Chapitre 35

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Claire encaissa les mots, troublée. Elle tourna la tête vers Isabelle. La conscience de ce à quoi elle se livrait faisait battre son cœur vivement.

– Dark Vador, lâcha-t-elle.

Puis elle ajouta :

– Obiwan Kenobi.

Un infime sourire se peignit sur les lèvres d'Isabelle à l'entente de ces safewords peu conventionnels.

Elle adressa à Mathieu un regard amusé.

– Tu lui as dit les tiens ?

– Non.

Elle ne poursuivit pas. Elle choisit juste ce moment pour s'approcher de se Claire et laisser glisser ses doigts sur l'arrondi de son sein... jusqu'à atteindre son mamelon. Lorsqu'Isabelle le fit doucement rouler, les décharges de plaisir qui en irradièrent furent si vives que Claire se tendit. Ses tétons étaient devenus tellement sensibles ! Isabelle la relâcha.

Claire essaya de reprendre ses esprits. Elle ne savait vraiment plus où elle en était.

– Ce n'est pas la première fois que tu te montres ainsi, souffla Mathieu.

Son expression était aussi solide que Claire se sentait mouvante, et ses yeux recélaient toujours ces profondeurs qui la faisaient si aisément se noyer, reflets d'abîmes, d'obscurités fascinantes, mais pas seulement. Au-delà du désir, elle pouvait de plus en plus y voir cette fissure – jumelle à la sienne – qu'il l'avait laissée creuser en lui, ce besoin qu'il lui exprimait, ce lien, puissant, qui s'était mis en place, entre eux.

La notion de soumission, toujours, planait sur eux. Ce pourquoi elle était là. Ce qu'elle voulait. Ce qu'elle avait voulu savoir d'elle, ce à quoi elle avait décidé de se donner.

A lui.

Elle confirma :

– Non.

Mathieu la fixa.

Comme pour sceller ces mots, il repoussa ses genoux vers le haut, la faisant haleter tandis qu'il la pliait, puis, sans lâcher son regard, recula doucement pour faire ressortir son sexe avant de s'enfoncer de nouveau en elle, passant la paroi à l'entrée de son corps en un acte de possession qui la fit se raidir de tout son être

Mathieu ne s'arrêta plus, alors. Il fit de longs va-et-vient, creusant sa chair et manifestant, de par ses paupières fermées et la manière dont ses mèches battaient contre son front, dont son corps en entier se mouvait, dont sa respiration se faisait plus lourde et ses gestes plus brusques, tout le plaisir qui était le sien. C'était comme si tout ce qui n'était pas eux méritait d'être oublié, comme si ne comptait plus que la sensation de leurs deux corps se mêlant et la jouissance en résultant. Et Claire le sentait aussi : ce lien, fou, qu'il y avait entre eux. Cette sensation de lui, juste lui, et de son sexe en elle, si forte, si imposante... Les déhanchements de Mathieu la poussaient à la limite entre le plaisir, intense, et la douleur, tant son membre l'ouvrait et tant ses coups de reins étaient sans concession. Et pourtant, c'était ce qu'elle voulait : cette force, cette union dans l'abandon... Lui, en elle. Lui.

Lorsqu'elle rouvrit le regard, elle dut néanmoins ravaler la jalousie qu'elle éprouva en voyant Isabelle tout près de Mathieu, en train de poser la main sur son bras pour suivre ses muscles en tension. Elle ne s'était pas attendue à ça. Mathieu eut un bref rire, tout d'un coup solaire, dans ce revirement de comportement soudain qu'il pouvait parfois avoir, comme si le fait d'avoir été tiré de son extase par ce geste intrusif avait chassé le dominant en lui. Il redevint plus dur dans la seconde suivante. Quand Isabelle passa une main sur son torse, il pencha la tête sur le côté et ralentit ses mouvements en adressant un regard taquin à Claire.

– Tu crois qu'elle a le droit de me caresser ainsi ?

Claire déglutit. Son membre entrait et sortait lentement d'elle, l'empêchant de réfléchir.

