Les Chroniques d'Ardis

Chapitre 10.3 Visions et travail de groupe

— Allez, on arrête de discuter et on m'écoute un peu, bande de garnements !

Un sourire sur le visage démentait cette attaque mais l'effet attendu était atteint : les élèves de la classe de Chloé l'écoutaient.

— Donc, comme prévu, aujourd'hui, nous faisons une sortie au musée d'Histoire Nationale. Chaque classe a une époque à étudier et pour nous, ça sera l'avant-guerre. Vous êtes déjà divisés en groupes. Vous avez tous un compte-rendu à faire. Alors, pas de flemmardise, je veux que nous ayons la meilleure note globale pour faire pâlir de jalousie Mme Engelsson. Au boulot !

Un murmure d'approbation plus tard et le professeur s'éclipsa.

Comme chacun avait pu choisir, la petite bande faisait un peu groupe à part, avec naturel. Cependant, un élève leur avait été affecté, pour faire un nombre paire. Ils l'avaient toujours vu de loin mais ne lui avait jamais parlé. Petit, blond aux yeux bleus, il avait pourtant l'air ravi d'être là. Il s'appelait Loïc mais Chloé feinta son enthousiasme : et si c'était lui ?

Il discutait volontiers avec les autres membres et ne tarda pas à lier complicité avec Emma.

— J'ai un oncle originaire d'Enak, mais ça fait des années que je l'ai pas vu, confia-t-il.

Ravie, Emma lui demanda d'où il était originaire, et les autres décidèrent tacitement de les laisser faire équipe.

Ally de son côté, tournait la tête de gauche et de droite.

— Ah, ça y est, j'ai trouvé ! Le plan. Alors, nous devons aller au premier... troisième porte à gauche ! En avant mon groupe et suivez bien, je ne veux pas vous perdre !

Même si la jeune rousse semblait ravie de prendre les commandes, Peter leva les yeux au ciel, exaspéré. Cela convenait parfaitement à Chloé qui ne sentait pas la force de protester. Comment pouvait-telle avoir suffisamment d'énergie alors que son père les avait levés bien avant le lever du soleil pour une dernière leçon ?

Comme c'était la nouvelle Lune, il en avait profité pour leur montrer les constellations, dévoilant chaque Rune du Futhark qui s'y cachait.

— Vous devrez apprendre leur cycle d'apparition et de présence afin d'optimiser leur utilisation. Si vous usez d'Isa en temps normal, vous pourrez figer quelqu'un. Si vous vous mettez en relation avec la constellation, vous risquez de faire plus que de le figer...

Attentive, comme toujours, Chloé luttait juste pour garder les yeux ouverts. Une fois rentrés, il sortit d'un placard un énorme livre dans lequel il y avait une copie de tout ce qu'il y venait de dire. Il était très épais.

— Trente ans de connaissances accumulées. Je ne le sors pas tous les jours !

— Mince, avec Elena, on a pourtant retourné toute la maison, ce placard compris...

— Je sais. Je l'ai protégé un simple sort de dissimulation et un sort de détournement pour que ni toi ni ta sœur ne mettiez la main dessus.

— Il faudrait que tu me montres ce tour-là !

— Tu as des choses à me cacher, ma chérie ?

La concernée chercha à se donner une contenance. Peine perdue.

— Nous y voilà.

L'arche devant eux était très explicite « Période d'Avant-Guerre : Histoire, Culture, Economie et Sociologie. » Le groupe entra. La salle était vaste. A leur droite, Chloé remarqua bibliothèque et exposition de peintures, à leur gauche, sculptures et tables de travail.

— Bon, reprit Ally, on y est, cette fois ! Chloé, Nathan, vous cherchez les livres sur la mode de l'époque. Avec Peter, on va voir si on trouve des choses sur la condition féminine dans la société de l'époque. Emma, Loïc, concentrez-vous sur la place des femmes chez les Runiens. Top départ, on se retrouve dans deux heures pour la synthèse !

Tout sourire, le groupe se dispersa. Chloé lui lança un « A vos ordres chef ! » à Ally, qui lui retourna un regard noir, tout en gardant son sourire. Ce qui était totalement ridicule.

Nathan s'était déjà mis à l'ouvrage, cherchant par titre ce qui pourrait les intéresser.

— Tu trouves pas qu'elle a un petit air autoritaire, parfois ?

— J'vous entends, tous les deux ! Au boulot au lieu de roucouler !

Ils pouffèrent de concert et se mirent au travail. Elle se sentait bien, tellement bien, la complicité qu'il y avait entre eux était... fabuleuse ! Dès que leurs corps se frôlaient ou que les mains se touchaient, son cœur faisait un bond. Elle se surprenait à sourire bêtement.

Lorsque soudain, le silence le plus absolu tomba dans la pièce. Chloé leva la tête de son livre et un noir tout aussi absolu tomba. Par réflexe, elle prit la main de son petit-ami à côté de lui, en quête de réconfort. Elle trouva la main et la serra avec force.

Il y eu alors un flash terrible. Elle qui regardait devant elle vit alors un visage de cauchemar apparaître.