Les Chroniques d'Ardis

Chapitre 20 - Collusion Jumélaire

— Au moins, quand il s'agit de te faire remarquer, tu sais y faire, ironisa son père lorsqu'elle ouvrit les yeux.

Elle était dans son lit, confortablement allongée. Son père était assis dans un fauteuil qui se trouvait d'ordinaire dans la chambre de ses parents. Il semblait très fatigué.

— Il s'est passé quoi ?

— Tu t'es évanouie. Enfin, vous vous êtes évanouis tous les deux. Vous avez été foudroyés.

— Tu plaisantes ?

— Jamais, lorsqu'il s'agit de ta santé, ma chérie. J'ignore la raison, mais c'est un fait. Tu me racontes ce qu'il s'est passé ?

Chloé ferma son esprit et débuta son récit, en éludant soigneusement le contenu de leur discussion. Juste le contact entre leurs mains.

—C'est une Collusion Jumélaire, conclut-il, après un silence méditatif.

— A tes souhaits.

— Excuse-moi. Cela arrive parfois, quand il y a un déséquilibre très important entre deux personnes, ça se produit. Ce n'est pas toujours la foudre, parfois, c'est aussi un tremblement de terre. Ou un raz-de-marée.

— Je suis désolée, papa, mais je comprends rien à ce que tu me racontes.

— Ce qu'il te faut savoir, c'est que vos énergies sont complémentaires.

— Donc, si on se touche dans un couloir, par exemple, ça risque de se reproduire ?

— Non, Ce sont des années d'accumulation qui font que la manifestation du déséquilibre était aussi puissante. Au pire, il y aura une petite étincelle statique. Si ça arrive par accident.

— Mais... On s'est déjà touchés, je veux dire...

— J'ai saisi, ne t'en fais pas. La possession a bloqué ce déséquilibre. Donc, je le répète, aucun risque si ça arrive par accident.

— Et sans accident ?

— Bien plus de risques. Mais vous apprendrez à vivre avec, n'est-ce pas ?

Le silence buté de sa fille en disait long sur ce qu'elle pensait.

— Je sais que tu n'es pas d'accord avec moi. Que tu préfères tout laisser derrière toi. Mais après coup, il valait mieux que ça arrive à la maison plutôt qu'en cours.

Chloé leva les yeux au ciel : justifier une idée à lui par une bonne action. C'était vraiment une façon de faire bien à lui.

— D'accord. On va pas tourner autour du pot pendant trois jours et puisque je n'ai pas mon mot à dire : pourquoi tu as fait venir Nathan ? Ce n'est pas pour que je finisse dans son lit de toute évidence.

Son père avait l'air vouloir être ailleurs. Et c'était exactement ce que Chloé recherchait. Un juste retour des choses. Elle gardait le regard fixe sur son géniteur. Impossible de se dérober.

— Ce que je t'ai dit est la vérité. Nous avons besoin de lui. Et en plus, je pense qu'il est une cible pour Ekan. Qui ne voudra pas qu'on découvre s'il y a des renseignements dans sa tête. Et surtout, lesquels. Il faut qu'il apprenne à se défendre. Maintenant que nous savons que vous êtes complémentaires, ça prend encore plus de sens.

— Et c'est tout ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Je ne sais pas... que je me confronte à lui par peur que je m'écroule en cours en le croisant par hasard.