– Je...

Elle essaya de faire fonctionner son cerveau, mais c'était difficile. Sa seule pensée fut que, si Mathieu laissait Isabelle la caresser, elle n'avait pas de raison de lui refuser la pareille. Elle demanda :

– C'est à moi de le dire ?

Mathieu lui adressa l'un de ses plus beaux sourires.

– Oui.

Sa réponse la toucha. Il y avait du don, là-dedans. Claire prit la mesure de ce qu'il lui offrait : ce pouvoir qu'il lui accordait, ce choix qu'il lui donnait...

Elle ne prononça aucun mot de plus.

Isabelle fit descendre lentement ses mains sur le torse de Mathieu. Il n'arrêta pas ses gestes. Pas plus qu'il ne le fit quand elle lui attrapa brusquement les cheveux pour les tirer en arrière, dominatrice soudain. Il se laissa juste faire avec un regard curieux, attendant de voir jusqu'où elle irait. La confrontation était évidente, entre eux. Quand elle fit glisser ses doigts jusqu'à la jonction entre sa verge entre le corps de Claire, il ne bougea pas plus. Elle relâcha enfin sa chevelure.

Claire la sentit frôler lentement le tour de son orifice, là où le sexe de Mathieu était profondément enfoncé en elle, là où il l'ouvrait.

– Joli, commenta Isabelle, de sa voix froide qui revêtit, sur l'instant, des accents de fascination.

Puis elle enserra le sexe de Mathieu, Claire put le sentir à la façon dont elle le força à ressortir légèrement d'elle pour y enrouler ses doigts.

Isabelle releva le visage vers celui de Mathieu.

– Il tient à peine dans ma main, dit-elle avec un regard taquin.

Il en eut un sourire amusé.

Quand elle se mit à caresser vivement son sexe, l'expression suffisante de Mathieu se fana cependant. Il se mordit même la lèvre tandis que Claire encaissait les percussions que le poing d'Isabelle engendrait en butant contre son orifice. Le gland de Mathieu était encore en elle et elle les stimulait tous les deux, ainsi. A tout instant, Mathieu pourrait l'arrêter et même la repousser durement, c'était plus que visible à son attitude, et celle d'Isabelle montrait bien qu'elle-même ne savait pas à quel moment il déciderait de s'opposer, mais il la laissa agir. Il semblait hésiter à ce sujet ou... peut-être plus, attendre de voir.

Isabelle ralentit enfin. Elle cessa ses mouvements pour passer sur le corps de Claire, et frôler son entrée avant de remonter sur sa chair.

Lentement, elle passa le long de sa fente, en récoltant l'humidité sans s'y enfoncer pour autant.

Le cœur de Claire battait à toute allure.

Isabelle posa alors sa main sur son ventre, pressant dessus tandis qu'elle se penchait sur son visage.

– N'oublie pas tes safewords, murmura-t-elle.

Comme un conseil. Comme une phrase là pour l'aider.

– Ne les oublie jamais.

Et, tout aussi doucement, elle enfonça deux doigts dans son vagin, la soumettant à une tension qui la fit hausser le bassin de réflexe et tirer légèrement sur les contraintes qui retenaient ses poignets. Pour rien. Elle ne prononça pas ses safewords pour autant.

Elle vit juste Isabelle tourner les yeux vers Mathieu pour lui exprimer quelque chose de par son regard. Elle semblait dire « je vois » ou... « je comprends ». La confirmation d'une conversation qu'ils avaient eue, peut-être, ou d'une compréhension à laquelle elle était parvenue seule. Claire ne savait pas. Claire ne savait plus rien, de toute façon. Ses sens étaient en feu et elle doutait de pouvoir encore saisir quoi que ce soit.

La voix d'Isabelle fut douce, attentive...

Ses mots n'en furent pas moins crus.

– Baise-la, souffla-t-elle.

L'initiation de Claire - Version Wattpad (roman édité chez Harlequin)Where stories live. Discover now