Tu en auras mis du temps

163 26 2
                                    


La passion avait quitté nos corps et nos cœurs. L'affection avait déserté nos esprits et nos cœurs. L'attirance avait fui nos personnalités et nos cœurs. Que restait-il de l'amour en nos cœurs ?

Nous n'arrivions pas à nous aimer. Nous ne pouvions même pas nous regarder. Pourquoi ? Pourquoi nous repoussions-nous ainsi ? Qu'était-il arrivé pour que la haine soit devenue seul lien entre nous ?

Ce n'était pas la trahison. Tous deux fidèles, cette idée ne nous avait jamais traversé l'esprit. Ce n'était pas les secrets. Nous vivions ensemble, partagions tout. Le meilleur comme le pire. Cela nous convenait. Un manque de communication ? Non, nous parlions ensemble, nous ressentions ensemble. Des problèmes financiers ? Nous n'en avions aucun. Et quand bien même, cela n'aurait pas eu d'importance.

Peu importait les possibilités, rien n'aurait pu expliquer. Nous étions parfaits, pourtant la flamme avait disparu pour laisser place à une haine et une peine absolue.

Me regardant de ses yeux perçants, il me jugeait.

Une feuille posée sur la table, je ne lui demandais qu'une seule chose. Une simple signature de rupture. Assit en face de moi, il ne regardait pas cette feuille, trop occupé à me poignarder du regard.

« Signe. » Lui intimais-je alors.

Il ne dit rien, ne fit rien, continuant de me foudroyer. Et pour le presser, j'avançais la feuille jusqu'à lui et lui tendit un stylo.

D'un geste violent il repoussa le stylo, qui tomba au sol. Puis s'emparant de la feuille, il la déchira de fureur. Je soupirais de fatigue.

« Pourquoi ? »

Il me posait la question.

Se levant brusquement, il me saisit par le col. Son regard aurait dû m'intimider, mais cela ne fonctionna pas sur moi. Et il le savait.

Alors, à ma grande surprise, il s'empara de ma mâchoire d'une main puissante et me força un baisé. Je voulus le repousser alors que ses lèvres se pressait fougueusement contre les miennes.

« Arrête de me fuir ! Parle-moi ! »

Il me hurlait dessus. Il ne l'avait encore jamais fait. Il était très souvent cruel, égoïste et possessif, mais jamais il n'avait haussé la voix.

« On se hait ! »

Je craquais, j'explosais et j'avouais. Entendant ma déclaration, il parut surpris.

« Je ne vois pas le problème. Nous nous haïssons depuis toujours. C'est bien pour cela que nous sommes parvenus à nous marier. »

Elle n'en pouvait plus. Elle ne pouvait plus supporter ce sentiment qui les avait si longtemps unis. Et alors que de grosses larmes s'écrasaient sur mes joues, je perdais toute ma résistance.

« Je ne te hais plus...je t'aime. »

Lui livrant ainsi mes pensées et mes sentiments véritables, je m'attendais à ce que tout se finisse enfin. Les battements irréguliers dans mon cœur me faisaient bien trop souffrir. C'était trop. Pourtant son visage sembla se détendre, s'illuminant d'un sourire radieux. Il essuya mes larmes.

« Tu en auras mis du temps. »

Dulcis PromissisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant