un visiteur surprise

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Je suis cachée derrière Ewan dans une rue sombre.Nous avons trouvé le corps d’une pauvre demoiselle attaquée par le meurtrier en cavale et n’avons rien pu faire pour elle.
Je suis pétrifiée dans le dos du jeune homme alors que des talons claquent dans la rue en face.Une horde de villageois armée de fourches, de haches ou encore de couteaux défile sous nos yeux.
La lumière chaude des torches éclaire leurs visages déformés par la colère et la peur.

Je remarque en tête de cortège le professeur Helsing qui hurle des indications à ses suiveurs.J’agrippe la veste d’Ewan et pose mon front dans son dos.

« Que puis-je faire… ? »

« … »

« Si seulement je pouvais arrêter ce massacre… »

« Vous n’y pouvez rien, vous ne feriez que vous mettre en danger inutilement. Je ne peux pas le permettre. »

Je relève les yeux humides vers le jeune homme qui essuie une larme d’un revers de la main.Je joins les paumes dans un signe de prière, accablée par la tristesse.

« Venez, rentrons. Ce n’est certainement pas votre Dieu qui va vous protéger de ce meurtrier… »

Il me prend par les épaules et m’entraîne dans la rue sombre pour me raccompagner chez moi.
Allongée dans mon lit, je fixe le plafond, le regard se perdant dans le vide.

« Quand la populace est effrayée, il faut tout de suite trouver un coupable.  C’est plus facile de faire porter le chapeau à une entité surnaturelle plutôt que d’affronter la réalité. »

Ses paroles ne cessent de résonner en moi comme les cloches de l’église sonnant à présent six heures du matin.Je ne sais rien d’Ewan, mais ce qui me paraît certain...
C'est qu'il ne doit pas être si jeune qu'il en a l'air, pour parler ainsi.
Je me retourne dans les couvertures en soupirant.Le jour se lève, encore et toujours, mais les ténèbres reviendront elles aussi.

La nuit vient de tomber.
J’épluche les pommes de terre en sifflotant un air qui me passe par la tête.
Ce soir, je suis seule à la maison. Marie est allée travailler à la taverne et rentrera très tard.
Le moment venu, j’irai la chercher à la fin de son service.Je plonge les pommes de terre avec les morceaux de potiron dans une cuve d’eau que j’accroche au-dessus du feu.

Je laisse le tout bouillir et m’apprête à couper les poireaux en rondelles fines quand j’entends toquer à la porte.
Laissant mon ouvrage, je vais ouvrir et vois le visage d’Ewan se dessiner dans l’entrebâillement de la porte.

« Bonsoir, Lucy . »

« Ewan ! Que fais-tu ici ? »

J’ouvre en grand et remarque qu’il fait la moue.

« Vous ne m’avez pas prévenu que vous étiez de repos ce soir… Quand j’ai vu votre sœur, elle m’a dit que vous étiez seule à la maison alors…
Je me suis dit que je pourrais vous tenir compagnie ? »

ll me présente un petit bouquet de fleurs des champs sûrement ramassé en bord de chemin.
Je souris et prends son cadeau tout en le laissant entrer.Il s’incline légèrement et passe à côté de moi pour tourner sur lui-même avant d’observer le salon.
Il examine chaque objet, chaque meuble, comme s’il découvrait pour la première fois ce genre d’intérieur.

Je m’approche de lui tandis qu’il prend dans ses mains un ours en peluche usé, posé sur une chaise.

« C’est ma mère qui l’a fait pour la naissance de Marie. Elle y tient beaucoup. »

« Il est mignon. »

Il le repose délicatement à son emplacement d’origine et continue de balayer la pièce d’un regard curieux.
Le jeune garçon continue de balayer notre petite maison du regard en souriant.

« Cette maison est remplie de souvenirs… »

Je baisse les yeux et acquiesce à ses dires.

La princesse Et La Rose Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin