Les promesses du lendemain

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L'aube se glissait parmi ces couleurs pâles et inachevées d'un ciel qui n'avait plus rien de bleuté. La nuit s'était achevée en ce qui m'avait paru être une fraction de seconde. Il ne suffisait que d'une simple seconde pour transformer ce monde.

Quand pourrais-je te revoir ?

Le Soleil semblait renaitre, faisant apparaitre un paradis encore lointain et inachevé. Un Paradis accueillant et dont les couleurs chaudes étaient secrètement conservées loin de moi.

Loin de mes yeux mais toujours en mon cœur.

Fermant les yeux, je tenais furtivement un son dans mon cœur. Un va et vient silencieux dans ma poitrine remontait à mes pensées fugitives. Des battements se mêlant aux chants des oiseaux venant me bercer.

Chante-moi encore notre chanson.

La nature s'éveillait, venant susurrer à mes oreilles une douce mélodie. Une mélodie enchanteresse semblant à mon cœur apaisante. Une chanson égarant mon âme en des pensées et des souvenirs oubliés. Mon esprit se perdait.

Pourrais-je entendre de nouveau ta voix ?

Mon doigt caressait doucement le tissu de velours recouvrant le fauteuil douillé. Près du feu de cheminé, la chaleur venait envelopper mon corps. Mais qu'en était-il de mon cœur ?

Tes bras pourraient-ils me serrer encore une fois ?

Bien que le sol blanchit du dehors puisse faire penser à la belle Reine se nommant Hiver, la Princesse printanière venait de renaître ce matin. Promettant le réveil de la vie endormie par la saison froide, elle s'éveillait doucement comme ce phénix à l'aube du jour.

J'ai besoin de ta chaleur.

J'attendais silencieusement dans ce brouhaha que peu arrivait à percevoir et apprécier. Brouhaha de la nature et de la vie. Brouhaha que seul le contraire de la vie pouvait véritablement faire cesser.

Si j'avais su...

Souriant de mes lèvres vieillies, ton souvenir parvint à revenir en ma mémoire.

Posant ma main contre ma poitrine, mon cœur battit un peu plus fort.

Regardant cette peau ridée, une pensée me vint à l'esprit.

Le temps était une chose précieuse. Le temps était long. Mais le temps était bien cruel. Le temps me rappelait sans cesse ton absence.

Chaque pli de ma peau me rappelait que le temps m'avait accompagné pendant longtemps. La solitude était une amie depuis ma naissance, du moins jusqu'au jour où je l'avais rencontré.

Le visage de cet homme me revint. Un homme m'ayant suivi tout le restant de ma vie. Une vie semblable à tant d'autre, mais une vie qui m'appartenait. Malheureusement j'en avais oublié une chose importante. La vie reprend toujours ce qu'elle offre un jour.

Et alors que je me rendais compte que l'homme dont mon cœur s'était éprise venait de partir pour un monde bien loin, la solitude avait rapidement reprit sa place à mes côtés.

Regardant l'aube, je découvris qu'il avait disparu depuis longtemps, laissant place au soleil se recouchant dans son lit douillé.

La pluie commençait à tomber, faisant fondre petit à petit l'épaisse couche de neige de l'Hiver. Alors mes yeux se fermèrent de nouveau. Un sommeil profond et éternel m'enveloppait.

Ne pleurez pas pour cette vie qui un jour m'a quitté. Repensez plutôt aux promesses oubliées. Puisque un jour comme moi vous sourirez lorsque ce sommeil viendra vous bercer pour vous emmener aux côtés de ceux que vous aimiez.

Ce sommeil n'est pas triste, ni même cruel. Il est une promesse. Oui, la douce promesse d'un rendez-vous.

Ne pleurez pas pour cette vie qui un soir m'a quitté. L'hibernation en mon corps m'a permis de quitter cette solitude qui a mon cœur était bien plus cruelle que ce soir de pluie où l'hiver légua sa place au printemps. Après tout, si tout à une fin ce n'est que pour renaître en un nouveau lendemain.


Dulcis PromissisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant