Chapitre 45 - Ne part pas

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Une pluie torrentielle tombait depuis plusieurs heures maintenant, le jour c'était levé, mais le ciel était si sombre qu'il donnait l'impression que la nuit était sur le point de tomber.

Je suivais le groupe de soldats, toujours dissimulé dans la friche lorsqu'il y en avait en restant en retrait du groupe. Le sol boueux rendait mon excursion dangereuse et parfois, lorsque je dérapais, je lâchais des petits couinement de surprise risquant à chaque fois de me faire démasquer.

J'avais froid, j'avais faim mais aussi j'avais peur. Peur de me faire repérer. Peur de ce que j'allais découvrir en arrivant mais aussi peur d'apprendre que plus jamais je ne reverrais Chayton, je n'y survivrais pas.

Lorsque les hommes eurent enfin le droit à une pause, je n'en fus pas mécontente. Je m'étais laissée glisser le long d'un arbre jusqu'à atteindre le sol, et même si j'étais assise dans la boue je n'en avait que faire, de toute façon j'étais déjà souillé des pieds à la tête. 

J'attrapais au fond de mon sac un morceau de viande séché et en grignotait un petit morceau. Je n'avais pas pris beaucoup de nourriture pour éviter d'avoir un sac trop lourd à porter et donc il fallait que je me rationne. Pour ce qui était de l'eau, étant donné la pluie qui ne cesse de tomber je n'ai aucun souci à me faire à ce sujet. 

Les pauses étaient rares et courtes, le froid devenait ardent, la pluie battante, la faim grandissante, la fatigue assommante ... Je ne pourrais penser qu'à ses choses négatives, et puis finalement, je me souvenais de mon but, de la raison qui avait entraîné tous ces désagrément et alors j'en oubliais presque la pluie et le reste. 

Les heures de marches s'enchaînait,la journée défilait à une lenteur inimaginable. C'est seulement lorsque la nuit était tombé que je réalisais qu'une seule journée était passé. Je ne sais pas si cela me rassurait ou au contraire m'inquiétais. 

C'est alors, qu'au milieu de la nuit noir et silencieuse, des grondement qui avait l'air jusque-là d'un orage lointains devenait de violentes détonations qui éclataient toutes les demi secondes, parfois même le sol tremblait. Les explosions duraient si longtemps que parfois, elles éclairaient si fort qu'on y voyais aussi clair que le jour. 

A partir de ce moment là, mon chemin et celui des soldats fut différent. Tendis qu'eux allaient rejoindre les tentes montés pour les accueillir, je me faufilais par un chemin en contre bas caché de la vue de tous. Et puis de toute façon, tous étaient trop occupés au combat pour s'occuper de ce qui se passait dans le campement. 

Je regardais autour de mois, rien de ce que je voyais ne me rassurait. Il ne s'agissait que d'une guerre totale, faisant des centaines de morts chaque nuit. 

Pour autant, je ne me laissais pas abattre. J'attrapais un cordon au fond de mon sac et m'en servais pour me nouer mes cheveux dans une queue-de-cheval, ils étaient trempé, lourd et surtout leurs longueurs me dérangeait dans mes mouvements. 

Je grimpais, j'escaladais, à de nombreuses reprise je glissais. 

Tombé pour la énième fois après avoir glissé sur une plaque de boue, j'avais eu envie de laisser éclater mes larmes dues au cumul de ses derniers jours. Être si près du but et pourtant avoir envie d'abandonner, moi-même je n'arrivais plus à contrôler mes propres émotions. Je ne trouvais plus la force de me relever et de continuer. Je me détestais d'être si faible.

Et puis mes yeux étaient venu se poser sur mes pieds. Mes chaussures étaient recouvertes de boue, il y en avait une telle épaisseur qu'on ne distinguais même plus ce qu'il y avait en dessous. D'un geste nerveux, avec l'intérieur de ma manche à peine dans un meilleur état, j'étais venu retirer la  crasse qui recouvrait la peau animale. Je frottais frénétiquement, sans doute avec une grande part de nervosité aussi. 

Enfin je redécouvrais la paire de mocassin que je n'avais jamais quitté depuis que Chayton me les avaient offertes. Cette paire de chaussure était la seule chose qui me rattachais encore à mon passé. Chaque fois que je les regardais je revoyais encore tous ce qui c'était passé dans ma vie depuis mon arrivée en Amérique. Des souvenirs qui auraient pu paraître sombre et qui pourtant étaient sans doute à présent les plus incroyables de ma vie.  

Et la, dans une énième détonation, dans un sursaut causé par l'éblouissante lumière causé par l'explosion mon regard croisait une longue silhouette plantée à plusieurs mettre de mois, en haut de la dernière ligne droite pour arriver au sommet de la pente. J'avais eu du mal à le croire, je n'étais même pas certaine d'être tout à fait certaine que ce que je voyais étais bien réel. 

Nous ne bougions pas tout les deux, le temps semblait s'être arrêté. Chayton, il était la, devant mes yeux. Sans doute que lui non plus n'étais pas certain de réaliser que je sois bien ici, devant lui, sur le champ de bataille. J'avais envie de crier son prénom de me jeter à son coup, mais au lieu de ça je fus incapable de rien à part verser de chaudes larmes tellement ma joie était intense en le voyant enfin. 

Et puis soudain, un coup de feu qui semblait bien plus assourdissant que les autres avait retentis et puis au même instant, un son roque et étouffé était sortie de la bouche de Chayton. C'est alors que son corps jusqu'ici qui semblait solidement planté dans le sol droit comme un piquet semblait s'être brisé. Courbé puis recroquevillé avant de s'écrouler au sol.

Les yeux exorbités, j'avais regardé la scène qui semblait s'être déroulé au ralenti. J'étais resté à terre suite à ma énième chute. Tous mes membres s'étaient mis à tremblé. Une larme glacée dévalait le long de ma joue et c'est lorsque son goût salé avait atteint le coin de mes lèvres qu'enfin, je me redressais du sol, tant bien que mal. J'essayais de garder l'équilibre pour escalader le lopin de terre pentu qui me séparait du natif. Ce fut interminable, douloureux et déchirant ... 

Enfin arrivé au sommet  je me précipitais au côté de Chayton qui ne s'étais toujours pas redressé. Je me laissait tomber à genoux à côté de lui. J'attrapais son épaule afin de le secouer pour qu'il me regarde.  

J'avais sentis entre mes mains, couler un liquide chaud et épais, les mains tremblante, je les relevais devant mes yeux. Une explosion ayant lieu au même moment l'avait permis de constater que mes mains étaient recouverte de sang. 

Un frisson traversa mon corps entier, il fut si violent qu'il en était pratiquement douloureux. Désormais s'était un torrent de larmes qui dévalait sur mon visage. Et puis je poussais un hurlement déchirant, à m'en déchirer les poumons ...

Une balle avait traversé la poitrine de Chayton et le sang s'en écoulait avec abondance ... Il n'y avait plus d'espoir. 

Omakiya (Aide moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant