Chapitre 05.1 - L'attaque

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Elle avait du mal à ouvrir les yeux. Et surtout, comment cela se faisait-il qu'elle avait aussi mal à la tête ? Elle pouvait cependant sentir le froid, (du sol ?), sur sa tête et ses fesses. Elle était donc allongée par terre. Pourquoi ? Pourquoi on la réveillait ? Elle était bien, endormie... Elle sentait un truc désagréable mais qui semblait l'éveiller. Elle put enfin ouvrir les yeux. Tout tournait autour d'elle. Elle avait reconnu la voix d'Ally, qui était à priori penchée sur elle. Elle les referma, priant pour que ça arrête les vertiges. Ce fut pire. Alors, elle rouvrit et tenta de se souvenir ce qu'elle faisait là.

Tout avait commencé lorsque Ally était venue la chercher, dans l'après-midi. Chloé n'avait pas spécialement envie d'y aller, au final. Elle avait rendu visite à sa mère à l'hôpital, la veille et les médecins s'étaient montrés très réservés sur son sort. L'ambiance était du coup très pesante à la maison. Elle ignorait aussi si elle devait parler avec son père de la vingt-cinquième rune. Dans le doute, pour le moment, elle s'était abstenue. Elle s'était renfermée sur elle-même, et son père, imaginant qu'il y avait un lien avec sa mère, n'insistait pas.

Une fois les devoirs du soir terminés, elle sortait voir son père mais évitait soigneusement le sujet de sa mère. Lorsqu'il évoqua Nathan, Chloé esquiva la question en parlant de sa sortie du lendemain. Mais le père de famille n'était pas dupe.

Si bien qu'à l'arrivée d'Ally, près de deux heures avant, la jeune femme n'était pas habillée. Enfin, si, mais toujours de son pyjama.

– T'abuses ! Je pensais que tu allais attaquer, aujourd'hui, non ?

– Oui, je suppose...

– Wahou, tellement d'enthousiasme, je me sens transportée Allez, ça suffit, aujourd'hui, c'est ton jour. Si tu fais pas de bêtises, il tombera dans tes bras. Ou le contraire. Vous vous arrangez quoi. Mais pour ça, faut s'habiller.

A moitié convaincue, elle obtempéra. Si sa meilleure amie n'était pas passée la chercher, elle aurait simplement oublié d'y aller. Ally lui choisit sa tenue puis descendit dans la cuisine pendant que Chloé l'enfilait. Arrivée à son tour en bas, elle tomba sur Ally qui discutait avec son père. Elle embrassa son paternel et fila.

Parties tard, elles furent les dernières du groupe à arriver. Le concert avait lieu en plein et bénéficiait d'un redoux bienvenu. Une des places de la cité accueillait l'événement. La scène était encore vide. La petite place était comble. Le groupe était certes connu mais elles en furent étonnées.

Et ce fut tout. Après, plus rien, jusqu'à cette odeur étrange. Comme si son cerveau s'était éteint. Avant de repartir. Elle comprit qu'elle était allongée sur le sol, priant pour ne pas avoir l'air trop cruche. Sa vision redevenait nette petit à petit. Elle vit un policier à ses côtés, le reste de ses amis formant un cercle autour d'elle. Un homme était à genoux devant elle. Chloé tenta de sourire pour les rassurer.

– Je pense que ça devrait aller ! Je crois qu'elle a la tête dure. Vous, jeune homme, aidez-moi à l'asseoir. Doucement. Parfait. J'ai vu un léger saignement au-dessus de l'oreille... oui, juste là. Je vais mettre un pansement et un bandage. Non, pas de refus, c'est moi le médecin.

Chloé s'apprêtait à protester mais ne s'en sentit pas la force. Elle laissa donc l'homme faire. Elle se releva, avec l'aide de Peter et le médecin lui donna les consignes : repos et médication légère. Il lui donna en effet quelques herbes à faire infuser en rentrant. Il l'autorisa à rester, parce que Chloé prit un air désespéré quand il évoqua le fait de la faire raccompagner chez elle, mais lui fit promettre de rentrer en cas de complications. Elle accepta et le remercia alors qu'il partait.

Car si elle ne voulait pas venir au départ, maintenant, elle ne voulait plus en partir. Elle époussetait son pantalon et sa veste lorsqu'elle fut prise de vertige. Nathan, qui la surveillait de près, fut le plus prompt à glisser le bras autour de sa taille pour la stabiliser. Elle fit de même et Ally, qui avait esquissé un geste pour l'aider se trouva en pleine discussion avec l'agent et son petit-ami. Chloé n'osait pas regarder son ami, et aucun des deux ne se dégagea une fois son regard plus stable.

– Il s'est passé quoi ?

– Un individu t'a agressé. Il t'a assommé avec un bâton au moment où le groupe entrait sur scène. Avec le bruit, on s'est rendu compte de rien, et c'est Ally qui s'en est aperçue en se retournant. Elle a crié et on est intervenus. Il était en train de te faire les poches.

Elle fouilla à son tour mais ni ses clés ni son argent ne manquaient à l'appel.

– Et je suis resté combien de temps dans les vapes ?

– A peine quelques minutes. Le groupe a même interrompu son entrée pour toi !

– Le début de la célébrité !

– Sinon, ça va ? Tu te sens mieux ?

Oui, Chloé se sentait mieux déjà. Elle sentait la chaleur lui monter aux joues, ce qui était bon signe.

– Un peu vaseuse, mentit-elle. Et mal au crâne. Mais je suppose que c'est normal.

L'agent vint alors la voir et après l'avoir salué, il déclara :

– Mademoiselle, sachez que nous avons pris en chasse votre agresseur. Avez-vous constaté la disparition d'effets personnels ? Non. Très bien. Voter amie m'a donné vos coordonnées. J'aimerai que vous veniez, si possible, demain avec vos parents, ou au moins, l'un deux, afin de préciser les choses. Bonne journée.

L'homme fendit la foule et repartit faire sa ronde.

– De mieux en mieux, murmura-t-elle. Il va falloir que j'en parle à mon père. Profitez-en, c'est la dernière fois que vous sortez avec moi, ronchonna la victime.

– Ça serait dommage, non ?

Les regards s'accrochèrent. Se fixèrent l'un sur l'autre. Joues chaudes. Cœur rapide. Papillons dans le ventre.

Les Chroniques d'ArdisWhere stories live. Discover now