ÉTAPE 1

704 62 8
                                    




« On a peur seulement quand on n'est pas d'accord avec soi-même. » - Luis Fernandez.



Sous le point de vue de Harry

Je regardais avec attention chaque plante qui m'entourait, prenant soin de chercher des roses rouges. Florence adorait les roses rouges. C'était devenu une habitude pour lui montrer à quel point elle comptait pour moi. Une sorte de rituel d'amour. Je souriais à la pensée en me mordant la lèvre inférieure. Parce que, ouais, je l'aimais.

Je baladais tranquillement mon regard parmi les hortensias, les lilas, les tulipes et autres de ces merveilles. Il fallait que ce soit parfait. Une petite dame s'approcha de moi, de petites lunettes rondes posée sur son nez pointu, sa queue de cheval se balançant alors qu'elle marchait. Elle me souriait chaleureusement, me souhaitant la bienvenue. J'en déduis qu'elle était la fleuriste du magasin. Je lui souriais en retour, lui expliquant la raison de ma venue. Ses iris bleues s'illuminèrent alors qu'elle m'invita à la suivre, son sourire s'élargissant.

Nous entrâmes dans une autre pièce composée de très grandes vitres en verre au travers lesquelles passaient les rayons du soleil matinal. Mais ce qui attirait le plus mon attention était l'océan de roses rouges devant moi. Il n'y avait que ça, des roses à perte de vue. Je tournais brusquement ma tête vers la bonne femme, m'écriant avec admiration.

— C'est magnifique.

Un petit rire aigu s'échappa des fines lèvres de la petite femme.

— Alors, combien en voulez vous ?

*

Je regarde frénétiquement autour de moi, posant mes mains sur mes genoux. Les murs sont bleus marines, le papier peint se décollant à certains coins. Je me racle la gorge, et passe une main dans mes boucles brunes, sans me rendre compte que mon pieds tape fort contre le sol. Ouais, je stresse. J'ai fuis ce jour pendant longtemps, mais il est finalement arrivé. J'aurais tout simplement pu ne rien faire, et ne pas subir ce supplice. Mais non, j'avais fais une promesse envers moi-même, et je devais m'y tenir.

Au bout de quelques secondes, une jeune femme fait son apparition en ouvrant la porte. Elle pose ses iris chocolats sur moi avant de me donner un léger sourire. Elle ne porte pas forcément de vêtements spéciaux ou de maquillage; non, elle est simple. Elle tient plusieurs pochettes sous son bras gauche et tend sa main droite dans ma direction.

— Monsieur Styles, c'est ça? Je suis Madame Gomez, mais appelez moi Selena.

Son petit sourire est toujours pendu à ses lèvres roses alors que ses yeux regardent directement les miens. J'hésite un instant mais cède avant de serrer sa main, la retirant aussi rapidement pour la reposer sur mon genoux. Le contact physique, c'est pas mon truc. Elle ne semble pas accorder d'importance à mon silence car elle pose ses affaires sur le bureau qui nous sépare, et s'installe sur sa chaise.

Je déglutis alors que le silence résonne encore dans la pièce. Je sais qu'elle essaye de savoir à quoi je pense par sa manière agaçante de scruter tous mes faits et gestes. Je crois que ça ne peut pas être plus gênant, actuellement. Qu'est-ce que je suis sensé faire de toute façon?

—Est-ce que tout va bien ?

Je lève mon sourcil dans sa direction, presque amusé par sa question. Mais je réprime mon sourire en me rappelant la raison de ma venue. Il faut que je reste concentré sur elle pour avancer rapidement et en finir avec ces séances de psychologue ridicules. Tout d'abord, l'honnêteté.

— Non, pas vraiment.

Elle hoche positivement la tête comme si ma réponse était évidente, et approche sa chaise davantage du bureau pour attraper son stylo, les sourcils foncés dans la concentration.

— Sachez que je suis là pour ça. Qu'est-ce qui vous dérange en ce moment même?                 

Je vois bien qu'elle essaye d'être agréable. Sa voix est lente et basse, et son foutu sourire semble lui être une obsession. Je descend mon regard vers ses dossiers éparpillés devant elle, et en aperçois un avec mon nom de famille inscrit dessus. Je trouve ça plutôt déconcertant, je veux dire, chaque patient est comme réduit à un cas. J'ai de moins en moins envie d'être là. En fait, c'est ma présence ici qui me dérange. Ni plus, ni moins.

Toujours aussi persévérante, elle pose son stylo sur le bureau face à mon air renfrogné, et passe ses doigts derrière son oreille, chassant une mèche rebelle.

— Je peux vous aider, faites moi confiance. Dites moi, quel est votre problème, Monsieur Styles?

Je frotte rapidement mes mains contre mon jean skinny noir, tentant de dissipé mon sentiment d'inconfort. Voilà le premier moment difficile que je redoute qui est sur le point de se passer. J'essaye de me rassurer en me disant que je n'ai pas à avoir peur et que cette femme ne me jugera pas. Dire les choses à voix haute les rendent vraies, et il n'y a plus de secret. Je ferme les yeux et passe ma langue sur mes lèvres.

—Je crois que je suis... Je suis philophobe.

Philophobie // h.s.Where stories live. Discover now