au périls de ma vie

286 16 0
                                    

Mateus me tient fermement dans le vide et se tourne vers Ewan.

« Penses-tu pouvoir la sauver cette fois ? »

Le jeune homme serre les dents et une aura noire se met à flotter autour de lui.Des ombres ondulent en cercle dans son périmètre.Ses beaux yeux ambrés se teintent de rouge.

« Ne rentre pas dans son jeu ! Il essaie de te provoquer ! »

Seulement, ma voix ne semble plus atteindre le jeune garçon.Son corps se cambre en avant dans une posture peu naturelle.
Le souffle me manque pour décrire ce que je vois. Que lui arrive-t-il… ?
Je sens alors le couteau d’argent que m’a donné le professeur glisser de sa cachette.Je m’en saisis aussitôt et le plante dans le bras de Mateus.
L’homme hurle de douleur.

« Sale petite garce ! ! »

Dans un réflexe, il me jette de toutes ses forces dans le vide, en direction du mur de l’église.

« AH ! »

« Lucy! ! »

« Lucy! »

La voix d’Ewan mêlée à celle du Comte résonne dans le soir.Mateus affiche une expression satisfaite en me voyant chuter.
Je me souviens avoir vu Ewan bondir dans ma direction, les bras tendus vers moi.Il me saisit contre lui avant que je ne sois engloutie par les ténèbres de l’inconscience.

J’ai mal. Mes os craquent lorsque j’essaie de me mouvoir.Je me cambre difficilement en avant pour me redresser.
Lorsque j’ouvre les yeux, je vois un trou béant dans le mur de l’église.
Des pierres s’effritent et chutent au sol.
Le son provoqué lorsqu’elles rencontrent le sol résonne dans le hall en un écho lointain.
Que s’est-il passé ? Pourquoi ne suis-je pas morte…?
Mon corps se fige un court instant et je me retourne.Je vois Ewan, allongé au sol, son visage caché par ses mèches blondes et du sang s’écoule de ses lèvres fines.Il a amorti ma chute…? !

Derrière lui, de nombreux bancs ont volé en éclats et le sol s’est encastré sur lui-même.Mon corps tremble…
J’approche doucement les mains de son visage.

« Ewan…. ? »

Je prends sa tête entre mes mains.Du sang dégouline de son front et sa bouche est légèrement entrouverte, tordue de douleur.

« Ewan ! EWAN ! ! »

Je le secoue mais aucune réponse de sa part.
Des larmes perlent le long de mes joues et éclatent sur son visage inanimé.

« Non… Pas toi… Pitié... ! »

Je laisse ma tête tomber contre lui.

« Je ne peux pas te perdre aussi…! Ewan ! »

Soudain, je sens une main se perdre dans mes cheveux.

« ... Vous n’avez rien… ? »

« Ewan ! »

Je me redresse subitement en entendant sa voix.Il me sourit d’un air fatigué.

« Je vous ai dit… que je serais toujours là si vous aviez besoin de moi… »

« Oui… C’est vrai… »

Je me jette contre lui, ignorant son grognement de douleur et le serre contre moi.
Ou peut-être était-ce l’inverse.

« J’ai eu peur… tellement peur… »

« Tout va bien… »

Il me caresse le dos gentiment en me murmurant des mots rassurants.Il essaie de se relever en poussant quelques gémissements de douleur.Je m’écarte de lui et essuie le sang qui coule sur son visage du revers de la manche.
Il fait craquer son cou et je remarque avec stupeur que son épaule est déboitée.

« Ewan ! Ton épaule… ! »

« Oh, ce n’est rien. »

Il saisit celle-ci de sa main libre et d’un coup sec, la remet en place en mordant sa lèvre.
Je porte les mains à ma bouche devant son geste.
Il inspire et expire profondément quand soudain, il me bascule sur le côté pour me passer sous lui.
Il dévie quelque chose de la main.
Je vois glisser alors la petite dague que le professeur m’avait confiée.Ewan se retourne, le regard noir alors que je récupère mon bien.J’aperçois Mateus qui se tient appuyé nonchalamment contre le mur à moitié démoli.
La lune brille dans son dos. Il sourit narquoisement.

« Il me semble qu’elle ait oublié ça. »

Je baisse les yeux et vois du sang s’écouler de son bras droit.Le coup que je lui ai porté semble faire effet.
Son hémorragie ne s’arrête pas…

« Où est le Comte ? ! »

« Je crois qu’il “s’entretient” avec un certain... Van Helsing ? »

Ewan peste en entendant ces mots et Mateus se met à rire.Ewan se redresse sur ses jambes en titubant légèrement.

« ... Laisse-la en paix. »

« Ha ha ha ha ! ! La laisser en paix ? Maintenant que je sais qui elle est ? »

Mes poumons se contractent. Qui je suis ?

La princesse Et La Rose Where stories live. Discover now