Chapitre 1

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Sept ans plus tard.

( gif : Louise Kepner, 24 ans )

Je sors de l'aéroport exténuée et voir ma mère qui m'attend ne m'aide absolument pas à me sentir moins fatiguée. Je me force à sourire en tirant mes deux grosses valises avec moi et les tends immédiatement à mon frère qui les met dans le coffre de la voiture pendant que je sers ma mère dans mes bras.

- Ma petite fille, quatre ans quand même que je ne t'ai pas vu, laisse - moi te regarder ! s'exclame ma mère les larmes aux yeux en m'examinant.

Elle exagère, nous avons beaucoup parlé sur skype et je lui ai souvent envoyé - voir chaque mois - des photos de où je me trouvais. Je savais depuis le départ qu'en me lançant dans l'humanitaire je ne serais pas souvent à la maison. Et c'est exactement ce que je voulais.

- Tu n'imagines même pas ce qui t'attend à la maison sœurette, s'esclaffe Davis.

Je soupire en imaginant tout le chichi que ma mère a pu préparer pour mon retour. Je ne reste que de juin jusqu'à début septembre et à la tête de ma mère c'est comme si je faisais mon come-back.
Sur le chemin pour la maison, je me rends compte que j'ai réussi à ne pas finir comme mes parents - surtout mon père - qui ne pensent qu'à l'argent et au coup bas de la politique. Je prie juste pour que Davis est aussi la volonté de défendre ses centres d'intérêts, il aura bientôt dix - huit ans. L'âge de la rébellion non ?

- Éclipse de temps -

- T'as vraiment eu de la chance que je sois venue te secourir.

- Tu m'étonnes, fis - je en faisant tourner le contenue de mon verre grâce à ma paille.

Je sirote mon mojito et balaye du regard le petit bistrot où Sara m'a emmené en me délivrant de ma famille. Sara est ma plus vieille amie, nous nous sommes connues au Lycée et ça fait maintenant neuf ans que nous nous côtoyons. Elle voyage beaucoup elle aussi, et quand il m'arrive d'être dans des pays moins pauvre - qui ne comportent pas de bidonville ou de famine globalement - nous nous arrangeons pour nous voir. Ce qui se fait quinze ou vingt fois par an mais seulement pour quelques jours.

- Vu que tu es là pour la coupe de l'euro, je nous ai pris des places pour le match France - Roumanie.

- Tu plaisantes ?

Elle me regarde en haussant les épaules. J'ai arrêté de m'intéresser au foot depuis... longtemps.

- Quelle utilité de voir des mecs qui gagnent des millions juste pour courir après un ballon, tu m'expliques ? Alors qu'autour de nous des gens meurent de faim, des enfants meurent de faim ! Je trouves ça révoltant.

- Relaxe - toi deux minutes Louise, souffle t - elle, C'est notre pays qui va jouer et on va le soutenir ! En plus je connais quelqu'un qui nous a eu des places dans l'espace destiné aux proches des joueurs.

Elle accompagne ses derniers mots d'un clin d'œil aguicheur que je ne manque pas de réprimander.

- Tu ne penses pas que si ces places sont réservées aux proches, c'est qu'il y a une très bonne raison ?

Elle explose de rire avant de boire une gorgée de son cocktail rose bonbon. J'en ai presque des frissons de répulsions.

- On s'en fiche, on a les meilleures places!

Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire d'elle ? Un bruit résonne dans tout le bistrot et je me retourne violement. Ils viennent d'allumer leur gigantesque écran plasma. Ce n'est pas que je n'ai jamais vu un écran de ma vie, mais là où j'ai pu être, les gens étaient bien trop pauvre pour avoir ne serait ce que la radio. J'ai presque l'impression d'être une paumée.

- Les cheveux court ne te manquent pas ?

- Si beaucoup, je m'occuperai d'eux plus tard le temps qu'ils reprennent une couleur plus naturelle.

Elle acquiesce et nous nous tournons toutes les deux vers l'écran où un match de boxe est diffusé, enfin un truc que j'apprécie.

Ce n'est que vers vingt-trois heures que nous décidons de quitter le bar. Je décide de dormir chez Sara afin d'éviter mon père qui sera sûrement énervé à mon retour et me reprochera d'être la honte de la famille. Merci mais très peu pour moi.

Nous. [ Antoine Griezmann ]Where stories live. Discover now