Chapitre 6 - Retour au village

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La nuit avait été longue, j'avais à peine fermé l'œil. L'état d'Andek ne s'arrangeait pas et je ne pouvais m'empêcher de garder l'œil sur lui. Wakiza, allongé sur une fourrure avait mis un moment à s'endormir, trop occupé à me fusiller du regard, mais finalement le sommeil avait remporté la manche l'emportant après plusieurs heures de luttes. J'avais profité de son sommeil pour m'éloigner de quelques pas, sur notre chemin, j'avais remarqué certaines plantes qui pourraient m'être utile. Je n'avais jamais été passionné par les plantes mais ma mère en utilisait si souvent que j'avais fini par en connaître l'utilité de certaine. 

J'avais cueilli quelques herbes que je glissais dans une petite poche brodée dans ma robe. À mon retour, Chayton qui réanimait le feu s'était redressé en me voyant revenir.

     — Où étais-tu passé ? Tonnait-il en s'interposant sur mon chemin.

     — J'étais partie chercher de quoi le soigner, expliquais-je en extirpant quelques feuilles de ma poche.

Sans attendre de réplique de sa par, je le contournais pour rejoindre Andek. Avec précaution, je dénouais son bandage de fortune et ne pu m'empêcher de grimacer à la vue de sa blessure qui ne s'arrangeait pas. J'avais glissé quelques morceaux d'Achillée mille feuilles, une plante plutôt efficace pour cicatriser, bien que j'avais des doutes face à une telle blessure. Je fis infuser le reste de la plante dans de l'eau bouillante afin qu'Andek le boive, j'espérais que cela l'aide un peu plus. Il avait fini par trouver le sommeil, pour autant de temps à autre, je posais deux doigts sur sa gorge pour m'assurer qu'il dormait et non qu'il soit mort.

Au petit matin, alors que j'avais finalement trouvé le sommeil tard dans la nuit, je fus réveillée par les deux hommes qui débarrassaient déjà le campement. Non sans mal, je me redressais tiraillé par la fatigue, je regardais un moment à l'horizon afin de prendre le temps de me réveiller. Mais comme toujours, il n'y avait pas de temps à perdre, Wakiza s'énervait déjà de me voir inactive, pour autant il n'était pas venu m'agripper ou me menacer, étrange de sa part.

Sans perdre davantage de temps, nous avions repris la route du retour, Andek semblait enfin stabilisé bien que son cas continue de m'inquiéter. Nous marchions encore de longues heures, Wakiza avait chevauché le second cheval libre et prenait souvent ses distances en disparaissant dans la nature puis de temps à autres il revenait, j'espérais secrètement ne pas le revoir mais dès que j'entendais les sabots au trot claquer sur le sol je ne pouvais m'empêcher de rentrer ma tête dans les épaules tant je craignais sa personne. Ce ne fut qu'en fin d'après-midi que nous percevions enfin les tentes du village indien.

Des hommes montaient la garde à dos de cheval autour du village, les femmes elles trop occupées à leurs tâches domestiques nous portaient à peine d'intention.

Un homme aux cheveux d'une longueur interminable et grisonnante était venu à notre rencontre, il s'appuyait sur un long manche en bois en guise de canne afin de l'aider à porter son poids pourtant si léger. 

     — Qu'est-il arrivé ? Questionnait-il en s'approchant d'Andek que les deux Amérindiens faisaient justement descendre du dos du cheval.

     — Les démons blancs, fulminait Wakiza en crachant à mes pieds. 

     — Emmener le moi dans la grande hutte. Demandait-il en prenant déjà le chemin de la battisse en bois.

Les deux hommes exécutaient la demande de leur aînée et emmenaient Andek jusqu'à la bâtisse en bois où j'avais passé la nuit le soir ou je les avais rencontrés. Ne sachant quoi faire, je décidais de les suivre. 

Une fois posé sur la paillasse, le vieil homme frôlait le corps du blessé du plat de la main en partant de son visage jusqu'à rejoindre sa cuisse, là où il était blessé. D'un geste agile il desserrait le bandage et laissait apparaître la plaît gisante, dessus, les fleurs étaient encore posées.

     — Qui est l'auteur de cela ? Questionnait l'homme en prenant les herbes maculées de sang qu'il fit rouler entre ses doigts. 

     — C'est elle ! Crachait Wakiza en m'attrapant sauvagement sous l'épaule en me tordant durement l'articulation. 

     — Lâche-la ! Tonnait soudainement l'homme en s'approchant de moi. Connais-tu la médecine ? M'interrogeait-il toujours les fleures entre les doigts.

       — Seulement quelques bases, avouais-je en effectuant quelques mouvements de bras afin de m'assurer qu'il ne m'avait rien brisé.

Vexé, Wakiza avait quitté rapidement les lieux en crachant toute sa rage dans son langage maternel. Le vieil homme était retourné auprès d'Andek afin d'observer sa blessure de plus près, puis il reprit.

      — Cette blanche a sûrement sauvé la vie d'Andek, il n'aurait pas dû survivre à de telles blessures. Les blancs sont des démons, mais pour autant leurs connaissances en médecine sont parfois plus avancées que la nôtre. Approche-toi. Annonçait-il en m'adressant d'un signe de la main.

Je m'étais approché non sans crainte du vieil homme toujours penché sur le blessé.

Nous n'étions plus que tous les deux dans la hutte, les autres étaient partis retrouver leurs occupations habituelles. 

Après avoir énoncé de nombreuses prières à l'intention d'Andek, le vieil homme m'avait posé de nombreuses questions sur mes connaissances de la médecine. L'homme s'était au début montré distant puis peu à peu il s'était lui aussi confié à moi sur certaines connaissances que j'écoutais avec intention.

Plus tard, tandis que le soleil commençait à se coucher, un groupe d'hommes était entré dans la battisse sans prévenir. J'avais presque oublié la présence des autres tant j'étais intéressée par les propos de l'homme sage. En tête du groupe, je reconnaissais l'homme qui avait émis les ordres à ses guerriers, le chef de la tribu. Je me plaçais en retrait afin de le laisser s'approcher du blesser. 

     — Vas-t-il vivre ? Interrogeait le chef en posant une main sur l'épaule d'Andek qui s'était endormie.

     — Je ne peux rien affirmer pour l'instant, mais cette blanche a fait du bon travail, s'il survit c'est à elle qu'il le vaudra.

Le chef avait posé son regard sur moi, les yeux plissés je ne pouvais déterminer ce qu'il pensait à ce moment la, puis dans sa langue natale il soufflait quelques mots aux hommes qui l'accompagnaient avant de tourner le dos pour se diriger vers la sortie. L'un des hommes m'avait attrapé fermement par le bras m'obligeant à le suivre dehors. 

Omakiya (Aide moi)Where stories live. Discover now