Je ne sais pas combien de temps, j'étais resté couché là au milieu de rien, le corps endolori par la chute et ma blessure à la fois physiques et mental. Rester ainsi devenait de plus en plus insupportable, il fallait que je me relève. Je réussissais à puiser dans mes dernières forces pour me redresser, même si je n'y voyais rien, je pouvais sentir les choses tourner autour de moi. Encore une fois, je perdis l'équilibre, je fis une vive embarder sur ma droite, mais alors que je pensais tomber au sol, je me ramassais sur un objet dure. En tâtonnant du bout des doigts, je crus reconnaître une étagère. Je restais agrippé au morceau de bois et me laissais guider comme une aveugle.
La pièce était plus vaste que je ne l'aurais imaginé, mes mains rampaient sur le bois sans jamais s'arrêter lorsque soudain, ils se percutaient à quelque chose. Je marquais une pause, un peu anxieuse, j'avais d'abord hésité puis finalement, j'osais m'aventurer. Il s'agissait d'une caisse en bois, enfin, je crois. Je caressais lentement le bois en le remontant, lorsque du bout des doigts, je sentis quelque chose de très froid et lisse. Finalement, je saisissais l'objet entre mes mains, je le fis rouler entre es mains avant de l'approcher de mon visage. Aussitôt, je reconnus l'odeur d'une pomme, je continuais de la sentir. Jamais un fruit n'avait eu une odeur aussi exquise auparavant. Je mordais à pleine dent dedans. Tout comme son odeur, la chair était délicieuse. Il me fallut peu de temps pour l'engloutir, j'en avais repris une seconde, et même une autre.
Tendis que j'arrivais au trognon de mon troisième fruit, je remarquais plus loin, un trait de lumière brisé l'obscurité. Intrigué, je m'étais avancé à petit pas. Lorsque je fus en face de l'endroit d'où sortait le petit rayon lumineux, je constatais qu'il s'agissait d'un trou. Il était si petit que je ne pouvais regarder dedans que d'un œil. Il faisait nuit, la rue était extrêmement calme. Soudain, une bottine noire s'écraser durement sur le sol juste devant le trou ce qui me fais bondir un coup en arrière. Mon cœur battait à toute allure, puis je réalisais qu'il s'agissait seulement d'un soldat faisant sa ronde. Des lanternes s'illuminaient un peu partout. Le colonel n'avait pas menti, il y avait des gardes partout. Impossible de s'échapper ou bien que quelqu'un s'infiltre.
Je soupirais à cette pensée. Je m'étais retourné et adossé à une étagère. Même si je leur avais assuré le contraire, même si j'avais dit des paroles que je regrettais à Chayton, j'espérais sincèrement les voir débarqués. Et puis en même temps, j'espérais qu'ils étaient déjà loin, qu'ils avaient pris la route et avaient échappé aux colons.
Je me souvenais alors de chaque personne, de ma première rencontre avec le trio de guerrier. Wakiza, un homme rustre, mesquin et impulsif, j'avais eu longtemps peur de lui. Puis peu à peu, je m'étais rendu compte qu'il était simplement un vrai guerrier, il cherchait à protéger les siens des hommes blancs, il était prêt à tout pour ça, plus déterminé que personne. Il n'accordait pas sa confiance à grand monde, mais en tout cas, il m'avait sauvé la vie à plusieurs reprises et je ne pourrais jamais être assez reconnaissante pour ça. Andek lui était quelqu'un de plus sage, il savait agit comme un chef, donnez les bons ordres sans pour autant agir trop vite. J'avais un grand respect pour sa personne. Il était plutôt discret et pourtant, il savait en imposer lorsqu'il le fallait. J'aimais passer du temps en sa compagnie, il était doux et surtout, il savait écouter. Il avait souvent été d'un grand réconfort lorsque j'en avais eu besoin. Et puis il y avait Chayton, celui qui avait définitivement eu le plus d'impact dans ma "nouvelle vie". C'était un grand guerrier, et pourtant, il était humble. Il était plutôt discret, d'ailleurs parfois, il l'était tellement qu'il pouvait paraître froid et distant. J'avais mis du temps à le cerner, et puis petit à petit, j'avais découvert que ça n'était qu'une facette derrière laquelle il se cachait. Il était une personne de confiance, il était toujours à l'écoute et surtout protecteur. Il n'y avait pas assez de mots pour définir à quel point il était quelqu'un de bien. J'avais réussi à m'intégrer grâce à lui, il avait été le seul à me protéger de sa propre tribu au début, il avait sans doute risqué plusieurs fois que son peuple lui tourne le dos, mais ça n'était jamais arrivé.
Je me souvenais alors du dernier contacte que j'avais eu avec lui, lorsque j'avais échappé au pire entre les mains de mon bourreau, il avait été la personne dont j'avais eu le plus besoin. À l'instant même où je fus en contacte avec lui je m'étais senti soulagé. Même si j'avais mis du temps à le comprendre, mes sentiments pour lui n'était pas que de la reconnaissance ... Je m'étais éprise de Chayton contre toute attente.
Depuis ma naissance, j'avais évolué avec un peuple à l'esprit fermé. Rien que l'union de mon père avec une femme française avait dérangé plus d'une personne là où je vivais. Lorsque ma mère avait voulu prodiguer des soins à certaines personnes du village où nous vivions en Angleterre, ils avaient refusé de la laisser entrer dans leur maison ou bien même de lui adresser de moindre mot. Alors imaginer sa vie auprès d'une personne d'une autre couleur était tout à fait inconcevable.
Et pourtant, je n'avais jamais été aussi heureuse que depuis ma rencontre avec cette tribu de natifs américains. Ils avaient sans doute été les personnes les plus civilisées que je n'avais jamais rencontré. La hiérarchie était bien différente de celle des colons, il n'y avait pas de plus faibles tous étaient sur le même piédestal et respecté pour ce qu'il était capable de faire. Les femmes travaillaient et si elles le voulaient, elles pouvaient devenir des guerrière et combattre, elles n'étaient pas que des ménagère bonne à s'occuper que de garder la maison en bon état et à enfanté.
Le mode de vue qui menait les amérindiens était définitivement celui qui m'avait toujours fait rêver, celui que j'avais cherché et celui que je voulais mener jusqu'à la fin de mes jours.
Il fallait que j'y aille, que j'y retourne, que je les retrouve pour ne plus jamais les quitter.
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Omakiya (Aide moi)
Historical FictionEleanor était l'aînée de sa famille, née d'un père anglais et d'une mère française, l'union de ses parents n'avait d'ailleurs pas fait l'unanimité dans le petit village d'Angleterre où ils vivaient. Elle avait deux sœurs cadettes, Rose et Madeleine...