Jour 11 - Mercredi

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Sous le soleil de cette fin d'après-midi je savoure le plaisir de sentir mes muscles travailler. Nous courrons depuis 20 minutes autour du centre et j'ai l'impression que je pourrais encore parcourir plusieurs kilomètres. Seul le bruit de mes baskets sur le sol, tantôt dur tantôt tendre, rythme mes pensées. Je ne pense à rien d'autre. Tout le noir que j'ai broyé ces derniers jours a été expulsé par l'effort physique. Mes muscles ont d'abord criés quand je les ai si brutalement sortis de leur torpeur, mais ils ont finit par retrouver leur rythme de croisière.

J'affiche enfin mon premier sourire de la semaine.

- On s'arrête ! crie Julie à bout de souffle.

Nous sommes revenu à notre point de départ: le terrain de basket où deux équipes s'affrontent.

- Déjà ?

Les mains sur les genoux, elle relève la tête pour me lancer un regard noir qui me fait éclater de rire. Qu'est-ce que ça fait bien de rire de nouveau !

- Quand on rent...rentrera à Lyon ...rappelles moi de... de venir courir avec toi le... mercredi midi.

- Pas de soucis, compte sur moi pour le faire. Allez viens on va aller s'étirer !

Elle grogne en se relevant mais finit par me suivre. Nous récupérons nos serviettes pour en faire des tapis de gyms et les étalons sur l'herbe. Dans mon dos, j'entends les cris des joueurs et de leurs spectateurs.

Ils me rappellent le match de la semaine dernière et l'infirmerie...

Non, il faut que j'arrête de m'infliger ça. S'il a pu faire comme si rien ne s'était passé, je peux faire pareil.

- Écarte les jambes à hauteur d'épaule. Prend une grande inspiration et essai d'aller toucher ton pied droit en gardant les jambes tendues, dis-je à Julie avant de m'exécuter.

Mes muscles tirent un peu. Ils me rappellent que je ne les ai pas fait travailler depuis plus d'une semaine. J'accepte cette douleur avec bonheur, elle m'aide à me vider l'esprit. Grâce à mes quelques années d'entraînement de danse, j'ai gardé la souplesse que j'avais acquis plus jeune. La garder n'est pas toujours simple - il suffit de s'arrêter pendant plusieurs semaines pour perdre des mois d'entraînement - mais je fais mon possible pour l'entretenir. Ce travail quasi quotidien ne m'a jamais pesé. Au contraire, il rythme ma vie, et m'oblige à me lever le week-end ou à sortir de chez moi le soir pour aller courir.

- Je crois qu'il y en a un qui admire la vue.

- Hein ?

Je relève la tête et voit que Julie - qui avait imité ma position face à moi - s'est relevée. Elle désigne d'un mouvement de tête le terrain de basket. Je rougie violemment en comprenant de quelle vue mon amie parle, et me retourne. Mon regard est aussi attiré par deux yeux couleur chocolats. Mica, torse nu, est immobile au milieu du terrain, et regarde dans notre direction. Les muscles de mon ventre se serrent à la vue de son torse taillé, et du léger filet de sueur qui fait reluire sa peau brunie par le soleil. Les cheveux tirés en arrière, il a l'air d'un parfait Adonis. A peine nos regards se sont-ils croisés qu'il se détourne, et cours vers ses partenaires déjà de l'autre côté du terrain.

- Je crois qu'il avait la bouche ouverte grande ouverte !

- Arrête de dire n'importe quoi. Il était juste perdu dans ses pensées, je réponds un peu sur la défensive.

De toute façon même s'il me reluquait qu'est-ce que ça aurait changé ? Rien. Il a été assez clair là-dessus.

- Ses pensées... Oui, oui, bien sur...

A l'encre de notre histoireWhere stories live. Discover now