A7. Voir

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Rien n'allait plus dans ma vie.
J'étais seul, j'avais un travail que je n'aimais pas, je n'avais pas de temps pour voir mes proches qui, de toute façon, habitaient trop loin.
Alors, j'ai décidé d'aller faire un tour, pour me dégourdir un peu. Je suis sorti de l'immense gratte-ciel de verre dans lequel je travaille et suis allé dans un parc.
Il était plutôt joli, le soleil brillait... mais trop fort.
Il y avait des enfants qui jouaient... mais partout et trop bruyamment.
J'ai vu un marchand de gaufres, mais il y avait beaucoup trop de monde qui attendait.
Je me suis donc assis sur un banc et j'ai commencé à observer la vie dans ce parc.

"Bonjour"
Un homme assis de l'autre côté du banc venait de parler. Ne répondant rien, je regardais aux alentours pour voir à qui était désigné cet appel.
"Inutile de regarder ailleurs, c'est à vous que je m'adresse, dit il avec politesse.
- Euh... Bonjour monsieur.
- Il fait beau, vous ne trouvez pas ? Passez vous une bonne journée ?
- Le soleil est trop éblouissant...
- Ah oui ? Je n'avais pas remarqué. Le parc est joli à cette époque de l'année."
Il avait dit cette dernière phrase d'une telle manière que je ne savais pas si c'était une question ou une affirmation. J'ai donc répondu par oui et il a reprit.
"Quelle bonne odeur de gaufres. Cela me donne faim tout à coup.
- Mais il faut quand même attendre une queue monstre pour en avoir une...
- Vous n'êtes pas heureux ?
- Je ne vois pas comment je pourrais l'être. Je suis à des kilomètres de tous mes amis, de ma famille, j'ai un travail qui m'ennuie, je...
- Démissionnez ?
- Ce n'est pas aussi simple... Donc, pour répondre à votre question, je ne suis pas heureux. Comment faites vous pour l'être ?
- L'avantage d'être aveugle, c'est que même si on ne voit pas ce qui va bien, au moins on ne voit pas ce qui va mal. Je ne peux pas voir ni les oiseaux dans le ciel, ni les enfants qui jouent, ni le soleil éblouissant, ni le marchand de gaufres. En revanche, je sens les rayons du soleil sur ma peau, j'entends le chant des oiseaux et les rires des enfants et je sens l'odeur des gaufres. Je ne peux pas voir ce qui va mal dans ce paysage mais au moins je ressens ce qui est bien."
Abasourdi, je ne prononce plus un mot. Il reprend d'une voix calme :
"La vie n'est pas simple pour vous comme pour moi. Mais tant qu'il ne pleut pas, je considère que le temps est agréable."

Puis il se leva et parti. Je reprenais mon travail dans mon bureau, tout en pensant à cet aveugle. Il ne voit pas ce qui va mal, alors il ressent ce qui est bien.

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J'espère que cet aléatoire 7 vous a plut.
Ohlala, nous sommes déjà au 7 ! Et il y a 71 vues !
Dites moi si vous aimeriez des textes différents, que ce soit en genre où je ne sais pas...
Pour l'instant, cela tourne autour de l'énonciation, le genre romanesque plutôt mais je vous réserve quelque chose de très different pour le prochain aléatoire qui arrive très très bientôt.

aléatoire Onde histórias criam vida. Descubra agora