L'initiation de Claire - Version Wattpad (roman édité chez Harlequin)

Chapitre 87

Note de l'autrice : Reprise de la publication et fin !

***

Elle souffla :

– Tu veux que je te détache ?

Elle ne savait pas vraiment si elle, elle le voulait, mais elle avait d'abord besoin de savoir ce que Mathieu éprouvait. C'était lui, qui était contraint. Lui, le captif.

Il laissa passer plusieurs secondes. Ses yeux étaient des gouffres, mais plus chargés de lumière qu'obscurs, désormais, captivants.

Il dit seulement :

– C'est toi qui décides.

Elle, donc... Elle qui choisissait. Elle qui menait le jeu. Lui qui s'y pliait. Les règles étaient claires. Et elle sentait encore ces rênes entre ses mains, ce pouvoir qui l'avait envahie si vivement, cette étendue de choix, soudain si vaste.

Mais elle, que voulait-elle, seulement ?

Elle contempla ce qui se produisait en elle. Ce qui pulsait, ce qui exigeait libération.

Lui.

Elle le voulait, lui. Pas même juste sur l'instant. C'était au-delà du lieu, du temps et de toute réflexion.

Lentement, elle leva les bras et, dans un geste naturel, elle se colla à lui pour encadrer son cou, réduisant la distance entre leurs visages à un rien, un souffle, une poussière. Elle accueillit la vague d'émotions qui la traversa. Toucher la peau de Mathieu avait des airs de magie, être contre lui, sentir sa respiration... Elle se concentra sur ses lèvres. Elle pencha même la tête pour en éprouver plus vivement la promesse, les frôlant.

Mathieu ne bougeait pas. Il la dévorait des yeux mais il continuait à lui laisser le pouvoir.

Elle ne vacillait pas. C'était comme Mathieu le lui avait dit. Elle contrôlait encore, dans une sensation double, en elle : le tsunami et la maîtrise. Il lui avait demandé, déjà, dans l'herbe, si elle voudrait l'attacher, et elle lui avait répondu « oui » dans l'évidence, et l'évidence était encore là. Mathieu contre son corps, sa bouche à portée de la sienne, était cette évidence à laquelle tout en elle la poussait. Comme elle, attachée à la merci de Mathieu, en était une autre. Qu'importe le sens, qu'importe l'ordre du jeu des pouvoirs, elle le savait, maintenant. C'était toujours du don, dans les deux cas. Du don de l'un à l'autre. Quelque chose qui les liait tous deux, juste lui et elle. Elle. Et Lui.

Elle éprouva l'effleurement de sa bouche et tout ce qu'il y avait de lancinant à la savoir prête à être saisie, offerte et disponible. Elle ne s'en empara pas pour autant. Le pouvoir la brulait. Le besoin aussi.

Lentement, elle pencha le visage, plus bas, sous la ligne de la mâchoire de Mathieu, et elle baisa le cou qui se présenta à ses lèvres, embrassant de l'or, buvant sa chair, et explorant le picotement qui naissait sur sa bouche à chacun de ses contacts avec sa peau. Puis elle releva le visage vers celui de Mathieu et, soudain, elle souffla, dans la prise de conscience soudaine de cet aveu qui n'était pareil à nul autre :

– Tu es à moi ?

C'était de la surprise qu'elle exprimait. Elle ne se rendait véritablement compte qu'alors de ce que portaient ces mots, de leur réalité et de leur poids... de tout ce qu'ils voulaient dire. Avant, ils avaient été trop flous, elle avait eu du mal à les comprendre, et là elle les voyait. Elle voyait à quel point ils étaient grands, et à quel point ils étaient beaux, et tout ce qu'ils contenaient.

– Oui.

Une réponse simple, pure, instantanée, évidente, sans demande en retour... Comme toujours avec Mathieu.

Elle la sentit entrer profondément en elle. Puis elle souffla, dans une prise de conscience parallèle :

– Je veux être à toi aussi.

Mathieu la fixait comme si elle était un monde à elle toute seule.

– Tout ce que tu veux.

Elle se mordit la lèvre.

– Je veux te voir jouir, dit-elle enfin.

C'était la pulsion qui grandissait en elle. Ce qui avait besoin d'être vécu, à cet instant-même où le rapport de forces avait été inversé. Où ils étaient tous deux dans le don. Ce besoin de faire entrer dans sa peau ce qu'elle éprouvait. De combler les mots par la chair.