CHapitre 41

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🏆Kyra Stanley

Gigi n'avait pas parlé fort, mais tout le monde se tut. Tout le monde me regardait. Attendant ma réponse. Je ne pouvais pas parler. J'avais le goût de vomir. Je ne me sentais vraiment pas bien.

«C'est pour ça que tu étais plus distante dernièrement, poursuivit mon chum.

- C'est pas ça Gigi! Je...

- NON! Tu disais m'aimer, mais ce n'était que des mensonges! Va-t'en maintenant! Tu es juste une sale Bears!»

J'aurais voulu trouver un regard compatissant chez quelqu'un, mais tout le monde me regardait avec un regard rempli de haine. Personne ne voudrait écouter un seul de mes propos. Coco prit mes choses et me les lança, mettant ainsi le point final à notre amitié.

Je me dirigeai vers Gast pour lui remettre le A que j'avais dans les mains. Je me plaçai dos à eux comme ça, ils croiraient que je ne fais que remettre la lettre sur mon gilet officialisant ainsi mon départ.

«À Popo.» lui soufflai-je.

Je me dirigeai vers mes choses pour les ramasser. Je me retournai vers la porte où Poulin n'était plus. Anto me fit signe qu'elle était partie. Bourgeois Junior m'attendait avec un air satisfait. Je réalisai alors qui m'avait lancé mon stock. Je me retournai vers mes anciens coéquipiers.

«Coco, je ne sais pas si tu te souviens au début de l'année lorsque tu m'as demandé où j'avais trouvé l'argent pour l'aréna et que je t'avais répondu que je n'avais pas le droit de te répondre, mais je nous avais acheté du temps et que j'avais jusqu'aux Séries pour amasser les 10000$? Est-ce que tu te souviens de m'avoir demandé ce que tu pouvais faire pour m'aider? Je t'avais répondu que tu pouvais rester à mes côtés peu importe ce qui allait arriver. Je peux te dire tout de suite que tu as failli à ta promesse.»

Je n'attendis même pas sa réponse. J'avais besoin de me défouler et si je ne voulais pas partir une bataille générale dans mon vestiaire, je devais partir et vite. Anto voulut faire un mouvement pour m'encourager ou je ne sais quoi, mais je l'arrêtai.

«Ne leur montre pas que tu m'appuies.» lui dis-je.

Je sortis de mon ancien vestiaire, laissant mes anciens amis et coéquipiers fâchés et déçus. Bourgeois Junior voulut passer un bras autour de mes épaules, mais je me dérobai et partis à courir. Il fallait que je cache tout objet dangereux.

J'étais fâchée. Contre Xavier parce qu'il était arrivé avant que je n'aie pu expliquer la situation à mon équipe et parce que j'étais maintenant obligée d'être sa blonde. Contre mon ancienne équipe parce qu'elle n'avait pas voulu m'écouter. Contre Coco parce qu'elle avait manqué à sa promesse. Mais surtout, contre moi-même parce que je n'avais pas su amasser l'argent nécessaire pour que tout ça ne soit pas nécessaire.

Je courus jusque Chez Gast. Je cachai mes affaires et repartis en courant. Je courus jusqu'au Centre Bell. J'ignorais pourquoi j'avais courus jusqu'ici. Il y avait une foule dehors qui criait. Ce soir, c'était le premier match des Séries des Canadiens. Ils jouaient en première ronde contre les Sénateurs d'Ottawa. Les Canadiens avaient sûrement gagné.

J'entendis quelqu'un crier mon nom. La prononciation était anglophone, alors ça m'aurait surpris que ça soit Xavier ou quelqu'un d'autre des Glorieux. Je me retournai et vis Nathan Beaulieu. Ma première réaction fut de me demander comment cela se faisait-il qu'il m'ait reconnu et ma deuxième fut de fondre en larmes.

Il m'amena dans le Centre Bell qui était vide à présent. Nous nous assîmes dans les estrades et je me calmai. J'avais honte de m'être mise à pleurer devant lui. Il ne me posa pas de questions, sûrement que ma vie ne l'intéressait guère. Je me mis à regarder la patinoire et les bannières qui étaient accrochées au-dessus.

