Chapitre 2

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- Cinq coups, lui rappela Olivier d'un ton ferme.

- Oui.

Ils en avaient parlé ensemble, déjà, avant qu'il ne prenne une décision à ce sujet. Mathieu préférait suivre ses impulsions : planifier, programmer à l'avance le gonflait, quel que soit le domaine concerné mais encore plus lorsqu'il s'agissait de sa vie sexuelle - la domination en faisait partie -, mais Oliv' avait été catégorique. Non seulement la séance se passerait chez lui, mais il s'était assez pris d'affection pour Claire, déjà, pour vouloir la protéger. Même si Olivier ne l'avait pas exprimé verbalement, Mathieu l'avait compris. Il en était même amusé. Il s'était plié à sa demande en conséquence.

- Elle y arrivera, dit-il, avant de lui rappeler : Et puis elle connait déjà la canne.

- Ce n'est pas le même objet, modéra Oliv'.

- Ce n'est pas si différent.

Sur le plan de l'intensité, du moins. Celui qu'il allait utiliser offrait d'autres possibilités.

Voir Olivier lever les yeux au ciel ne fut pas loin de le faire rire. Son pote ne lui laissait que rarement passer ses légèretés.

- Tu n'avais pas frappé pour la marquer.

- Exact.

Olivier avait raison : c'était différent.

- En quoi est-ce que ça change ? demanda Claire.

Elle était restée assise sur le fauteuil en face d'eux et buvait lentement son thé. Son calme le captivait. Il avait pris le temps de lui expliquer avec quel objet il allait procéder à ces marques, mais Olivier faisait naître de nouvelles interrogations avec ses interventions. Il réfléchit avant de lui répondre.

- La première fois, combien de temps as-tu gardé de traces sur ta peau  ?

Il la vit chercher dans sa mémoire.

- Trois-quatre jours.

- Celles-ci dureront plus longtemps.

Le regard de Claire ne vacilla pas.

Il ajouta :

- Dans quatre jours, elles seront parfaites.

Du moins, c'était ce qu'il voulait : la ligne sombre, dénuée de boursoufflures, juste tracée comme un coup de pinceau.

- En plus du fait qu'il y en aura moins, aussi, ajouta-t-il. La différence est dans l'intention. On peut décider de frôler, de marquer des percussions...

Il repensa à la manière dont elle était parvenue à l'orgasme, la première fois, avec la canne. Il eut envie de l'y conduire de nouveau, mais il savait que ce serait différent.

- On peut décider d'apposer de jolies marques, ajouta-t-il.

Il sourit, provocateur, et se pencha vers la table basse pour saisir son propre café et en boire quelques gorgées. Assise, Claire serrait toujours ses doigts sur sa tasse, l'acuité de son regard témoignant de l'attention qu'elle portait sur eux.

Pas une fois depuis sa décision de l'accompagner de nouveau au club, elle n'était revenue dessus, même s'il n'avait cessé de penser qu'elle se défilerait. Elle l'avait assez fait, auparavant. Il en avait été étonné. Il savait qu'elle n'était pas sûre d'elle, ou ne l'était pas encore assez, mais qui l'était jamais vraiment dans cette sexualité ?

Il contempla l'expression de Claire : cette façon qu'elle avait de sembler s'introduire dans l'esprit de ceux qu'elle regardait.

- Vas-y doucement, le mit de nouveau en garde Oliv'.

- Je sais.

Mais il n'en avait pas envie.

Il fixa la lanière de cuir qu'il avait déposée plus loin, sur une desserte du salon d'Olivier. Sa simple vision nourrit encore plus le feu qui gonflait en lui. Il devait passer à l'acte.

- Tu es prête ? demanda-t-il brusquement à Claire, tout à ses pensées.

- Oui, lui répondit-elle sans hésiter.

- Tes passwords.

Elle les répéta, stoïque.

Même si elle avait décidé de lui faire confiance, elle pourrait revenir éventuellement dessus, il le savait. Claire aimait la possession de son corps, la manière dont il usait d'elle, la rudesse de ses actes... Tout ça, il voyait clairement l'excitation qu'elle en retirait. Mais, si ce n'était la fessée qu'il lui avait donnée entre temps, elle n'avait pas goûté à ses coups depuis sa séance au donjon.

- Je vais avoir mal ? demanda-t-elle soudain.

La question le surprit. Il se demanda ce qu'elle attendait en la posant : elle connaissait la réponse donc elle ne pouvait pas chercher une simple confirmation. Il la savait plus fine que ça.

- Oui...

Olivier fut plus transparent dans sa réaction. S'il ne laissa pas passer un mot, Mathieu comprit l'interrogation de Claire en la voyant l'observer : pour voir « à quel point » la douleur serait forte dans ses yeux. Et ceux d'Oliv' s'étaient suffisamment plissés pour en donner une idée. Olivier ajouta :

- Mathieu frappe fort.

Claire acquiesça. Ce n'était pas une révélation, pour elle.

Mathieu éprouva la nécessité de prendre le pouvoir. Maintenant.

- Finis ton thé, dit-il d'un ton sec.

Elle but ses dernières gorgées. Olivier le seconda aussitôt ; lorsqu'il s'adressa à Claire, son attitude ne laissait plus de place à la contradiction :

- Lève-toi.

Elle s'accomplit. Oliv' fit de même.

- Enlève ta jupe et ta culotte.

Elle déboutonna peu à peu la première, mais, ce faisant, elle tourna le visage vers Mathieu et il put voir, dans son regard, à quel point elle se battait contre ses réserves pour se remettre ainsi à ses mains. Et à quel point elle était dans le doute, encore, bien qu'il soit évident qu'elle avait décidé de passer outre. Le trouble qu'il éprouvait fut majoré.

L'initiation de Claire - Version Wattpad (roman édité chez Harlequin)Where stories live. Discover now