ÉTAPE 3

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« Tu n'as peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi même. C'est la pire de toutes les peurs.» - Yves Thiérault.





Sous le point de vue de Harry


Je suis heureuse que vous soyez de retour, Monsieur Styles.

C'est ma deuxième séance, ce qui est déjà un sacré pas de ma part. Je hoche la tête, jouant avec ma bague.

S'il vous plait, appelez moi Harry. C'est un peu bizzard, j'ai l'impression d'être un vieux.

Un rire s'échappe de sa bouche, et elle croise les bras tout en me regardant.

Alors, Harry, de quoi voulez-vous parler aujourd'hui ?

Je hausse les épaules. Bah, c'est vrai. Je suis sensé lui raconter ma vie, c'est ça? Elle pince ses lèvres, et continue.

La dernière fois, vous aviez parlé d'une certaine peur qui vous tourmente.

Elle sourit doucement, ses yeux bruns cherchant les miens.

Pouvez-vous me parler de votre dernière relation amoureuse ?

Je serre les dents à la mention du mot. Je cligne des yeux plusieurs fois, tentant de stopper mon mal-aise.

Ça s'est terminé il y déjà plus d'un an. Mal terminé.

Elle m'incite à en dire plus avec son regard bienveillant à la noix. Je souffle.

Elle est parti. Je n'ai jamais réellement su pourquoi.

Elle fronce légèrement les sourcil et met sa main sur son menton, pensive.

Pourquoi ne pas lui avoir demandé ?

Je secoue la tête avec ennui.

Vous ne comprenez pas.  Elle a déménagé. Elle répondait plus à mes appels, ni messages. Même ses parents ne me donnaient pas d'explication concrète.

Je laisse mes pensées divaguer vers mes souvenirs douloureux.

Je ne sais pas... Écoutez, j'ai toujours pensé que notre histoire était parfaite. Je pensais qu'on était bien. J'étais bien. Je ne comprendrai jamais. Et je n'ai plus vraiment envie de comprendre.

Elle continue de hocher la tête comme pour elle-même, pendant un temps qui me semble être une éternité puis sépare finalement ses lèvres.

Comment vous sentiez-vous lorsqu'elle est parti ?

Vous me posez sérieusement cette question ?

Je recule instinctivement, presque irrité. Je ne suis pas le genre de gars à étaler mes sentiments. Pas du tout même. N'importe quoi.

Je chercher à comprendre votre situation, Harry.

Attendez, comprendre ma situation ? Vous voulez rire ?

Je la fixe à mon tour, avec un sourire empli de rancœur. Non, c'est une grimace. J'ai presque envie de rire. Comprendre ma situation ? Je me suis fais largué par la femme de ma vie, et maintenant j'ai un foutu trou béant dans ma poitrine qui me ronge un peu plus chaque jour. Mais bien sur, tout ça, je ne le dirais jamais à voix haute. Trop femmelette, à mon gout.

Harry, j'essaye de vous comprendre. Si vous voulez avancer, il va aussi falloir fournir de vos efforts.

Elle ne sourit plus, mais son ton de voix est toujours aussi doux. Des efforts ? Toute cette histoire est déjà un effort. Je souffle bruyamment, cédant à son regard suppliant. Elle a l'air sincère, n'empêche.

Je secoue la tête rapidement et pose brusquement mes coudes sur la table, souriant de défaite.

Alors, qu'est-ce que vous voulez savoir ? Si je suis tombé en dépression après qu'elle m'est lâché ?

...Plus ou moins, en fait.

Je comprend pas trop cette fille. Même quand je suis désagréable, elle trouve un moyen de sourire. Je penche ma chaise en arrière avec le poids de mon dos tout en soupirant.

Au début, j'étais juste en colère.

Pourquoi ?

J'avais de quoi l'être. Je me sentais abandonné. Je m'en prenais à tout le monde.

Je fronce les sourcils, énumérant chaque personne qui avait essayer de m'aider et que j'avais envoyer balader. Maintenant, j'ai juste honte.

C'est à dire ?

Ma mère, ma sœur. Mes potes. Ouais, un peu tout le monde.

Vous les considériez responsables ?

Responsables ? Non. Non, comme je l'ai dis, j'avais juste besoin de taper sur quelque chose.

Elle prend une légère bouffée d'air, avant de noter quelques mots sur mon dossier. Elle relève son regard vers moi.

Combien de temps cela a duré ?

Mon pétage de plomb ? Hm, pas très longtemps. J'ai vite fini par accepter, j'imagine.

Accepter quoi ?

Que c'était forcément ma faute.

Votre faute ?

Là, son visage traduit pure incompréhension. Ses sourcils se froncent davantage alors qu'elle répète.

Comment ça, votre faute ?

Je vivais dans l'illusion, Selena. Je me croyais heureux, alors qu'elle ne l'était pas. C'était.. C'est de ma faute.

Je ne comprend pas pourquoi elle continu à tirer cette tête. Je veux dire, ouais, j'ai mis du temps à l'accepter, mais j'ai finalement réussi. Je la faisait souffrir sans même m'en rendre compte. Et je me suis retrouvé seul. Fin de l'histoire.

Harry... avez vous déjà pensé au pardon ?

Au pardon ?

Elle pose son stylo et croise les doigts, une petite lueur naissant dans ses pupilles.

Dites moi, qu'est-ce que vous vous reprochez ? Qu'est-ce que vous auriez voulu changer ?

J'écarquille les yeux sous son air confident. Je réfléchie longuement, cherchant une réponse correcte. Elle ne me donne pas le temps d'en faire plus et sors une feuille blanche. Elle la pose face à moi accompagnée d'un stylo.

Je vous propose un exercice, Harry. Marquez sur cette feuille toutes les choses qui vous pèse aujourd'hui.

Je regarde le stylo et la feuille plusieurs fois à tour de rôle. Je lève un sourcil vers elle.

Et... à quoi ça sert ?

De nouveau, un petit sourire étire ses lèvres.

Mon étape préférée. Le pardon de soi même.



(Passez voir le trailer de la fiction sur la page "avant de commencer" ;)

Passez voir aussi la fiction CHILE de Ilovetylerdurden )

Philophobie // h.s.Where stories live. Discover now