Jour 57.

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Cher journal,
jour 57.

Il est treize heures.

J'ai la gueule de bois.

On est parti avec Gabriel, on a pris nos vélos et on s'est barré.

Je crois qu'il devait être seulement vingt-deux heures quand je suis sorti de chez moi, car il ne faisait pas encore tout à fait nuit.

Gabriel avait amené des bouteilles de bière et de vodka dans son sac à dos, et ses rires à répétitions manifestaient déjà son état d'ivresse quand il m'attendait au pied de ma porte.

Il tenait debout mais n'étais pas sobre du tout.

On a roulé jusqu'au lac avec difficulté, Gabriel n'arrêtait pas de s'arrêter toutes les minutes pour me montrer les arbres qui ressemblaient à des animaux (d'après lui). Il a même aperçu Rimbaud (à ce qu'il paraît). J'ai pas pu m'empêcher de rire.

On s'est vite descendu les bouteilles. C'était la première fois que je buvais mais étrangement, aucunes peurs ne se faisaient ressentir en moi, contrairement à d'habitude.

Gabriel a mit la musique en fond (greetings from california de the nbhd).

« Pourquoi t'es venu habiter ici ? »

J'étais tellement saoul que sa question me faisait plus rire qu'autre chose, alors que j'aurai sûrement pleuré dans mon état normal.

« Des gens n'ont pas été très sympas avec moi. »

« Pas sympas comment ? »

« Pas sympas, méchants. »

« Méchants ou méchants ? »

Allongés à même le sol, mais gardant nos distances, la voix de Gabriel résonnait dans ma tête comme une chanson que j'aime bien. J'ai souri.

« Méchants dans le sens enfoirés, connards. »

Il a ri.

« C'est comme ça que je suis méchant aussi, quand je t'énerve ? »

J'ai prit une gorgée de vodka.

« C'était la première fois que t'embrassais un garçon (j'ai simplement répondu) ? »

Le changement de sujet l'a fait pousser un énorme soupir, et on aurait presque dit que ma question l'avait fait dessaouler.

« Je t'ai déjà dit que j'étais sorti seulement avec une fille. »

Un frisson m'a parcouru.

« Embrasser et sortir, c'est pas exactement pareille. »

J'ai senti l'herbe bougé sous son corps et j'ai deviné un haussement d'épaule de sa part.

« Quelle importance à notre âge ? »

Il s'est approché de moi pour me piquer la bouteille et intérieurement, je me suis dis qu'au final, même si on était côte à côté, bien des kilomètres nous séparaient.

On est resté longtemps silencieux, nos yeux s'habituant à la nuit.

« Il te reste des clopes ? »

« Une. »

« Elle marque la fin de l'été, c'est dommage. »

Pincement au cœur. Malheureusement.

J'ai tourné ma tête vers Gabriel, qui me regardait. Me lançant un sourire de défis, il a attrapé la dernière bouteille de bière, posée plus loin, et l'a bu d'une traite.

J'ai glissé ma main dans la poche arrière de mon pantalon.

La dernière.

Je l'ai allumé d'un geste familier et j'ai tiré sur la première taffe, fermant mes yeux.

« Mon père est mort quand j'avais neuf ans. »

« Je sais. »

J'ai ouvert les yeux brusquement. Long silence.

Il sait. C'est tout.

« Le ciel est vaste ce soir. »

À m'entendre, le son de ma voix se faisait presque rassurant et c'était la première fois, depuis cet été, que je me sentais aussi confiant, apaisé et aussi bien dans ma peau, malgré l'évocation de mon père. Et je crois que Gabriel aurait pu m'insulter de tous les noms possibles, mon état d'esprit n'aurait même pas changer. Je me suis allongé sur le côté, face à lui. Et en le regardant soufflé la fumée de la nicotine en l'air, je me suis dis que de toute façon, je ne pouvais rien craindre ce soir. Que bourré, on était encore plus jeune et insignifiant qu'hier et les autres jours.

« Je peux t'embrasser ? »

« Ne pose pas la question quand tu sais que tu vas le faire Leonardo, même si la réponse est 'non'. »

Je me suis alors mit à califourchon sur lui. Il n'a même pas protesté et il a même continué à fumer. La situation était gênante mais j'en avais rien à foutre.

Il a soufflé encore un peu la fumée sur mon visage. Il a écrasé le mégot.

« Tu ressembles à un crabe. »

J'ai rigolé, plutôt surpris, pris d'un hoquet.

« Ne me vomis pas dessus joli cœur. »

Le surnom qu'il venait de me donner me fit tomber bien bas et je crois que pour la première fois cette nuit là, l'envie soudaine de chialer m'est montée à la tête. Alors histoire de ne pas le faire, je me suis penché sur lui pour l'embrasser. Et c'était beau putain, c'était bon. J'ai posé mes doigts dans ses boucles et lui sur mes hanches, alors que je faisais rentrer ma langue dans sa bouche.

C'était l'alcool, la cigarette.

C'était lui.

C'était un bordel sans fin qui me rendait accro.

C'était passionnel et violent.

Ce soir là, on a même gémi l'un contre l'autre, alors qu'on ne cessait de simplement s'embrasser, mais je crois que c'est parce que tout était nouveau, et que tout était bien réel.

La musique continuait de tourner (c'était robbers de the 1975).

On est rentré très tôt ce matin, on marchait pas droit mais on continuait de poser nos lèvres l'une sur l'autre.

J'aurai voulu jamais retourner chez moi.

J'ai dégueulé à midi. J'ai préféré attendre aujourd'hui, je voulais pas gâché un tel moment cette nuit.

J'étais saoul mais je m'en souviens. Et je crois que je regrette pas, c'est le pire.

Leo.

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Bonjour tout le monde.

Voilà mon retour, après ma longue absence, mais j'espère me faire pardonner par ce jour 57, rempli d'émotions et d'amour

Merci de lire ma fiction car je l'aime trop et vous aussi. Merci à vous.

Bis bis luv ❤.

(love is love)

La maison d'en faceWhere stories live. Discover now