La princesse Et La Rose

Tu n'es pas un meurtrier

Je ferme les yeux et laisse mon esprit divaguer un peu au gré de ce silence.La respiration calme et lente d’Ewan chatouille mon oreille.J’en avais oublié à quel point la douceur du soir m’était agréable...J’ouvre les yeux et passe mes bras sous mes jambes, relevant mes genoux jusqu’à mon menton.

« Dis-moi Ewan. »

« Hum ? »

« Non rien. »

« Si vous avez quelque chose à dire, dites-le. »

« À quoi bon, tu vas encore refuser de répondre ou éluder ma question. »

Le jeune homme se fige. J’ai vu juste.Pourquoi ça se termine toujours ainsi quand j’essaie d’apprendre à mieux le connaître…?
Je n’hésite pas à lui parler de moi, de mon passé, ma famille, mes malheurs…Mais lui, il est aussi silencieux qu’une pierre tombale à son sujet.
Pourquoi est-il si discret ?A-t-il vécu des choses dont il ne veut pas parler...?
S'il me considérait comme une amie, il me parlerait... non ?

« Tu ne me fais pas confiance ? »

« … »

Il reste silencieux, puis, il plonge son regard dans le mien.

« Et vous, me faites-vous vraiment confiance ? »

Je reste un instant figée devant cette expression sévère.Comment fait-il pour passer d’un visage si innocent et souriant à ce regard dur et froid ?
Il approche lentement son visage du mien et je recule la tête par réflexe.

« Vous ne savez rien de moi. Si j’étais le meurtrier, que feriez-vous ? »

« Quoi ? »

Soudain, il me renverse en arrière dans l’herbe.
Il fait glisser ses doigts dans le creux de ma nuque.Je sens un frisson parcourir ma peau alors que la main d’Ewan se loge sur ma nuque.
Je garde mes yeux rivés dans les siens tandis que la lune brille au-dessus de lui d’une curieuse lueur diaphane.Étrangement, je ne me sens pas en danger.Je reste immobile et après quelques secondes, je lève la main pour relever les mèches blondes qui recouvrent son si joli regard.

« Tu n’es pas un meurtrier. »

Il rougit et écarquille les yeux avant de baisser la tête.Il murmure d’une voix légèrement grave, mais presque inaudible.

« Vraiment… ? »

Je cligne des yeux puis le voilà à nouveau qui me sourit. Il prend ma main dans la sienne, ferme les yeux et fait légèrement glisser ses lèvres dans le creux de ma paume.Mes muscles se raidissent et mon cœur bat un peu plus vite.Mon corps se réchauffe malgré la fraîcheur et l’humidité de l’herbe contre ma peau.Lorsqu’il ouvre à nouveau les yeux, une lueur rouge brille dans le fond de son regard…

Son expression est beaucoup plus tendre, calme...
J’entrouvre les lèvres quand, dans un geste vif, il me relève en position assise.

« Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous effrayer. »

« M’effrayer ? Toi ? »

Je ris gentiment à sa remarque incongrue alors qu’il fait la moue.Je me rapproche de lui pour poser ma joue dans le creux de son cou.Il se crispe l’espace d’un instant.
Il hésite puis passe une main sur mon épaule et cale sa tête contre la mienne.