Chapitre 1 : Comment aurais-je pu ?

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« -C'est ici, Mme Saint-Roméo. »

La commissaire-adjointe désigna la porte brune de son bureau qu'elle ouvrit pour laisser entrer la jeune femme qui l'accompagnait. Cette dernière entra fébrilement dans la petite pièce qu'elle examina d'un rapide coup d'œil. Un petit bureau rempli de dossiers trônait au centre. Les murs étaient vierges de tout papier ou document, si on mettait à part les deux photos qui représentaient la commissaire-adjointe en compagnie de sa fille qui ne devait pas avoir plus de cinq ans. La jeune femme attendit nerveusement devant le bureau, triturant son sac en cuir avec inquiétude. La commissaire-adjointe lui désigna la chaise qui se trouvait en face du bureau et elle s'assit.

« -Je me présente, Sabine Meyer, commissaire-adjointe de la ville de S., dit la femme aux cheveux châtains en tendant une main à celle qui se trouvait en face d'elle.

-Carmen Saint-Roméo, répliqua l'autre d'un ton qui se voulait assuré. J'ai lu votre nom dans les journaux récemment... L'affaire Voltaire... C'était brillant...

-Je vous remercie, Mme Saint-Roméo. La commissaire-adjointe Meyer hésita un instant avant de poursuivre sa phrase, comme si elle cherchait ses mots. Vous... Je voudrai, avant de commencer l'entretien, vous présenter toutes mes condoléances... Je sais que le moment n'est pas propice aux interrogatoires, mais il y a certaines choses que je me dois de vérifier le plus rapidement possible. J'espère que vous comprenez.

-Ou... Oui, naturellement, Mme la commissaire-adjointe, bafouilla Carmen dont la voix tremblait. Je... Je suis encore sous le choc...

-C'est parfaitement normal, Madame, sourit la commissaire-adjointe Meyer d'un air compatissant. J'imagine que la nouvelle est dure à encaisser.

-Philippe, mon Dieu... Philippe... Ce n'est pas possible... »

Carmen porta sa main à sa bouche pour étouffer les cris qui menaçaient de déborder de ses lèvres. Il y a trente minutes, elle avait reçu un coup de fil du commissariat de S., la ville où elle vivait avec son mari, que ce dernier venait d'être retrouvé mort sur son lieu de travail, la bibliothèque municipale. A peine arrivée, Carmen avait dû identifier le corps, avant que la commissaire-adjointe Meyer ne lui annonce non sans délicatesse qu'elle devait la suivre pour répondre à quelques questions, vérifier son alibi, entre autres... Vérifier son alibi... C'était absurde... Comme si, elle, avait pu tuer Philippe...

« -Vous voulez sortir pour boire de l'eau ? Nous ne sommes pas forcées de commencer dès maintenant...

-Non, dit Carmen en respirant profondément. Je préfère qu'on en finisse.

-Bien... »

La commissaire-adjointe Meyer sortit d'un de ses tiroirs un petit enregistreur noir qu'elle alluma et plaça à côté de Carmen. Cette dernière regarda avec méfiance le petit objet, comme s'il allait lui exploser à la figure. La commissaire-adjointe Meyer saisit un stylo et commença l'entretien.

« -Vos prénoms, nom de famille, nom de jeune fille et date de naissance, s'il-vous-plaît, commença-t-elle. Carmen remarqua que toute trace de gentillesse et de compassion avait disparu de son visage, comme si elle s'était soudainement enfermée dans un rôle conventionnel.

-Carmen Marie Angustias Saint-Roméo, née Pérez le 7 avril 1991, récita-t-elle mécaniquement.

-Votre lieu de naissance.

-Séville.

-Votre adresse et votre profession.

-23, rue des Marécages. Et je suis avocate depuis un an.

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