10 - Just another day

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C'était le deuxième jour de sa captivité. Il n'avait eu ni eau, ni nourriture et dormait à même le sol mais personne ne l'avait encore touché. D'ailleurs seule Petrova venait le voir. Elle lui rappelait sans cesse que son temps était compté et que Victor avait intérêt à ne pas tergiverser encore longtemps.

Elle lui envoya même un SMS pour lui laisser vingt-quatre heures. Pas une minute de plus. Après elle promettait de ne faire qu'une bouchée de son précieux élève.

La russe rangea le portable dans sa poche arrière et observa Yuri, assis contre le mur, les jambes repliées. 

-- Dis-moi, il se passe quelque chose entre vous deux ? l'interrogea-t-elle sérieuse. Tout le monde se pose la question. 

Yuri ne répondit pas, continuant à fixer le vide. Est-ce qu'il se passait quelque chose avec son coach ? Non. Pas à sa connaissance. Enfin, il ne le pensait pas. Victor était tactile, parfois trop collant et avait de temps en temps des paroles qu'on pouvait mal interprétées, mais il avait mis ça sur le compte de son caractère de séducteur et non sur une quelconque attirance pour lui.

-- Réponds-moi quand je te parle Katsuki, l'avertit la femme d'un ton sévère.

Le japonais eut envie de se fondre dans le mur pour ne plus la voir. Ni elle, ni cet endroit. Ça faisait que deux jours mais il n'en pouvait plus. Chaque fois qu'il fermait les yeux il avait peur pour sa vie. Petrova pouvait bien lui dire qu'elle attendait Victor, rien ne lui garantissait qu'elle ne pique pas une crise et vienne lui casser quelques os...

-- Il...il n'y a rien entre Victor et moi, répondit-il sans quitter le sol des yeux. Il est seulement mon entraineur et moi...son élève.

La rousse s'approcha et prit la chaise pour s'asseoir devant lui.

-- Mais justement ! C'est le genre de relation ultra-romantique ! s'exclama-t-elle l'air rêveur. Et puis ce baiser sur la glace, tu ne peux pas me dire que ce n'était que du vent. J'y crois pas. Personne n'y croit.

Yuri leva la tête vers elle et haussa les épaules ce qui lui valut un grognement.

-- Tu es aveugle c'est pas possible ! s'énerva Petrova. Je déteste Nikiforov du plus profond de mon âme mais ne me prends pas pour une idiote. Tu l'aimes, ça se voit. Mais si tu me dis qu'il ne se passe rien ça veut dire que tu ne lui as encore rien dit pas vrai ?

Cette fois le japonais ne répondit pas, n'en ayant pas la force. Une larme roula sur sa joue car la russe avait visé juste et ses paroles avaient atteint son cœur, lui rappelant la douloureuse réalité qu'était sa relation avec Victor.

Il l'avait admiré depuis tout petit et cette admiration s'était changé en amour sans qu'il n'arrive à le contrôler. Le pouvait-on ? L'amour n'est pas le genre de sentiment que l'on peut empêcher. Ça arrive, c'est tout. Et c'est ce qui s'était passé lorsque le champion du patinage était devenu son coach.

-- Oh pauvre Yuri, lâcha Petrova d'un ton faussement triste. Tu aurais dû en profiter tant que tu le pouvais encore. Tu as laissé passer ta chance et bientôt l'un de vous deux sera mort sans que l'autre ne sache ce qu'il ressentait réellement. (Elle se leva et fit quelques pas avant de sourire.) Mon dieu c'est beau et dramatique ! Je devrais peut-être écrire votre histoire.

Cette fois le jeune homme ne put retenir ses sanglots. Il avait mal, souffrait comme jamais il n'avait souffert. Et c'était ça l'amour : un sentiment douloureux et beau à la fois.

Il savait au plus profond de son être que s'il perdait cet amour, il ne s'en remettrait pas. Il était trop fort pour qu'il vive sans. Trop vital pour qu'on le lui arrache. Sans lui il mourrait à petit feu à mesure que son cœur se refroidirait pour ne devenir qu'un bloque de glace.

Sans Victor, sa vie ne vaudrait plus rien car il y avait donné un sens.

-- S'il vous plaît ne le tuez pas ! supplia-t-il en se levant pour faire face à la femme. Je ne sais pas pourquoi vous le voulez mais on peut trouver un arrangement, une autre solution.

La femme se mit à rire sans pour autant pouvoir cacher sa colère quant à l'évocation de ce qui la liait à Victor.

-- Un arrangement ? Tu crois vraiment que j'aurais faits tout ça pour obtenir un arrangement ?

-- Je..., tenta le japonais.

-- Non, la ferme ! hurla-t-elle en s'approchant de lui telle une furie. Tu ne sais rien, tu ne connais pas Victor Nikiforov. Qu'est-ce qu'il t'a raconté hein ? Je suppose qu'il ne t'a pas dit pourquoi je le recherche ? Pourquoi je veux le voir souffrir ? (Face au silence de son interlocuteur, la russe le prit par la gorge et le plaqua au mur.) Réponds-moi quand je te parle Katsuki !

Elle le relâcha aussitôt, daignant un regard assassin sur lui, rouge de colère. Yuri toussa en se massant la gorge, effrayé. C'était fou à quel point Petrova pouvait être bipolaire et changer d'humeur en une seconde !

-- Victor il...il ne sait pas pourquoi...

-- Il ne sait pas ? Et tu l'as cru ? l'interrogea-t-elle en écarquillant les yeux. (Elle secoua la tête, désespérée.) Tu es encore plus stupide que je le pensais. Ton amour pour lui t'aveugles.

Elle soupira et se rassit en croisant les bras. Son visage était fermé et n'exprimait qu'une profonde lassitude.

-- Bon est-ce qu'il t'a au moins parler de son passé ? De son lien avec la mafia et tout ça ?

Yuri hocha la tête sans oser parler de peur qu'elle ne s'en prenne à nouveau à lui. Elle lui avait serré la gorge avec une telle force qu'il avait l'impression que sa main était toujours là.

-- Et est-ce qu'il t'a dit qu'il avait massacré toute ma famille. Mes parents, mes deux petits frères et ma petite sœur ? Est-ce qu'il te l'a dit ça ? Je suppose que non, ce serait mauvais pour sa réputation de merde ! s'énerva la russe. Il m'a tout pris. Je veux le tuer pour ça, pour les venger. Je veux qu'il souffre autant que j'ai souffert ! Lui prendre ce qu'il a de plus cher au monde !

Elle plongea son regard dans le sien et fronça les sourcils. Puis soudain son visage s'éclaira et elle approcha doucement de lui, sortant un couteau de sa poche.

-- Mais j'y pense ! Je pourrais commencer par toi. Quoi de mieux que de lui retirer son amour ?

Elle sourait à présent et Yuri se colla au mur, le cœur battant la chamade.

Non Victor n'aurait pas pu faire une chose pareille. Ce n'était pas lui, c'était impossible. Pourtant le doute s'immisça en lui et il ferma les yeux, attendant que la mort le prenne.

Ses sanglots devinrent le seul son qu'il put entendre dans la pièce.  La lame du couteau fut la seule chose qu'il sentit sous sa gorge avant de simplement quitter ce monde, Victor restant le centre de ses pensées.

Beautiful Liar (Victuuri)Where stories live. Discover now