Beautiful Liar (Victuuri)

12 - Vitya

-- Vois-tu Nikiforov, laisser partir Yuri était prévu, lui apprit Petrova. Je ne voulais pas infliger tout ça à mon champion de patinage préféré, mais nous avons longuement discuté lui et moi et j'ai appris qu'il ne connaissait pas toute la vérité. Ce serait regrettable qu'il n'ait pas le fin mot de l'histoire avant que tu ne quittes ce monde pas vrai ?

Le russe fronça les sourcils et se tourna vers Yuri, semblant perdu dans ses pensées.

-- Qui êtes-vous ? demanda-t-il à la rousse qui se tenait devant lui.

-- La réponse t'est-elle vraiment utile ? Savoir qui je suis ne changera rien à la tournure que va prendre cette discussion. Mais si tu veux savoir, je suis Petrova Vesselovski. C'est moi qui dirige cette organisation. J'ai mis du temps à mettre la main sur un indice me conduisant vers toi mais ça y est, tu es enfin devant moi en chair et en os. (Elle sourit et tourna autour d'eux, parmi ses hommes.) Je suis désolé pour ton ami Slade d'ailleurs. S'il nous avait dit ce qu'on voulait savoir on n'aurait pas eu besoin de le torturer ainsi et il aurait eu une mort rapide. Mais tant pis pour lui. De toute manière mon bras droit a trouvé le dossier qui nous intéressait, il n'était donc plus d'aucune utilité.

-- Que me voulez-vous ? Je ne comprends pas, lui dit Victor. Je ne vous connais même pas.

La femme rit.

-- Tu es sûr ? (Elle se positionna derrière le japonais et posa ses mains sur ses épaules.) Yuri, raconte donc à ton petit ami pourquoi je lui en veux histoire de lui rafraîchir la mémoire.

Le jeune homme avait la bouche pâteuse, la gorge sèche et observa ses chaussures. C'était maintenant qu'il saurait si oui ou non Victor lui avait menti. Si oui ou non il avait bien assassiné une famille entière.

-- Elle...elle dit que tu as massacré toute sa famille, expliqua-t-il d'une petite voix.

-- Quoi ?! s'exclama Victor. Jamais je n'aurais faits une chose pareille !

Yuri souffla, rassuré. La réaction de son ami prouvait qu'il n'avait rien fait et que Petrova se trompait. Mais la russe ne sembla pas le voir du même œil.

-- Menteur ! hurla-t-elle en venant lui faire face. Tu les as tous tués. Jusqu'au dernier. Toute ma famille, leurs amis, MES amis. Tu ne te souviens pas de moi ? Allons fais un effort !

Victor fronça les sourcils et réfléchit. Son visage s'illumina soudain et Yuri comprit que les deux se connaissaient belle et bien. Mais alors quelle était cette histoire ? Que s'était-il réellement passé ?

-- J'étais sorti avec une amie ce soir-là. On était au cinéma et je riais, commença la rousse. Je riais sans savoir que chez moi tout venait de virer au drame. Après la mort de ta pute de mère tout le monde savait que tu étais devenu fou. On ne te voyait plus. Toujours à trainer dans les rues avec ton clébard, toujours à éviter de nous côtoyer comme-ci tu avais honte de nous. De ce que tu étais. (Elle fit quelques pas et s'arrêta, plongeant son regard noir dans le sien.) Je vais te dire ce qui s'est passé ce soir-là. Tu as eu une crise, a pris une arme et les a tous tués. Y compris ton père. Mon demi-frère, a essayé de t'arrêter et tu l'as blessé lui aussi.  Mais tu sais quoi Nikiforov ? Il a survécu quelques heures et lorsque j'étais à l'hôpital, sur son lit de mort, il m'a donné ton nom et m'a expliqué ce qui s'était passé. Et j'ai su ce que je devais faire.

Le jeune russe était visiblement sous le choc, ne comprenant rien à ce que la femme venait de raconter.

-- Ton frère, comment s'appelait-il ? l'interrogea-t-il l'air grave.

-- Tu devrais le savoir. C'est lui qui a tué ta mère, répondit-elle en souriant.

Vladimir, pensa Yuri.

-- Vladimir, murmura Victor de son côté.

Petrova hocha la tête et saisit le russe par le col, le tournant vers son ami.

-- Alors maintenant dis-lui ! Dis-lui que j'ai raison, que tu es un meurtrier ! 

-- Non, rétorqua Victor. Yuri, je t'ai dit la vérité, je n'ai jamais...

Un coup au visage l'interrompit et l'envoya au sol. La mafieuse, pleine de rage venait de le frapper.

Yuri se retint de crier. Il aurait voulu venir en aide à son ami mais Petrova l'observait avec tellement de colère qu'il n'osa pas faire le moindre geste. Pourtant il savait. Victor n'avait rien fait. Il ne mentait pas. Vladimir, juste avant de mourir, avait trouvé le moyen de prendre sa revanche, lui collant ce massacre sur le dos. Petrova avait couru toute sa vie après la mauvaise personne.

L'argenté se redressa sur les coudes et cracha du sang. Son nez saignait et un bleu se formait déjà autour de son œil.

-- C'est ton frère qui les a tous tués ! se défendit-il. Il voulait tout récupérer et quand il a essayé de me faire subir le même sort je me suis défendu. Il t'a menti. C'était lui. Regarde les rapports de police, tu verras qu'un enfant de huit ans n'aurait pas pu faire ça seul.

Pour toute réponse il reçut un coup de pied dans les côtes.

-- La ferme, hurla une nouvelle fois la rousse. Tu vas mourir Nikiforov. Mourir de mes mains. Mais avant, je vais te faire souffrir comme tu l'as faits pour moi et te retirer la dernière personne qu'il te reste et à laquelle tu tiens. Ou bien je pourrais très bien...

À ces mots, elle sortit une arme de sa poche et la braqua sur Victor. L'argenté écarquilla les yeux tandis que de son côté, Yuri agit par réflexe. Il se jeta entre l'arme et son ami.

Victor hurla mais son cri fut étouffé par le bruit de la détonation. Et Yuri s'effondra. Il avait été touché.

-- Vitya, murmura-t-il avec une grimace, une douleur cuisante lui brûlant le corps.

Il entendit d'autres échanges de tirs plus violents sans comprendre ce qui se passait. Partout autour de lui les gens s'agitaient, hurlaient des ordres incompréhensibles et certains s'effondraient, visiblement touchés.

Mais Victor apparut dans son champ de vision, paniqué. Et son visage le réconforta. Il avait envie de lui dire enfin ces trois petits mots qu'ils ne s'étaient jamais dits, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Et il ferma les yeux.