Jour 14 - Samedi

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Le marché est tel que dans mon souvenir. Dans les nombreuses rues de Saint Bonnet en Champsaur, et près de la place centrale où trône une imposante fontaine, les commerçants ont déployés leurs étals de couleurs vives. Quelques touristes se promènent dans les rues, et se mêlent aux habitués pour acheter les spécialités de la région.

Mes yeux sont tout autant attirés par les produits vendus que par les façades des maisons. Les odeurs de tourtons emplissent mes narines, et revigorent mes nombreux souvenirs de cet endroit. Je me rappelle avoir déambulé dans ces rues avec mes grands-parents et y avoir joué aux explorateurs avec mes frères et sœurs. Les pavés, les fontaines et les bâtiments de styles anciens donnaient pour nous une allure moyenâgeuse au village. Combien de fois avons-nous emprunté ces rues exiguës qui nous rappelaient des passages secrets ?

Je ne compte plus non plus les tours de manège que mon grand-père nous emmenait faire. Le carrousel de la place du marché n'a plus aucun secret pour moi. J'avais l'habitude de monter dans une petite voiture décapotable, et je donnais toujours le meilleur d moi-même pour arriver à attraper la peluche lancée dans le manège par le gérant.

C'est un peu comme si j'étais de retour à la maison.

Depuis que nous sommes arrivés, Julie et Myriam s'extasient devant tout ce qu'elles voient. Elles sont d'ailleurs en train d'acheter une multitude de bijoux.

— Cass' viens voir, celui-ci irait parfaitement avec tes yeux.

Je sors de mes pensées et regarde le collier que Myriam montre du doigt. Il s'agit d'une chaîne en argent au bout de laquelle trône un pendentif vert en forme de larme. Simple mais élégant.

— Tu veux l'essayer ? me demande Julie.

— Non, c'est bon. Je ne sais pas avec quoi je le porterais, dis-je en haussant les épaules.

— Allé. Tu trouveras bien, insiste-t-elle.

— Je verrais plus tard.

Mon ton est un peu froid, mais je ne veux pas leur dire la véritable raison de ma réticence. Si je cède, ce collier sera lié à Saint Bonnet et à trop de souvenirs contradictoires. Il me rappellera ce voyage étrange, celui qui m'a fait regretter d'avoir grandi et ne pas avoir assez profité des moments que j'ai passé dans cette région étant plus jeune.

Nous continuons notre chemin, et j'espère sincèrement que les filles oublieront de repasser par ce stand quand nous partirons.

— Je crois que je me suis trouvé la robe de mes rêves !

Nous avions presque fait le tour du marché quand nous sommes tombés sur cette petite boutique de vêtements au détour d'une ruelle. J'ai regardé les filles faire le tour des rayons et entrer dans une cabine avec trois ou quatre robes à leur bras. Après plusieurs essayages, Myriam sort de la cabine vêtue d'une petite robe rouge mettant parfaitement en valeur tous ses atouts.

— Tu es magnifique !

— Merci. Je pense que je vais la prendre, dit-elle en faisant un tour devant le miroir pour s'admirer sous toutes les coutures. Et toi tu n'as rien trouvé ?

— Non, rien qui m'intéresse.

Pour être franche je n'ai pas vraiment fait attention en faisant le tour du magasin.

— Julie il faut qu'on lui trouve quelque chose pour ce soir.

— Oui !! Qu'on puisse parader nous trois dans de nouvelles robes, crie mon amie depuis la cabine.

— Je ne sais pas les filles. Je suis, un peu naze....

— N'essaie même pas de te défiler ! réplique Julie d'un ton dur.

A l'encre de notre histoireWhere stories live. Discover now