2 - I'm sorry

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Yuri n'avait pas pris l'avion. Il était resté planté là un moment avant qu'une hôtesse ne vienne lui demander s'il était perdu.

Il n'avait rien dit. S'il avait répondu, il aurait surement répliqué quelque chose comme "oui, je ne sais plus quoi faire. Vous devez m'aider à faire parler Victor !". Au lieu de ça, il était resté silencieux, son billet entre les mains.

-- Monsieur ! Vous venez tout juste de louper votre avion, lui avait appris la femme.

Le japonais avait haussé les épaules et avait fait demi-tour pour aller respirer l'air frais.

À présent devant les portes de l'hôtel, il se demanda ce qu'il faisait là. Il avait bien sûr prévenu sa mère qu'il ne viendrait pas à Hasetsu pour les fêtes. Il avait prétendu ne pas se sentir bien puis avait vite mis fin à la communication, se sentant légèrement coupable d'abandonner sa famille.

Mais c'était pour Victor. Comment aurait-il pu retourner au Japon en sachant le Russe seul à Barcelone ? C'était impensable. Victor avait apparemment besoin d'une personne à ses côtés et Yuri voulait être cette personne.

Et s'il a prévu quelque chose ? se dit-il soudain.

Il secoua la tête, chassant ses pensées malvenues et se décida enfin à entrer dans l'hôtel pour rejoindre la chambre qu'il partageait avec son coach.

Il mit un moment avant d'oser frapper à la porte. Comment allait réagir Victor ? Serait-il heureux de le voir ou au contraire lui demanderait-il de partir comme prévu ? Et lui, qu'allait-il trouver à dire pour expliquer qu'il ne soit pas parti ?

Soupirant un bon coup, il entra sans frapper pour découvrir le Russe dormant en étoile en travers des deux lits collés.

Alors il posa son poing sur sa bouche, sentant ses réflexes de fanboy revenir quant à la vue du grand Victor Nikiforov, endormi comme un bébé juste devant lui. Bien sûr il l'avait déjà vu dormir mais cette fois... Non il n'avait pas d'excuses pour expliquer cette soudaine montée d'hystérie mais il s'en fichait. Il fallait qu'il s'approche pour contempler cette scène de plus près.

Il posa donc sa valise et alla s'asseoir à côté du jeune homme.

C'est alors qu'il l'entrevit. Cet objet...

-- Hein ? laissa-t-il échapper en écarquillant les yeux.

-- Yuri ? l'appela Victor en entrouvrant les siens.

Il se redressa. Un sourire illuminait son visage.

-- Qu'est-ce que tu fais encore là ? Je croyais que...

-- Victor, qu'est-ce que c'est que ça ? l'interrogea le japonais en lui montrant l'objet à moitié dissimulé sous son oreiller.

Il était terrifié mais surtout intrigué. Pourquoi Victor avait-il besoin d'une arme ?

Suivant son regard, ce dernier poussa le revolver pour le camoufler et lui répondit :

-- C'est un jouet. J'ai regardé un western et j'ai eu envie d'entrer dans le personnage, se justifia Victor.

-- C'est tout ce que tu as trouvé..., souffla Yuri en baissant la tête.

-- Je ne comprends pas.

-- Comme excuse ! C'est tout ce que tu as trouvé pour expliquer la présence de...de ça ? s'exclama le Japonais en colère. Pourquoi est-ce que tu me mens ? Je croyais qu'on avait instauré un lien de confiance entre nous ! Au lieu de ça c'est Christophe et Yurio qui m'ont appris que tu restais seul et ensuite je rentre et...

-- Yuri, tenta Victor en tendant une main vers lui.

Mais le brun se leva en sentant des larmes rouler sur ses joues.

-- Tu me prends pour un idiot ! Je ne suis pas aussi naïf que tu le penses ! hurla-t-il avant d'aller s'enfermer dans la salle de bain.

Il s'assit par terre contre la baignoire et pleura. Il était en colère, déçu et se sentait bête. Comment avait-il pu croire que Victor le voyait différemment ?

Maintenant il savait. Victor était comme tous les autres, il le traitait comme un moins que rien.

Dans la pièce d'à côté, le Russe frappa à la porte.

-- Yuri, ouvres moi. Je suis désolé...

Le japonais résista à l'envie de lui obéir. Il était trop en colère contre lui et ne voulait tout simplement pas le voir pour l'instant.

Il entendit Victor soupirer et il lui sembla que celui-ci se laissait glisser contre la porte.

-- Je pensais...je pensais que tu serais à Hasetsu, poursuivit son coach après un court moment de silence. Tu devrais d'ailleurs y être. Avec ta famille. Je suppose que tu as raté l'avion ?

Yuri ne répondit pas.

-- Ce n'est pas grave, il doit y en avoir d'autres..., poursuivit Victor.

Le japonais serra les dents. Il était en colère oui mais au fond il s'en voulait de réagir comme ça. Après tout il ne pouvait pas le forcer à lui dire des choses dont il n'avait pas envie de parler.

Mais ça avait l'air grave. On se promène avec une arme quand on pense que sa vie est menacée. Alors pourquoi Victor en avait-il une ? Est-ce qu'il l'avait toujours eu sans qu'il s'en aperçoive ?

Il essuya ses larmes et se releva pour sortir de la salle de bain. Lorsqu'il ouvrit, Victor sursauta et se retint de justesse pour ne pas basculer sur le dos.

Yuri poursuivit son chemin et s'assit sur son lit. Il faisait nuit et il était tard à présent. Le mieux était de dormir et d'attendre le lendemain pour décider quoi que ce soit.

Alors il retira ses lunettes sous le regard attentif du russe et se glissa sous les draps.

-- Yuri ? l'appela ce dernier.

-- Bonne nuit Victor, répliqua-t-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Son coeur se serra mais il se roula en boule pour ne pas craquer à nouveau. La dernière chose qu'il entendit fut un murmure venant du lit à côté du sien.

-- Je suis désolé, disait-il. 

Beautiful Liar (Victuuri)Where stories live. Discover now