestais, mais je me voyais mal attendre encore trois heures avant de le voir arriver.

Dix minutes plus tard, je l'entendais discuter avec ma mère au rez-de-chaussez. Je me suis dépêché de me lever et je me suis collé contre mon mur, à l'attendre.

Au rythme de ses pas, j'ai deviné qu'il se précipitait dans les escaliers. Il a toqué une fois et est rentré sans attendre de réponse.

Ses cheveux et ses épaules étaient tout trempés. Et putain, qu'est-ce qu'il était beau.

J'ai dégluti et je me suis lancé dans un monologue tandis qu'il se rapprochait de moi.

« Je l'ai trouvé devant ma boîte aux lettres. »

Il a regardé le chat que je tenais dans mes mains alors qu'un bon mètre nous séparait.

« Il était trempé. J'allais pas le laisser tout seul. Et puis comme il est tout noir et qu'il était sous la pluie je l'ai appelé Rimbaud. Qu'est-ce que t'en dis (j'ai rigolé) ? Tu dois t'y connaître. Les fleurs du mal, c'est ça ? C'était un sacré dépressif ce mec. Un peu timbré. Je- »

Gabriel m'a coupé dans mon élan.

« Baudelaire. »

« Hein ? »

« Les fleurs du mal, c'est Baudelaire. »

« Merde. »

Et j'ai eu à peine le temps de me maudire, que Gabriel s'est jeté sur moi, littéralement, collant ses lèvres aux miennes.

Apnée.

Ses mains se sont empoignées de mes deux joues, alors que les miennes tenait toujours le chat.

Il a collé son bassin au mien, me provoquant des réactions inconnues par une autre personne que lui.

Nos yeux étaient grands ouverts, se fixant l'un l'autre, alors que je perdais tout contrôle de mon être.

J'ai essayé d'assembler mes pensés, mais Gabriel avait foutu le bordel depuis bien longtemps déjà.

Nos bouches ne voulaient se détacher mais il y a bien fallu qu'on se décolle pour respirer. Trois secondes à peine et Gabriel revenait se coller à moi.

Putain. de. merde.

C'était un cercle vicieux pendant plusieurs minutes. Nos lèvres l'une contre l'autre, l'éloignement, nos respirations. Nos lèvres l'une contre l'autre, l'éloignement, nos respirations...

C'était un commerce triangulaire mais sans esclaves ni putes.

C'était tout sauf vulgaire.

Au fur et à mesure de nos baisers, qui étaient timides, je me laissais fermer les yeux.

Nos langues ne se touchaient même pas, même si je sentais que nos lèvres s'en-trouvaient.

Alors c'était si bon que ça un baiser ? Si pure et léger même si la pression de son corps se faisait ressentir contre le mien.

C'était mon premier baiser et c'était beau, réellement.

Mon cœur n'en faisait que des siennes et je ne pouvais me calmer.

« LEO TU DESCENDS S'IL TE PLAIT, ANNA EST LÀ ET CARLA VEUT VOIR LE CHAT (ma mère s'est mise à crier d'en bas).

Gabriel s'est retiré. Retour brutal à la réalité.

Il a passé une main dans ses boucles puis a réajusté son tee-shirt, par précaution je crois, parce que je ne l'avais même pas touché.

« On descend (il a proposé) ? »

J'ai été incapable de répondre, le suivant dans les escaliers. Mes joues étaient rouges, je le sentais bien, et mes lèvres humides. Le chat dormait toujours.

Anna, Carla et ma mère étaient à table. On s'est joint à elles, s'asseyant l'un en face de l'autre, rendant la situation encore plus gênante.

« Il est trop beau ton chat Leo (c'était Carla) ! Il s'appelle comment, dis ? »

Toujours incapable de sortir un seul mot, c'est Gab qui a parlé à ma place.

« Il s'appelle Rimbaud. »

J'ai senti son regard se poser sur moi et c'est quand j'ai levé les yeux vers lui et qu'il a passé son index sur ses lèvres que je me suis rendu compte qu'il me rendait fou. Dans tout les sens du terme ce mec me rendait fou.

Tout les trois sont restés un moment, alors que j'évitais du mieux que je pouvais Gabriel et ses yeux insistants, me taisant tout du long.

En partant, Anna m'a serré dans les bras.

Carla m'a fait un bisou sur la joue et m'a dit qu'elle adorait Rimbaud.

Gabriel, lui, m'a serré la main pour la première fois cet été. Il n'a pas sourit et moi non plus.

Je suis dans mon lit. Il pleut encore. Rimbaud est sur moi, il ronronne. Je pense. Cher journal, je crois que Gabriel est mon contacte physico-humain préféré, et je flippe grave.

Leo.

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Dernier chapitre du jour ! 

La tome s'arrête officiellement aux soixante jours mais se poursuivra sur une seconde tome.

D'ailleurs j'ai quelques questions qui m'intriguent :

-pensez-vous que la tome deux sera toujours sur Leo? ou plutôt focaliser sur Gabriel, cette fois? 

-vous avez préféré Leo ou Gabriel? pourquoi? 

Ce chapitre est définitivement mon préféré, et j'espère de tout cœur qu'il vous plaira autant qu'à mes amies (qui ont eu un petit avant goût).

Bis bis, Luv☺. 

(j'vous M)

La maison d'en faceWhere stories live. Discover now