jamais sans mari

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Je n’ai pas envie d’entendre son histoire. Je veux juste retourner auprès de ma sœur, je veux être à ses côtés.

« Et bien, les deux traces de crocs dans le cou sont… »

« ...une preuve tangible ? Vraiment ? »

« Les vampires sont des créatures ayant conclu un pacte avec le Diable en échange de pouvoirs surhumains.Ils peuvent voler, contrôler des animaux, agir sur la nature… On les reconnaît grâce à leurs canines pointues et ils se nourrissent du sang d’humains. »

Je déglutis en écoutant le professeur. Ça paraît tellement absurde…Pourtant, Marie a bien deux traces de crocs dans son cou et… elle est pâle comme si elle faisait une anémie.Je ne sais plus quoi penser et rester ici à me tourmenter me rend folle.Je regarde la fumée émanant de ma tasse s’élever doucement dans l’air en silence.Je suis perdue...

« Qu’allez-vous faire à présent ? »

Je lève les yeux vers le professeur qui est en train de feuilleter un vieux carnet.

« Je ne sais pas... Si Marie meurt... je... »

« Vous devriez peut-être vous réfugier chez un parent. »

« ... Nous avons une tante à l’orée de la forêt... »

Le professeur tapote du doigt sur la table, semblant réfléchir et tourne une page.

« Ce sera toujours ça. Je vous ferai accompagner là-bas demain. »

« Comment...? ! Hors de question ! Et Marie ? ! »

Je pose brusquement la tasse sur la table en bois de chêne.

« ... Il ne vaut mieux pas déplacer votre sœur. Je veillerai sur elle ici. »

« Alors je reste aussi ! Et je vous aiderai ! »

Le professeur hausse les sourcils et ferme son ouvrage d’un geste sec.

« M’aider ? Avez-vous des connaissances en médecine ? »

« Euh, je... non... »

« Un diplôme de science peut-être ? »

Je serre les dents en le fixant d’un œil noir... je n’aime pas que l’on me rabaisse de la sorte...Je considère Helsing d’un œil vexé alors qu’il soupire.

« ... »

« Vous ne me seriez d’aucune utilité, je préfère vous savoir en sécurité. »

« Vous m’avez demandé ce que je voulais faire... »

J’empoigne fermement ma tasse encore chaude, sentant la chaleur se répandre dans mes paumes.

« Je veux vous aider à attraper le coupable ! Je viens de le décider ! »

« ... »

« Qu’il soit un vampire ou non, il a attaqué ma sœur et tué Angélique, je lui ferai payer ! »

Le professeur se terre dans le silence et tourne les yeux vers la fenêtre pour fixer un point lointain dans le ciel nocturne.

« Vous devriez me comprendre ! Vous aussi votre sœur... »

« Arrêtez, taisez-vous. »

Un hoquet de culpabilité me coupe la parole quand je remarque une profonde tristesse emplir son regard.Je baisse les yeux de frustration.

« J’apprécie votre courage et votre détermination soudaine.
Mais c’est hors de question. Je ne veux pas prendre cette responsabilité. »

« Avec ou sans vous, je retrouverai le coupable. »

« Vous vous mettriez en danger ! Ce criminel s’en prend aux jeunes filles comme vous et votre sœur ! »

« Et bien justement, je peux servir d’appât ! »

« Vous êtes folle, n’y pensez pas ! »

« Je fais bien ce que je veux de ma vie ! »

« Lucy ! ! »

Je me lève d’un bond et regagne la chambre où se trouve ma sœur.Je referme la porte derrière moi. Mon cœur bat à cent à l’heure, je n’arrive pas à réfléchir correctement.Je lève les yeux vers le corps inanimé de Marie et m’avance doucement.J’ai l’impression que chaque pas me rapprochant d’elle m’éloigne davantage.Je tombe à genoux à ses côtés et caresse doucement son visage paisible en hoquetant.

« Marie… Ma petite Marie… »

J’enfouis ma tête dans les draps en serrant mon poing, mes ongles se plantant dans ma chair.Je me fais également du souci pour Ewan qui est parti à la poursuite du criminel…
Je n’aurais pas dû suivre Helsing, j’aurais dû attendre qu’il revienne, j’aurais dû…Je déglutis et chasse vite les remords de mon esprit.

Je glisse mes doigts dans la main de ma sœur et commence à somnoler.Mes paupières sont lourdes et se ferment, m’emportant au pays des songes.Je sens un vent froid fouetter ma joue humide.J’ouvre lentement les yeux. Ma sœur n’a pas bougé d’un cil…Je remarque que mes épaules sont enveloppées d’une couverture en laine bien chaude.Je la retire et préfère en recouvrir ma sœur.

« Est-ce que le professeur… ? »

Soudain, je tourne la tête sur le côté et tombe à la renverse en voyant une ombre assise sur le rebord de la fenêtre.Les rideaux claquent sous une bourrasque et ma respiration s’accélère. Qui est-ce ?

La princesse Et La Rose Où les histoires vivent. Découvrez maintenant