Épilogue

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Les gens commencent à s'en aller. À vrai dire, il n'y a pas grand monde, juste ses parents, une tante et son fils qui a l'air de plus se préoccuper de son portable qu'autre chose, et deux ou trois de ses amis.

Et moi.

Je suis toute seule, un peu en retrait. Personne ne m'a prêté attention excepté sa mère, qui m'a serrée dans ses bras une fraction de seconde. Je n'arrive pas vraiment à savoir ce qu'elle ressent, elle paraît à la fois ravagée d'avoir perdu son fils et à la fois insensible.

- Amelia ?

Je fait volte-face et tombe nez-à-nez avec un gars à la trentaine, des cheveux courts teints en noir et blanc, une barbe de plusieurs jours et un tatouage sur l'avant-bras. Assez bizarre à première vue, alors je fronce les sourcils.

- Oui ?

- Je suis Jack. Jack Sheppard, c'est moi que vous avez eu au téléphone pour annoncer que...

Il se tait, se rendant compte de ce qu'il allait dire, et soupire en enfonçant ses mains dans ses poches.

- Je me souviens, je réponds.

Il me fixe de ses yeux bleus, et je peux y lire une sincère tristesse.

- Je suis vraiment désolé.

- Comment le connaissiez-vous ?

- On bossait dans le même bar. Enfin, la première fois il était juste bourré et j'avais dû le ramener chez lui, mais on a sympathisé et je lui ai trouvé un job avec moi.

- Vous étiez proches ?

- Je crois que j'étais sa plus proche connaissance. J'avais compris qu'il n'aimait pas nouer de relations, mais je l'avais un peu forcé à se confier. Il en avait besoin, il était au fond du trou lorsque je l'ai rencontré.

- Il vous avait tout dit ? Pour son anévrisme, pour moi ?

- Oui. Je savais qu'il risquait de mourir mais je ne voulais pas le laisser seul.

Il soupire.

- Il passait le plus clair de son temps à penser à vous. Il s'en voulait, mais il ne voulait pas vous blesser. Vous ne devriez pas lui en vouloir.

Je baisse la tête.

- Je ne lui en veux pas.

Le silence s'abat. Jack s'approche doucement et me vient me serrer un instant dans ses bras, avant de me faire un signe de tête et de s'éloigner.

Je suis seule maintenant. Seule avec lui.

Je m'avance vers la pierre. Elle est identique à celle de son frère, il a été placé juste à côté.

  
Hardy Louis Anderson
7 septembre 1998 - 14 décembre 2017

   

- Hardy je-
Ma voix se brise immédiatement. Je n'arrive pas à parler, c'est trop dur, je ne parviens pas à imaginer qu'il est... que je ne le reverrai plus, qu'il ne respira plus, ne sourira plus, ne fera plus de blagues débiles et...

J'essuie une larme sur ma joue.

- Hardy je t'aime.

Je baisse la tête, refoulant mes pleurs, et enfonce mes mains dans mes poches.

Je sursaute violemment lorsque je sens quelque chose se poser sur mon épaule et m'écarte, avant de croiser du regard deux prunelles bleues.

- Excuse-moi je ne voulais pas te faire peur, dit doucement Ryan.

- Ryan ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Il esquisse un petit sourire triste.

- J'ai promis à Hardy que je veillerai sur toi, et je compte bien tenir cette promesse.

Deux coeurs pour aimerWhere stories live. Discover now