La princesse Et La Rose

la vérité sur le conte

Je reste  silencieuse  .

« ... Étant donné que tu vas rester ici un moment, tu le découvriras tôt ou tard... »

Il se retourne vers moi, passant sa belle cape dans son dos.

« Cependant, je préfère encore que tu l’apprennes de ma bouche. »

Je serre entre mes doigts tremblants le drap rouge sur lequel repose ma sœur.
Je fixe le regard profond du Comte qui lentement se teinte de pourpre.

« Je suis... un vampire. »

Une aiguille semble transpercer mon cœur.
Je redoutais cette réponse.Je reste sans voix devant tant d’aplomb de sa part.

« Ai-je répondu à ta question, Lucy ? »

« Je... Je ne vous crois pas ! Les vampires n’existent pas...! »

Le Comte se contente de sourire.

« Ta réaction est légitime et tout à fait naturelle, mais c’est la vérité. Tu n’as rien à craindre de moi. »

Un vampire... Ceci expliquerait beaucoup de choses...

« Est-ce que... vous... vous nourrissez du sang d’humain ? »

Il cligne des yeux en me voyant tremblant légèrement, faisant rempart devant le corps de ma sœur.

« ... Non, ce n’est pas mon cas. Je ne m’abaisse pas à ce genre de pratique. Je survis autrement. »

« Autrement...? »

« Oui, mais je ne pense pas que cela t’intéresse. »

J’observe sa silhouette grande et élancée devant la porte.

« Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je dois te laisser, j’ai du travail. Adresse-toi à Ewan si tu as besoin de quoi que ce soit. Je t’autorise à demeurer ici jusqu’au rétablissement de ta sœur. »

Sur ces mots, il sort définitivement de la pièce avant que je ne puisse dire quoi que ce soit.
Ma gorge est sèche, respirer m’est difficile.
Le Comte est un vampire… je m’en doutais depuis hier...
Serait-ce lui que le professeur Helsing recherche depuis si longtemps ?
Il n’est pas celui qui a attaqué ma sœur, c’est certain, mais rien ne prouve qu’il n‘a pas commis les autres meurtres…

Non, je dois me calmer ! Rien ne prouve que ces filles soient mortes d’une attaque de vampire…
Je ne connais rien à ce folklore diabolique et magique…
Quoi qu’il en soit, le plus important c’est que ma sœur soit hors de danger.
Je m’assois sur le lit dans lequel elle est allongée et lui caresse la joue tout en lui murmurant quelques mots.
Après de longues minutes, je sors de la pièce pour rejoindre ma chambre, enfin, celle qui m’a été attribuée.
J’ouvre les rideaux pour laisser entrer la lumière du jour.
Je remarque que l’eau de la bassine à ablutions a été changée, elle est tiède et propre.

Sur mon lit se trouvent également une robe de rechange et l’ours en peluche de Marie…
Est-ce qu’Ewan est allé chercher tout ça chez moi ?
Je m’étonne d’ailleurs de ne pas l’avoir encore vu.
Mes souvenirs me reviennent lentement et une chaleur étrange m’envahit quand je repense à son baiser.
Je passe une main dans mon cou et me regarde dans le miroir. Je suis rouge pivoine…

Je décide de faire ma toilette avant de trouver Ewan et lui tirer les vers du nez cette fois.
Je défais le haut de ma robe et commence à nettoyer ma peau avec une serviette posée sur le meuble.Soudain, la porte s’ouvre sans que personne n’ait toqué.

Voilà le jeune garçon qui entre, un plateau en main, avec tout le nécessaire pour prendre un bon thé.

« Bonjour Princesse, je vous ai apporté… »

« Aaaaaah ! »

Le jeune homme se fige l’espace d’un instant en m’entendant hurler.
Je serre les mains sur ma poitrine tandis qu’il rougit avant de sourire.

« Ha ha ha, navré, hum… Je n’avais plus de mains pour toquer ? »

« Tu aurais pu appeler enfin ! Et comment as-tu fait pour ouvrir la porte alors ? ! »

« Ha ha, ne vous énervez pas, je ne recommencerai plus ! »

« J’ai du mal à te croire ! »

Je rétorque en souriant alors qu’il feint d’être vexé par ma réponse.

« Vous osez douter de ma parole ? Je suis pourtant un homme d’honneur ! »

Je le fixe avec des yeux embarrassés quand le sourire sans gêne qui illuminait son visage se tord dans une grimace.
Il lâche le plateau subitement.
La tasse et la théière éclatent toutes les deux au sol dans une cacophonie stridente.
C’est à mon tour de me figer.