Jour 6 - Jeudi

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C'est sans sourire que j'entre dans le réfectoire sur mes béquilles. Je sens le regard inquiet de Julie alors que je m'assoie à table. Elle sait pourquoi je n'ai pas la pêche ce matin, mais même ses mots réconfortants ne peut pas réparer mon orgueil blessé. Elle essai de me joindre à leur conversation, mais je me contente de répondre par des onomatopées.

Je absorbée dans la contemplation de mon bol de cacao quand Mickaël fait irruption à notre table.

— Bonjour. Vous allez bien ?

Son air jovial me donne envie de me rouler en boule et de disparaître sur la table.

— Hey. Ça va bien et toi ? lui demande Myriam.

— Super. Prêt pour une après-midi de canoë ?

Le canoë Kayak ! J'avais totalement oublié que j'allais passer l'après-midi seule au chalet, pendant qu'ils iraient tous barboter dans l'eau... Pas de quoi me remonter le moral. Mica prend place à côté de moi alors que les discussions commencent à s'animer autour de cette sortie. Je relève la tête de mon bol et lui adresse un faible sourire. Je ne veux pas qu'il pense que je le boude - j'aurais d'autant plus l'air d'une adolescente sinon. Néanmoins il n'a pas l'air dupe et l'inquiétude commence à se peindre sur son visage.

— Ta cheville va bien ? me demande-t-il à voix basse.

— Ca va.

Je n'ai effectivement ressenti aucune douleur quand j'ai posé le pied par terre ce matin - et oui j'avais complètement oublié que je m'étais blessée ! - mais ça, il n'a pas besoin de le savoir. Voyant que ma réponse ne lui suffit pas je hausse les épaules.

— J'aurais juste aimé pouvoir participer à la sortie Kayak.

— Qui a dit que tu ne pourrais pas y aller ?

— J'ai pensé qu'avec ma cheville....enfin je ne veux pas me faire mal.

— A midi rejoins moi à l'infirmerie, je regarderais ta cheville. Mais ne t'inquiète pas, dans un canoë tu n'auras pas besoin de tes jambes mais de tes bras.

Sur ces derniers mots il pose sa main sur mon biceps, et le tâte pour en mesurer la taille.

— Enfin...si tu arrives à avancer ! ajoute-t-il en riant.

— Tu vas voir je vais te mettre la pâter !

Son sourire chaleureux est tellement communicatif que je ne peux qu'y répondre, le coeur partagé entre le désespoir de ne pas pouvoir le serrer dans mes bras, et le bonheur de le savoir à mes côtés.

Dans la grande salle, les discussions vont de bon train autour de deux sujets favoris: le canoë Kayak et le trek dont le départ est prévu demain. Mathieu m'a informé que la plupart de nos collègues se sont inscrits. Malgré les deux jours de marche en perspective, personne ne veut rater la nuit en chalet et le feu de camp.

— J'espère que ma cheville supportera la marche, dis-je à Mahieu assis à mes côtés.

— Je ne me fais pas de soucis. Tu as l'air d'être une warrior !

Après presque une semaine passée à ses côtés, je me rends compte qu'il est en train de devenir un bon ami. Sa bonne humeur, son sens de l'humour mais aussi son leadership rendent le travail à ses côtés un véritable plaisir.

Lorsque nos quatre directeurs d'agence entrent dans la salle, les conversations se tarissent jusqu'au silence complet.

— Bonjour à tous ! Nous n'allons pas être longs aujourd'hui car nous savons que vous avez la tête ailleurs avec le trek qui approche à grand pas.

A l'encre de notre histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant