ÉTAPE 6

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(rappel: quand c'est en italique, c'est un retour dans le passé)






« La Haine est fille de la Crainte.» - Tertullien






Sous le point de vue de Harry

Un bras me frappe, me faisant grogner et ouvrir les yeux à contre coeur. Automatiquement, une mal de crâne épineux m'asseye la tête et je referme les yeux. Je me masse le front essayant de comprendre ce qu'il se passe. De petits flashs de la soirée dernière se reproduisent devant moi. La musique assourdissante, l'alcool, et une danse endiablé avec une certaine Sophie... Ou Marie, je ne sais plus.

Je rouvre les yeux et vois une brune dormir à plat ventre, les bras et les jambes étendues de parts et d'autres. Nue, bien sur.

Je grogne une nouvelle fois, me dégageant de son emprise, et me soulève grâce à mes avants bras pour attraper le réveil. 14h54.

Je décide de me lever, enfilant mon caleçon et allume la lumière avec les sourcils froncés d'agacement, qui m'éblouit au passage. Je sens que cette journée va encore être merdique. Génial. J'attends impatiemment que la fille commence à se réveiller, mais la lumière n'y fait rien. On dirait qu'elle est morte celle là. On emploie la manière forte.

Je souffle bruyamment et me dirige vers le lit pour prendre un coussin et le lui lancer en pleine figure. Quoi, vous voyez d'autres moyens? Pas moi.

Elle se redresse précipitamment, les yeux plissés à cause la fatigue, du maquillage séché sur le visage. Je note qu'elle est aussi énervé que moi lorsqu'elle me lance un regard transperçant.

T'es sérieux là ? T'as pas aimé cette nuit c'est ça ?

Je lève les yeux au ciel, déjà ennuyé par sa voix de crécelle et ne prend pas la peine de répondre.

Casse toi.

Quoi ?!

Elle s'est maintenant complètement redressé pour se lever de mon lit et me faire face, les bras croisés.

T'as très bien entendu. Prend tes affaires et casse toi.

Son visage devient de plus en plus rouge, et elle s'apprête surement à m'insulter de tous les noms quand je la coupe en lui balançant ses vêtements au visage, une nouvelle fois.

T'es vraiment qu'un...

Ouais, ouais. Tu es sur que c'est ce que tu disais cette nuit ?

Je la toise de haut en bas, avec un sourire dédaigneux. Elle ouvre grand la bouche, son visage changeant de couleur pour pâlir, puis s'habille avec fureur avant d'attraper son sac à main rose.

J'imagine que tu sais déjà où se trouve la sortie ?

Je m'appuie contre le mur, les bras croisés, sans quitter mon sourire fièrement. Elle me fait un doigt, des ses doigts parfaitement manucurés, en prenant soin de me rendre mon faux sourire du mieux qu'elle le pouvait. Elle tourne les talons pour les claquer bruyamment contre le sol et refermer la porte avec colère.

Voilà une bonne chose de faite.

Je me frotte les yeux, en bayant longuement, me dirigeant vers la cuisine. Toutes ces scènes d'hystérie n'avaient plus aucun effet sur moi. Ce n'était pas la première à claquer une porte derrière elle. Je veux dire, y en a même une qui avait essayer de me jeter un vase dessus. Mais je m'en fous, honnêtement.

J'attrape mon paquet de cigarette et mon téléphone inconsciemment et marche vers mon balcon. Mon endroit favori de la maison. C'est là où je me sens le moins oppressé.

La fraicheur de l'automne me claque de plein fouet, mais je n'y prête pas attention en m'affalant que le transat.

C'était la même routine depuis quelques mois maintenant. Coup d'un soir sur coup d'un soir. Migraine sur migraine. Cigarette sur cigarette.

Pourtant, d'habitude je ne fumais que très rarement avec mes amis, pour décompresser. Mais là c'était devenu une addiction.

Je déverrouille mon téléphone pour voir une rafale de messages m'attaquant. Plus précisément, 96 messages, et 64 appels manqués. J'en lis quelque uns.

Zaynou : Salut vieux, t'es passé où ? Tu nous manques.

Nialler : hé Hazz, ça fait plus de 4 mois maintenant. Tu comptes ressuscité ?

Lou : Tu sais que tu peux m'en parler, Harry ?

Je fixe longuement le dernier message avant de les supprimer un par un, avant de tomber sur un message en particulier qui me fend le cœur, comme à chaque fois. C'est un message vocal. Je n'arrivais pas à le supprimer, et le réécoutais à chaque fois que je me sentais minable. C'est à dire, tout le temps.

"Mon chéri ? Oui, c'est moi Maman. Qu'est-ce qui se passe? S'il te plait parle moi. Tu as disparu si soudainement, et je... Je ne comprend pas. Est-ce que je t'ai fais quelque de mal ? Parce que..."

On entend quelques reniflements au bout du fil, puis sa voix reprend un peu plus tremblante.

"Tu me manques, Harry. Je te promets que j'ai essayé de comprendre.. De comprendre pourquoi tu m'en veux autant. Et je.. Je ne trouve pas, et ça me déchire encore plus alors.. S'il te plait.."

Elle prend un longue inspiration, se retenant surement de craquer au téléphone.

"Rappelle moi, parle moi. Viens à la maison. Je t'écouterais, et je te comprendrais du mieux que je le peux. Je peux t'aider. Tu sais que j'ai toujours été là pour toi.."

Elle laisse passer un moment de silence, avant de terminer d'une voix à peine audible.

"Je t'aime de tout mon cœur, j'espère que tu t'en souviens."

Un petit 'bip' coupe sa voix.

Je réprime un hoquet, et essuie haineusement mes larmes sur mes joues. Quel genre de monstre je suis ?

Le nœud dans ma gorge se resserre et je fonds en larmes, lançant mon téléphone contre le mur. Je me déteste. Elle ne mérite pas un fils comme moi.

Les mains légèrement tremblantes, je prend une cigarette du paquet pour la coincer entre mes lèvres et l'allumer. J'inhale rapidement le poison qui me fais fermer les yeux, de nouvelles larmes coulant sur mon visage. Je recrache la fumée.

Faire le vide dans mon esprit était mon premier réflexe dans ces moments là. Tout oublier. Juste le temps de quelques instants. Je me rendais bien compte que tout ce que je faisais depuis tout ce temps était de fuir la réalité. Mais c'était la seule solution qui m'apaisait ne serait-ce qu'un peu. Qui me faisait oublier à quel point j'étais égoïste.

Mais pour combien de temps encore?



(si vous trouvez que l'histoire est un peu plate, ne vous inquiétez pas, c'est le processus de l'histoire que se déroule comme ça, ca va bientôt bouger (: )

Philophobie // h.s.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant