Les Chroniques d'Ardis

Chapitre 12.4 L'île de Freya

Elle était de nouveau dans le salon sauf que ses amis la regardaient avec des yeux ronds.

— Qu'est-ce que... ?

Elle baissa les yeux et s'aperçut qu'en plus d'être revenue, elle portait toujours la robe que Freya lui avait offert.

— Oh par les dieux... Euh, Hum... Je... PAPAAAA !!

Totalement paniquée, elle gardait les livres contre elle, maigre protection contre les regards admiratifs de ses amis.

— Oui ? qu'est-ce qu'il y a ma... ?

Il s'arrêta en la regardant. Elle sentit qu'il cherchait à comprendre et elle se repassa tout ce qu'elle venait de vivre, en espérant qu'il lirait dans son esprit, cette fois. Une demie seconde plus tard, il hocha la tête.

— Chloé, tu viens avec moi. Vous nous excuserez, j'ai deux mots à dire à ma fille sur sa... tenue.

Trop perturbés, les autres restèrent bouche bée. Jusqu'à ce qu'Ally parle et la mette encore plus dans l'embarras.

— Tu sais que tu es divinement belle dans cette tenue ?

Tout le monde approuva, particulièrement Nathan, ce qui provoqua chez elle une vague de satisfaction. Elle la remercia et quitta les lieux. Jorg accompagna sa fille dans sa chambre et ferma la porte, s'assurant que personne ne les avait suivi.

— Freya nous devait une faveur, assura alors son père. Il semblerait qu'elle s'en soit acquittée aujourd'hui.

— Une déesse vous devait une faveur ?

— C'est une très longue histoire. Je te raconterai un autre jour. Il faut que nous trouvions quelque chose à dire à tes amis dans le salon. Mais commence par te changer, s'il te plaît.

Ses affaires originelles étaient dans le placard, rangées, propres. Elle se changea et rangea avec soin le cadeau de Freya. Cela lui resservirait peut-être un jour. En passant devant le miroir, elle se vit maquillée et coiffée avec soin. Elle prit donc grand soin de ne pas défaire ce qui, en temps normal, prenait plusieurs heures à faire.

— Et si je leur disais la vérité ? Pas toute la vérité, mais juste une partie ? Je leur dis que c'est une sorte de cadeau divin. Et que c'est lié à une sorte de pacte secret.

— Ce qui est le cas.

— Oui.

— Mais tu dois leur faire jurer le secret absolu sur tout ça.

— Je devrais pouvoir arranger ça, confirma-t-elle avec le sourire. Euh, papa, tu t'es battu lors de ton aventure pour Freya ?

Son père esquiva et jura de tout lui raconter... une autre fois. Et il la renvoya vers ses amis.

Chloé leur servit l'histoire concoctée avec son père et esquiva les questions. Mais ils n'en prirent pas ombrage. Le soir approcha et elle sentit l'heure du départ approcher. Son cœur se serra et s'approcha de Nathan. Comprenant qu'elle avait besoin d'un peu de réconfort, il la laissa serrer contre lui.

— Tu sais, glissa-t-il à son oreille, Ally avait raison. Tu étais encore plus belle que d'habitude, dans cette robe.

— Merci, c'est mignon... Mais d'après ce qu'on m'a dit, tu en as plus vu dans la forêt. C'est vrai ?

Il hésita un instant et acquiesça.

— Oui, même si Ally a été très rapide ! Je suis désolé si ça te gêne... Mais je ne peux pas te dire que je regrette.

— Oui, ça me gêne, mais on peut pas y faire grand-chose, dit-elle avec fatalisme. Mais ça passera. C'est juste trop récent pour que je fasse comme s'il ne s'était rien passé.

— Tu sais, lorsque je pense à toi, je pense à toi en cours, lors de nos sorties, pas de toi allongée toute nue dans l'herbe... Bon, d'accord, ça arrive, je suis un mec, hein ! Mais c'est pas souvent. Ce que je veux te dire, c'est que je... tu me plais, quel que soit ta tenue.

— Tu ne t'en sors pas mal, dit-elle. T'es sûr que je suis la première avec qui tu sors ? Parce que t'assure quand même pas mal !

— Je suis naturellement doué, ne t'en fais pas. Mais ne sors pas comme ça, j'ai pas envie que d'autres te remarquent et essaie de te voler à moi.

Elle faisait des efforts surhumains pour ne pas laisser son cœur s'emballer mais cette fois, elle s'enfouit le visage entre ses mains, terriblement mal à l'aise. Même si le reste du groupe n'avait pas entendu la teneur de la discussion, ils se mirent à rire devant l'embarras de la jeune femme.

— Bon, acheva Ally Il faut qu'on y aille, nous. On n'est pas d'ici. Merci Monsieur Erinsson de nous avoir accueilli aujourd'hui !

— Tu penses Ally, tu es toujours la bienvenue. N'oublie pas demain soir, tes cours de soutien en maths.

— Sans problème, je serai à l'heure.

Ils sortirent. Chloé avait mis sa veste, et les accompagna jusqu'au bord de la propriété, sans oser en franchir la barrière. Maintenant qu'elle en était consciente, elle ressentait la magie émaner du sol. Elle quémanda un dernier baiser pendant que les autres attendaient patiemment plus loin.

Emma laissa échapper un cri étranglé qui les coupa dans leur étreinte : sa camarade était entourée de trois personnes vêtues de capes blanches. La coïncidence était trop troublante pour en être une : il s'agissait de sorcier wyrdans.