«La dernière fois que je suis venue ici, j'étais avec mon père. J'avais neuf ans. J'étais fan de Saku Koïvu et Alex Kovalev. Ça fait huit ans. Aujourd'hui, j'ai 17 ans et je suis fan de Carey Price, Brendan Gallagher, Alex Galchenyuk, PK Subban et toi, dis-je un peu plus pour moi-même que pour Beaulieu.

- Et qu'est-ce qui t'as mis dans l'état où je t'aie trouvé?

- Je m'en vais jouer avec l'équipe que je déteste le plus dans ma ligue.

- Ton coach t'as échangé? me demanda-t-il.

- Non. Il ne ferait jamais ça.

- Je ne comprend pas.

- On a eu des problèmes avec notre aréna au début de l'année. On devait donner 10000$ au propriétaire, sinon il faisait mettre notre aréna par terre. J'ai signé un contrat avec le coach des Bears, l'équipe que je déteste, pour qu'il paye l'aréna, mais en échange, je devais changer d'équipe pour les Séries. J'ai joué mon dernier match avec mon équipe ce soir et mes amis que je connais depuis le berceau me déteste, narrai-je. Mes problèmes ne doivent pas vraiment t'intéresser.

- Je suis ton cadeau de Noël, c'est sûr que ça m'intéresse.»

Je ne pus m'empêcher de sourire en me souvenant comment nous nous étions rencontrés. Un sourire illumina son visage.

«Quoi? lui demandai-je.

- J'ai réussi à te faire sourire.»

Je ne rajoutai rien. Je retournai à ma contemplation du centre Bell. C'était sans doute une des dernières fois que j'allais pouvoir le voir comme ça. Étrangement, je me sentais bien. J'étais en paix avec moi-même. Tout ce que je pouvais faire maintenant c'était de me trouver de nouveau du travail et amasser les 1000$ qu'il me manquait.

«Je vais rentrer maintenant. Merci.

- Avant que tu ne partes, j'ai deux questions pour toi.

- Je t'écoute.

- La première est: combien de buts as-tu marqué ce soir?

- Tu ne me croirais pas si je te le disais.

- Je sais ce que tu es capable de faire avec tes patins et Anto m'a narré tes exploits.

- Est-ce qu'elle t'a dit quel était mon record de buts scorés en un match?

- Ouais, c'était une trentaine il me semble.

- 35.

- Pourquoi?

- Parce que je l'ai largement dépassé.

- Combien? 40? 50?

- Plus.

- 60? 100?

- Plus.

- Combien? J'avais dit 100 pour blaguer.

- 120.

- Wow!

- C'est quoi ta deuxième question?

- Est-ce que tu penses que mon numéro sera un jour accroché là-haut?»

Je regardai vers les bannières de tous les joueurs dont les numéros avaient été retirés. Béliveau, Dryden, Harvey, Lapointe, Robinson, Plante, Bouchard, Gainey, Lach, Moore, Maurice et Henri Richard, Roy, Geoffrion, Cournoyer, Morenz, Savard, Lafleur. Tous avaient joué pour les Canadiens plusieurs années, tous étaient des légendes.

Est-ce que Nathan Beaulieu se ramasserait là-haut avec eux un jour? L'avenir seul pourra nous le dire.

«Lorsque tu as été repêché, ils t'ont décrit comme un autre PK Subban. Tu as encore du chemin à faire, mais je suis sûre que tu pourrais y arriver.

- Sais-tu quoi?

- Quoi?

- Si tu jouerais dans la NHL, ton gilet serait retiré pour toutes les équipes de la ligue comme Wayne Gretzky.

- T'es sûre?

- Ouais.

- Ça serait cool.»

Je me levai et me dirigeai vers la porte par laquelle nous étions entrés, mais il m'interpella une dernière fois: «Kyra, n'oublie pas que parfois, le changement est inévitable et que ce que l'on pensait qui allait durer toute une vie, n'était en réalité que de passage.»

Les GlorieuxDove le storie prendono vita. Scoprilo ora