Chapitre 20 : Fleurilèges

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Le réveil fut difficile le lendemain pour Carmen. La lumière filtra dans la chambre et lui piqua les yeux. A ses côtés, Julien était toujours étendu torse nu, la bouche légèrement entrouverte. Carmen chassa l'image de la nuit de noces qui avait trotté dans sa tête toute la nuit. Elle ne voulait plus penser à Philippe. Elle voulait penser à Julien, et à leur avenir.

Elle alla se préparer un café. Tandis qu'il chauffait, elle s'alluma une cigarette et alla ouvrir la fenêtre pour que le salon s'aère. L'air frais qui pénétra dans la pièce lui chatouilla le nez et lui donna la chair de poule. Le mois de novembre qui approchait à grands pas s'annonçait glacial.

La boulangerie qui faisait face à l'immeuble de Julien émettait des effluves de croissants chauds et de pain au chocolat. Carmen récupéra un manteau et mit ses chaussures en hâte pour aller en acheter avant que Julien ne se réveille. Mais, au moment où elle allait franchir le seuil de la porte, son portable sonna.

Agacée, Carmen répondit en hâte :

« -Quoi ?

-Carmen ? Excusez-moi de vous déranger, c'est Sabine. »

Carmen s'adoucit légèrement. Si Sabine appelait de si bonne heure, c'est qu'elle avait des nouvelles à lui donner. Elle mit son portable sur haut-parleur.

« -Qu'est-ce qui se passe ?

-Je viens de finir la perquisition dans l'appartement de Fleur. Je me suis dit que vous aimeriez être informée.

-Bien sûr, répondit Carmen d'un ton avide. Mais le commissaire Bouvardet ne vous avait-il pas interdit de poursuivre l'enquête ?

-Si, mais j'y suis allée quand même. Je n'ai pas besoin de lui pour me procurer un mandat. Je suis dans la légalité, c'est ce qu'il y a de mieux. Et figurez-vous que j'ai trouvé quelques petites choses intéressantes.

-Je vous écoute. »

Carmen s'assit derrière la table de la cuisine. Ses envies de croissants chauds s'étaient volatilisées. Désormais, seul ce que la commissaire-adjointe pouvait lui raconter importait.

« -D'abord, la relation entre Fleur et Martinez. D'après les albums photos que j'ai pu relever, ils se sont mariés le 14 juillet 2002, quand Martinez avait vingt-deux ans et Fleur seulement vingt. Ils se sont rencontrés au lycée du Parc à Lyon. David faisait des études de psychologie à Lyon II et a ouvert son cabinet sur Lyon deux ans plus tard, comme en témoigne une photo. Je suppose qu'il y travaillait toujours le jour où il est mort. Quant à Fleur, - et c'est probablement ce qui les a séparé -, elle ne se plaisait pas à Lyon et a décidé de poursuivre ses études de journaliste dans une plus petite ville, la nôtre. Le résultat est le suivant : en 2005, le couple se sépare, j'ai retrouvé les papiers du divorce et certains chèques non encaissés que Martinez continuait manifestement d'envoyer à Fleur pendant les années qui suivirent, preuve qu'ils sont restés en contact après leur divorce.

'La deuxième chose que j'ai découverte : un dossier papier que Fleur conservait sur ses avancées de l'enquête. Là-dedans, elle a des screenshots photocopiés de conversations récentes avec son ex-mari. Ce dernier lui explique qu'il est de passage à S., pour une urgence. Il lui demande s'ils peuvent se voir, mais elle refuse. Les messages datent d'avril, donc deux semaines avant la mort de Martinez...

'Fleur a flairé l'entourloupe dès que le corps de Martinez a été retrouvé, comme en témoignent les nombreuses coupures de journaux qui relatent le meurtre. On lui a manifestement proposé d'en faire un article, mais elle a refusé. Elle devait probablement être sous le choc. Néanmoins, le meurtre des Andreani, et surtout, le traitement qu'en fait la police, similaire à celui de David, attire son attention. Elle a pris des notes sur une feuille de papier : « David et les Andreani, même conséquence. Police impliquée ? Coïncidence étrange. » Elle fait rapidement le lien avec les deux meurtres et écrit un éditorial sur les Andreani. Pour cela, elle s'est rendue sur les lieux du crime, comme le prouvent les photos qu'elle a prise de l'hôtel et du bois où le corps de François a été retrouvé. Mais elle ne s'est pas arrêtée à cet éditorial, puisqu'elle a également enquêté sur les vies privées des Andreani. Et c'est là que ça devient intéressant.

Dix TatouagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant