Chapitre 32

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- Éclipse de quelques heures -

Point de vue d'Erika Choperena.

Je décide finalement de rentrer en Espagne dès ce soir, je ne me sens vraiment pas d'attaque à rester en France. J'avais espéré pouvoir parler à Antoine mais il a été hors d'atteinte tout le long de l'après - midi. Je braque vers une quatre voie et mes yeux dérivent sur la lettre poser à la place du mort. C'est une certaine Maya qui me l'a confié. J'ai d'abord cru qu'elle se trompait de personne jusqu'à ce que je reconnaisse l'écriture de Louise dans les lettres qui forment ensemble mon prénom. J'ai tellement peur de l'ouvrir, je sais que je suis sensible et que je risque de pleurer avant même de l'avoir réellement ouverte. Je freine brusquement en me rendant compte que j'ai oublié mon passeport à mon Motel. Bravo Erika ! Je fais demi-tour, heureusement pour moi la route est déserte car ce petit tour de manège m'aurait valu mon permis.

Je prends un raccourci et passe dans une ruelle peu fréquentable, je décide d'entrer et de ne pas m'attarder ici lorsqu'une silhouette familière m'interpelle. Je ralentis et force sur ma vue, ce n'est pas facile de voir quelque chose dans le noir. L'homme en question se plie en deux et se met à ingurgiter sur le trottoir en face d'un pub. Je gare ma voiture et sort de celle - ci avant de me précipiter vers l'homme et.. j'avais vu juste. C'est bel et bien Antoine.

- Antoine ?

Il lève la tête vers moi et se met à avancer en titubant. Il est complètement saoul et manque presque de se ramasser plusieurs fois en s'avançant vers moi. Je me précipite vers lui et le rattrape de justesse. Je passe son bras autour de mon épaule en essayant de le soutenir le plus possible avec l'aide de mon faible corps et je suis très vite épatée par ma force.

- Ça va aller, lui murmurais - je en l'entraînant vers ma voiture, Je vais te ramener.

Il acquiesce complètement dans les vapes et je l'installe sur le siège passager tout en baissant légèrement le siège pour qu'il puisse se reposer le plus possible. Je fais le tour et m'installe à mon tour avant d'entrer l'adresse de sa maison. Encore heureux que j'ai une bonne mémoire et que je me rappelle de l'adresse que Louise m'avait donné dans son mail lorsqu'elle m'a contacté pour que nous nous rencontrions. Elle m'avait donné l'adresse de sa maison en France avec Antoine au cas ou je passerai par là. Le GPS localise la route assez vite, ce n'est qu'à trente minutes. Je roule pendant une bonne vingtaine de minutes lorsqu'Antoine se redresse d'un coup et colle son visage à la vitre.

- Où tu vas ?

- Chez toi.

- Hors de question ! s'exclama t -il hors de lui.

Il déviât le volant et nous manquons presque de faire un accident.

- Tu es complètement dingue ma parole !

Je lui lance un regard furieux, le cœur battant à cent à l'heure. Il a l'air tétanisé et s'enfouit dans son siège avant de reprendre la parole.

- Je ne rentre pas dans cette baraque. Je ne rigole pas Erika.

- Pourquoi ?! C'est bien chez toi non !

Je suis complètement hors de moi, il a faillit nous faire tuer quand même ! Je me tourne vers lui attendant une réponse. Il se mord la lèvre inférieur et j'ai comme l'impression de voir des larmes se formaient au coin de ses yeux. Mon cœur se brise immédiatement et il détourne son regard du miens.

- Ce ne sont pas tes affaires, emmènes - moi chez Mathieu.

Il entre une adresse qui m'est inconnue, mais je ne proteste pas car il n'y a que dix minutes de trajet. Nous roulons en silence, quelques fois j'entends Antoine gémir, sa tête doit lui faire atrocement mal et il a blêmit. J'ai bien peur qu'il soit sur le point de vomir. Je m'arrête devant un immeuble et envois un message du portable d'Antoine à ce Mathieu. Cinq minutes plus tard, il sort de l'immeuble et se précipite vers moi. Je le désigne Antoine sur le siège passager et il soupire.

- Merci, de l'avoir ramener jusqu'ici.

- Il n'y a pas de quoi.

Il acquiesce et sort Antoine de ma voiture. Il se met à vomir sur le trottoir, loin de ma voiture. Encore heureux. Je me précipite vers eux pour aider Mathieu mais il me fait non de la tête. Je me rappelle à présent que je l'avais déjà vu à l'hôpital, une fois, et me rappelle également qu'il est médecin. Je suis soulagée de laisser Antoine entre de bonne mains et les regarde s'éloigner avant d'entrer de nouveau dans ma voiture. Il est déjà une heure du matin, je crois que je vais retourner à mon Motel et y dormir ça sera plus simple. Je m'apprête à démarrer lorsque je repense à la lettre de Louise. Il faut que je la lise. J'étends mon bras vers la boite à gants, là où je l'ai rangé, et m'empare d'elle. Il me faut une bonne dizaine de minutes avant de me décider à l'ouvrir. J'inspire et j'expire un bon coup avant de sortir la lettre et de déplier le papier qui laisse apparaître trois feuilles à la suite.

<< Erika,

Si tu lis cette lettre aujourd'hui, c'est que je suis déjà partie. J'ai bien réfléchi à la façon dont j'allais te dire tout ça et j'en ai trouvé aucune qui te menagerais. Je sais que nous en avions déjà parlé et je sais aussi que tu feras tout ton possible pour être là pour lui, ce qui me procure une certaine sérénité. À l'heure où je t'écris, je suis de retour en France. Antoine n'est pas présent mais je sais qu'il sera bientôt de retour, Alors je ne m'inquiète pas. Tu es une femme extraordinaire, du moins c'est ce que j'en ai conclu avec le peu que je sais de toi. Je suis jalouse, extrêmement jalouse parce que tu peux rester auprès de lui et pas moi, je sais que je ne devrais pas et pourtant je le suis. Ce n'est pas méchant et je ne veux pas que tu te mettes à culpabiliser, tu devrais le prendre comme un compliment. Je vais te faire part de certaines choses dans cette lettre dont je suis la seule à garder le secret et il n'est pas facile à entendre. Je l'aurais emporté dans ma tombe si je le pouvais mais je ne peux pas, je n'ai pas le droit de faire ça à Antoine et tu es la seule qui partagera un jour sa vie, du moins je l'espère, comme j'espère également que tu intégrera ce terrible secret dans votre avenir. Alors nous y sommes, il y a [...] >>

Je laisse les feuilles glisser hors de mes mains. Je ne m'attendais pas mais alors là absolument pas à ça et je regrette presque de devoir garder ce lourd secret à présent. Oh Louise, qu'as - tu fais ?

Nous. [ Antoine Griezmann ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant